...

« Avec ce vent, il faut inviter Peyron et Gabart », rigole un concurrent sur la ligne d’arrivée, à Mouthe.

Pas certain que ces deux grands navigateurs viennent un jour sur La Transju’, mais les 2 000 fondeurs au départ, dimanche matin, à la Combe du Lac de Lamoura, ont pu bien en profiter. Avec un fort vent dans le dos, les chronos se sont en effet affolés.

...

Robin Duvillard (team Grenoble Isère), vainqueur en 2h28’41’’.

Un temps record réalisé par le fondeur de l’équipe de France, médaillé de bronze en relais aux Jeux olympiques de 2014 (Sotchi), pour couvrir les 68 km entre Lamoura et Mouthe, parcours originel de l’épreuve.

« Je m’étais préparé pour 3 heures d’effort, analyse Duvillard, déjà sacré en 2017 et qui souhaitait effacer la déception de sa non sélection pour le 50 km des prochains championnats du monde (Seefeld, Autriche, début mars).

Les conditions étaient vraiment parfaites avec ce vent dans le dos et des super pistes. Je suis vraiment heureux d’accrocher une deuxième Transju’. Je n’avais pas prévu de partir seul mais au niveau des Rousses, ça ne se relayait pas trop alors j’y suis allé.

Je taquine souvent les Jurassiens, mais franchement, pour le nordique, ce sont les meilleurs. Quel plaisir de participer à une course comme La Transju’ avec cette ambiance dans les villages.

C’est une chance pour notre discipline. Cette victoire, c’est beaucoup d’émotion. Maintenant, ma carrière est davantage derrière moi et je déciderai au printemps ce que je fais pour la suite. »

 

Deuxième, à plus de 5 minutes, Gérard Agnellet conforte sa place de leader de la Worldloppet, circuit qui rassemble les plus grandes courses de longue distance au monde dont bien évidemment La Transju’.

« Robin était largement le plus fort, reconnait-il. Il a été très impressionnant et a joué avec nous. J’ai malheureusement chuté entre les Rousses et Bois d’Amont ce qui m’a fait perdre le contact.

J’ai même cru que je n’allais pas finir dans le top 20. Mais c’est La Transju’ et je me devais de me battre jusqu’au bout. Alors vu le scénario, je suis content de cette deuxième place. Quant au dossard de leader de la Worldloppet, j’attends encore quelques courses pour voir si j’en fais un objectif de fin de saison. »

Benoit Chauvet, vainqueur en 2011 et 2013, complète le podium.

...

Une première pour Anouk Faivre-Picon

Dans la course féminine, également annoncée comme tête de liste, Anouk Faivre-Picon n’a pas déçu. Comme Robin Duvillard, elle a pu prendre le temps de se laisser passer la cloche du vainqueur autour du cou, quelques mètres avant la ligne d’arrivée

« La Transju’ est connue dans le monde entier et la remporter est génial. C’est une distance dont je n’ai pas l’habitude alors je me méfiais un peu. Quand j’ai eu un petit moment difficile, j’ai pensé à la cloche à l’arrivée et ça m’a motivée encore plus.

J’ai finalement pu savourer cette ambiance dans cette course mythique. Je venais encourager les coureurs quand j’étais petite alors forcément c’est spécial. »

Céline Chopard-Lallier et Alicia Choron, ses deux coéquipières de l’équipe Crédit Agricole Franche-Comté l’accompagnent sur le podium.

...

Thévenard, Grosjean… à l’arrivée

Derrière les spécialistes de ce type d’épreuve, d’autres se sont aussi régalés. Des champions comme Xavier Thévenard, triple vainqueur de l’Ultra Trail du Mont-Blanc, 65e en 2h59’.

« Pour moi, La Transju’, c’est presque une séance d’intensité car mes trails durent souvent vingt heures de plus, rigole-t-il.

La Transju’ est inscrite dans notre culture jurassienne. Je l’ai déjà courue de nombreuses fois. J’avais à la base une formation ski de fond et biathlon mais maintenant, avec la course à pied, je sens que je manque un peu de force dans les montées. »

Champion olympique de combiné nordique en 1992, Fabrice Guy a lui bouclé l’épreuve en 3h21’.

Médaille de finisher aussi pour Vincent Gauthier Manuel, champion paralympique de slalom géant en 2014, arrivé à Mouthe en 4h14, ou encore pour le champion de Formule 1 Romain Grosjean (923e en 4h47).

...

Une journée inoubliable et difficile

Malgré les conditions difficiles pour la deuxième partie des concurrents (pour des raisons de sécurité - rafales de vent rendant la traversée de la forêt du Risoux dangereuse - la course a été neutralisée à 12 heures pour les coureurs n’ayant pas franchi Bois-d’Amont et la Transju’Marathon 48 FT a été annulée),

champions ou anonymes, aucun n’oubliera les passages mythiques de la course.

Le départ à Lamoura bien évidemment, à la Combe du Lac, avec souvent un peu d’angoisse et parfois même de peur mais surtout beaucoup d’impatience et d’envie. Étonnant mélange de sentiments propre aux grands événements, à ceux qui font rêver.

Vient un peu plus tard la montée de l’Opticien, aux Rousses, avec sa haie d’honneur de spectateurs et de supporters, les cris d’encouragement de la famille, des amis.

Un peu plus loin, du côté de Bois d’Amont, la montée du Risoux, le raidillon de la montée de la Célestine près du Pré-Poncet.

Un effort souvent intense mais toujours accompagné par le soutien du public et des 1 000 bénévoles venus consacrer leur temps et leur passion pour permettre aux coureurs d’assouvir la leur.

Les coureurs n’oublieront pas non plus le moment où ils sont passés tout près des tremplins de Chaux-Neuve qui, chaque année, accueillent les meilleurs mondiaux de combiné nordique. Et bien sûr cette ligne d’arrivée à l’entrée de Mouthe.

Derniers mètres de glisse, dernières poussées sur des jambes et des bras soulagés de savoir la délivrance si proche. Mais surtout dernières sensations et dernières émotions d’une journée définitivement pas comme les autres.

Avec déjà en tête, l’idée de revenir l’an prochain.

...

Madame la Ministre des Sports Roxana Maracineanu sur La Transju’

Ancienne championne du monde de natation (200 m dos, en 1998), Roxana Maracineau, Ministre des Sports, a la sensibilité des sportifs.

Venue soutenir l’association « Skier pour Elles » qui œuvre pour la promotion des bienfaits de l’activité physique dans la prévention des cancers et de leur récidive, elle n’a pas manqué de saluer les vainqueurs du jour sur la ligne d’arrivée.

« Je connais l’épreuve depuis longtemps, raconte-t-elle. J’en avais déjà entendu parler quand je m’entraînais à Font-Romeu car c’est une course qui dépasse les frontières d’un massif. A l’époque, Martin et Simon Fourcade, alors très jeunes, m’avaient même initiée au ski de fond.

Je suis donc très heureuse d’être ici. Le ski de fond est un sport d’avenir et des épreuves comme La Transju’ rassemblent les champions et le grand public dans une région à haut potentiel touristique.

C’est aussi le week-end du sport féminin et je suis heureuse d’avoir parlé avec les organisateurs de la possibilité de mettre en place une course féminine l’an prochain. Et puis, à titre personnelle, j’ai beaucoup de plaisir à prendre le départ d’une des épreuves de La Transju’.

J’ai arrêté le sport depuis un moment et c’est symbolique que moi, maman de trois enfants, je reprenne le sport avec du ski de fond. »

...

Tous les résultats ICI

...

Photo : Nordic Focus

...