Cet interview a été réalisé par Guy Magand pour www.ski-nordique.net

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Yannick, nous sommes actuellement en plein milieu de ta saison de skieur et de biathlète. Quels premiers enseignements tires-tu ?

« Effectivement, nous sommes en plein milieu de la saison de ski et biathlon mais pour autant, ma saison internationale n'a elle pas encore débutée! En cette année post-paralympique, le staff de l'Equipe de France avait décidé de mettre l'accent sur le travail technique et nous avons donc multiplié les jours de stage depuis le mois de novembre. Mes résultats sur les courses nationales auxquelles j'ai participé semblent montrer que le travail effectué à l'entraînement porte ses fruits... Il faut maintenant que je concrétise tout ça au niveau international. »

La saison hivernale a démarré très fort (neige et températures sibériennes). Actuellement, 6 semaines sans précipitations... Il y a assurément des données environnementales qui impactent sur la pratique des sports outdoors : as-tu de nouvelles contraintes au niveau de ton entraînement ?

« Les conditions météo de ces dernières semaines ont quelque peu perturbé mes contenus d'entraînement lorsque je me trouvais chez moi dans le Massif Central... J'ai dû ressortir maillot de bain, vélo et running pour palier au manque de neige. Mon passé de triathlète m'a permis de réussir à bien adapter mes contenus d'entraînement ».

Ton actualité au niveau de la Coupe du Monde IPC de Fond et de Biathlon ? La perspective de championnats du Monde en Sibérie ? Tes objectifs ?

« Je pars dimanche à Finsterau en Forêt Bavaroise pour participer à la finale de la Coupe du Monde IPC avec Romain Rosique et Thierry Raoux. L'objectif sera de monter une fois sur le podium sur cette étape allemande qui nous servira surtout de préparation dans la perspective des Championnats du Monde qui se tiendront du 1er au 9 avril à Khanty-Mansyisk. Là-bas, je viserai un podium sur un fond spécial et un podium en biathlon. »

 L'état des lieux au niveau de la concurrence étrangère ?

« J'ai suivi de loin les résultats de l'étape finlandaise de Coupe du Monde du mois de janvier mais je pense que l'étape allemande de la semaine prochaine sera riche en enseignements et nous permettra éventuellement de ré-orienter notre travail si nécessaire. Mais je pense que nous sommes actuellement dans le vrai avec ce que l'on a fait ces dernières semaines... »

 Copyright onEdition 2009©Free for editorial use image, please credit: onEdition Yannick Bourseaux (FRA) finishes 1st at the Dextro Energy Paratriathlon in London's Hyde Park.The world's top triathletes were in a start line-up when the Dextro Energy Le board de l'IPC accueille désormais le triathlon comme discipline paralympique . Cruel dilemne pour toi entre ton sport d'origine et tes sports d'adoption (biathlon et ski de fond) ? où vas-tu courir deux lièvres à la fois sur Londres et Sotchi ?

« Le paratriathlon va faire son entrée aux Jeux mais pas à Londres, seulement à Rio en 2016. Il est hors de question de courir les 2 lièvres à la fois. Jusqu'en mars 2014, je me consacre exclusivement au ski nordique et après la cérémonie de clôture des Jeux de Sochi, là, je penserai à Rio 2016! »

Lors de tes phases de récupération et de repos, as-tu planifié tes épreuves de triathlon sur la saison à venir ?

« Je n'ai pas encore vraiment planifié grand chose pour la saison estivale mais je retournerai à coup sûr sur le triathlon EDF-Cyrille Neveu de l'Alpe d'Huez, épreuve que j'affectionnne particulièrement. Je ne sais pas encore à quelle(s) course(s) je participerai mais ce sera soit Duathlon+CD soit le LD. Et sûrement qu'avant le triathlon de l'Alpe d'Huez, je participerai au Marathon du Mont-Blanc fin juin. J'ai goûté au trail la saison dernière et j'ai bien aimé cette discipline. »

Que conseillerais-tu à un athlète découvrant cette épreuve ? Au niveau préparation et sur la gestion de course ?

 

« Pour le duathlon et le CD, pas grand chose à dire sur la gestion de course si ce n'est de ne pas arriver en haut de la montée de l'Alpe en ayant déjà tout donné car il reste un parcours pédestre exigeant à couvrir. Pour le LD, il  me semble impératif de s'économiser au maximum jusqu'au pied de l'Alpe car si on est déjà éreinté à Bourg d'Oisans, la fin de course peut se transformer en un "chemin de croix" (Je parle en connaissance de cause!) »

« Pour ce qui est de la préparation de ces 3 courses, il faut bien entendu privilégier le travail en bosse sur le vélo. Pour la course à pied, je pense qu'il ne faut pas travailler à des vitesses de course aussi élevées que ce que l'on a l'habitude de faire car on voit que les moyennes horaires sur les parties pédestres des épreuves de l'Alpe sont inférieures à celles que l'on peut constater sur d'autres épreuves de mêmes durées. »

 Nous assistons à la multiplication de nouveaux formats de courses en triathlon; les gardiens du Temple s'offusquent du non respect de l'orthodoxie. Quelle est ta vision personnelle ?

« Je pense qu'il ne faut pas s'attacher aux formats de course officiels mais qu'au contraire, en mettant en place des épreuves sur des formats variés, en fonction des spécificités des sites et des motivations des organisateurs, tout le monde peut y trouver son compte et on attirera sûrement plus de monde vers le triple effort et ses disciplines enchaînées. »

 Quelles sont les épreuves (tris,trails, courses de ski...) que tu affectionnes et pourquoi ?

« Je n'ai pas d'à priori et j'affectionne bon nombre d'épreuves avec des caractéristiques différentes. En tri, ce qui est sûr, c'est que je n'aime pas les courses où le drafting est interdit mais où la plupart des participants draftent. En trail, je n'ai pas assez d'expérience pour donner mon type de course préféré mais je pense que, si la durée d'effort dépasse les 4h00, ça risque de me sembler difficile. Pour les courses de ski, je préfère celles qui se font en skating car en classique, je perds plus de temps sur les valides qu'en skate... Et avant de mettre les skis au placard, je ferai au moins une fois la Transjurassienne sur son parcours mythique. »

Tu avais évoqué l'Embrunman avec un de tes techniciens lors de la préparation de Vancouver : y a-t-il une dâte prévue ?

« C'est vrai que j'avais évoqué la possibilité de participer une fois à l'Embrunman. Actuellement, je n'y pense plus trop... Mais rien n'est impossible à moyen terme! »

Quel est ton rêve le plus fou en matière sportive ?

« Je n'ai pas de rêve, simplement un objectif : devenir Champion Paralympique en ski nordique et en paratriathlon! »

Merci Yannick de nous avoir consacré ces quelques minutes et nous te disons le célèbre mot de Cambronne pour tes championnats du monde en Sibérie.

Crédit photos : ITU et FFH