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"Une annonce tardive (en juillet de l'année suivante)

Sundby est supposé avoir dépassé par deux fois la dose maximum autorisée de salbutamol, un bronchodilatateur, soit 1600 μg/24H soit 16 bouffées par jour.

Le taux urinaire en cas de contrôle ne peut excéder 1000ng/ml ou 1μg/l.

On ne connaît pas le chiffre chez Sundby. Mais le norvégien perd la première place au classement de la coupe du monde 2015 et sa victoire au Tour de ski.

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La FIS ne bouge pas

Le plus important dans cette histoire, c’est d’apprendre que la FIS avait décidé de ne pas agir, car Sundby dépassait déjà la limite en 2014 lors d’une épreuve de coupe du monde à Davos (13 décembre 2014), et récidivera à Toblach le 8 janvier 2015 lors du Tour de Ski.

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Un règlement pas clair ?

Les médias norvégiens, qui soutiennent le fondeur, parlent d’un règlement pas clair. C’est faux, tout est très clair concernant les bronchodilatateurs même si il faut faire appel à un spécialiste pour éviter de se perdre dans leur législation.

Ce qui n’est pas clair, c’est leur bénéfice éventuel dans la performance. L’AMA nous promet depuis belle lurette des « études complémentaires ».

Pourtant une étude de 2009 (1) réalisée par l’ancien directeur du LNDD de Châtenay-Malabry, Jacques de Ceaurriz, avait montré que si le salbutamol n’augmente que très légèrement la dépense énergétique, celle-ci provient davantage de l’oxydation des graisses que de l’utilisation des glucides.

Le salbutamol augmente aussi le taux de GH (hormone de croissance) à l’effort, mais quelle en est la signification ?

On ne peut donc nier qu’une substance favorisant la combustion des graisses ait bien une efficacité dans les sports d’endurance, sans oublier leur effet anabolisant à forte dose (avec une augmentation des risques de fractures spontanées), leur effet sur la fréquence cardiaque, et leur effet bronchodilatateur.

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L'AMA prend les choses en main

Devant la mansuétude de la FIS, l’AMA a donc du faire appel devant le TAS. Sundby sera suspendu, mais la sanction est symbolique, ce qui prouve que la FIS soutient Sundby.

Celui-ci explique  avoir utilisé le salbutamol en solution pour aérosol pneumatique et pas en flacon pressurisé délivrant 100 μg par bouffée. Le TAS  a maintenu la sanction, car cette voie nécessite une AUT.

Le médecin de l’équipe norvégienne ne savait donc pas qu’il n’y a pas d’équivalence entre les quantités de salbutamol administrées par flacon pressurisé et celles administrées par un appareil aérosol pneumatique, qui délivre la substance bien plus profondément dans les bronches, et augmente les concentrations sanguines.

(suite sous la photo)

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Une sanction trop petite

Il n’empêche que Sundby s’en tire bien (trop bien !). A part sa réputation qui est écorchée, sa suspension de deux mois n’est pas en rapport avec celle imposée au cycliste Diego Ulissi, 9 mois en 2014, pour un taux de salbutamol de 1900 ng/ml lors du Giro.

Rappelons que seuls trois bronchodilatateurs sont autorisés (sans excéder une limite) : le salbutamol, le salmétérol et le formotérol ne nécessitent plus d’AUT depuis 2011.

La terbutaline ne l’est pas et a rapporté à Simon Yates (Orica GreenEdge) 4 mois de suspension suite à une erreur  du médecin de l’équipe lors du dernier Paris-Nice.

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Une pratique qui date

L’annonce de l’utilisation des bronchodilatateurs dans le ski de fond remonte aux JO de 1988 à Calgary. Une étude révéla que 80% des fondeurs étaient asthmatiques, en raison de l’exposition à un air froid et sec, et d’une énorme ventilation (plus de 200 l/ min).

En 2014, la polonaise Justina Kowalczyk accusait sa grande rivale Marit Björgen de bénéficier de leurs avantages.

Et récemment, le quotidien norvégien VG révèle que 69% des fondeurs médaillés olympiques norvégiens prennent de la Ventoline depuis 1992.

En Norvège, l’équipe médicale conseille même aux skieurs de fond d’utiliser la Ventoline, même s’ils ne manifestent aucun signe d’asthme.

Or, on sait que le salbutamol n’a aucune efficacité si la bronchoconstriction est absente. D’autres effets sont surement recherchés.

Robin Duvillard, le fondeur de l’équipe de France, médaillé de bronze au relais 4x10 km à Sotchi, parle d’une blague : « Deux mois de suspension, alors qu’on les voit tous avec leur Ventoline ! ».

Puis en parlant de Sundby : « Je veux bien qu’on me dise que cela n’améliore pas la performance,  mais pourquoi il en est à prendre 8 fois le dose prescrite ? ».

De son côté, Maurice Manificat, le meilleur fondeur français, prend les devants et avoue avoir pris quelques bouffées de salbutamol l'hiver passé."

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(1) Salbutamol intake and substrate oxydation during submaximal exercice. De Ceaurriz et coll. Eur J Appl Physiol, janv 2009, 105 (2): 207-13.

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Pour toute question concernant cet article : m-kz@live.fr

Nous reviendrons sur l'affaire Johaug dans un prochain article.

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Photos : Nordic Focus

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