Vincent Jay (FRA, médaillé d'or dans le sprint du biathlon, sur France 3): "Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et je réaliserai plus demain matin quand je vais me lever. C'est quelque chose de grand. Je ne me rends pas compte encore. (A propos de son assurance après le 1er tir couché) Je ne l'ai pas ressentie spécialement.

Après, je savais qu'il restait encore deux tours à faire et notamment le tir debout. J'étais bien. Je n'entendais pas trop les coaches qui me donnaient les informations. C'est vraiment dans le dernier tour, quand j'ai vu que j'arrivais à tenir Ole Einar (Bjoerndalen), que j'ai su que j'étais capable de faire quelque chose de bien. De là à envisager la victoire, je ne pensais pas quand même.

(A propos de sa performance parfaite sur le pas de tir et de son 4e temps sur la piste) Oui, je n'ai jamais skié comme ça de ma vie, mais c'est les JO. Tout est permis et j'avais peut-être moins de pression que les leaders, même si j'avais quand même la boule au ventre ce matin avant de partir (A propos de la perspective d'une nouvelle victoire lors de la poursuite mardi) Oui, c'est sûr que je pars dans la meilleure des positions. Après, le biathlon, c'est la course d'un jour, c'est une remise en cause permanente. Ce n'est pas parce que j'ai tiré 10/10 aujourd'hui qu'à la poursuite, je tirerai 20/20. On ne peut pas tirer de conclusion comme ça, mais je donnerai le meilleur de moi-même."

 Stéphane Bouthiaux (entraîneur de l'équipe de France messieurs): "C'est fait. Disons qu'il a su saisir sa chance. Inattendu? Oui et non. Il a gagné l'an dernier les préolympiques ici, c'est un endroit qui lui convient (...). Bien entendu, les conditions ont joué en sa faveur. Mais encore fallait-il faire le plein au tir. Il a su le faire.

Je pense que c'est amplement mérité, c'est la médaille du mérite. C'et un bosseur énorme. Ca signifie 8 à 900 heures d'entraînement physique dans l'année, 4 à 500 heures passées derrière la carabine dans une chambre ou dans un garage. C'est la victoire de l'abnégation. Lui, il en fait beaucoup, des fois trop d'ailleurs et ça lui joue des tours. Là, on a joué sur la fraîcheur depuis 15 jours et son corps ne doit pas avoir l'habitude de se reposer. Il a tout explosé.

La météo a été un énorme facteur, bien sûr. Mais il y avait du monde, notamment Ole Einar Bjoerndalen. Dans les mêmes conditions, il n'a pas su saisir sa chance. Mentalement, c'est toujours plus facile quand on n'a pas obtenu de résultats probants depuis le début de saison. Lui, personne ne l'attendait. Il a fait son truc un peu à l'image de ce qu'a fait Marie (Dorin, 3e du sprint dames) hier. Tout ce qu'il pouvait avoir comme résultat, ce n'était que du +bénef+. Il a saisi sa chance, je répète, et ça donne un titre olympique". 

Christian Dumont (directeur des équipes de France ) : Vincent, comme Marie (Dorin médaillé de bronze, ce sont des gens qu'on attendait sur un cas de tir (une course plus longue). C'est vrai qu'en individuel ce n'était pas un favori. Il a su prendre sa chance, faire sa course à son niveau et être un petit peu aidé par les conditions et le tirage au sort. C'est encore une fois la magie des jeux Olympiques, et cela nous sourit. Que la fête dure ! Vincent est quelqu'un de gentil, d'attachant, et surtout un très très grand bosseur. Il calcule toutes ses heures, toutes ses minutes et ses secondes. Il a tendance à en rajouter. Il a été énorme sur les skis. Il fait la course avec Bjoerndalen, il n'a rien lâché. On ne peut être qu'ému. Le sprint, c'est la médaille la plus dure à aller chercher. On est aussi très déçu pour les copains: Martin Fourcade, qui est très fort, est passé à côté de son tir couché. On a des regrets pour Simon Fourcade aussi."

(avec AFP)