Quand on voit Simon, Martin n'est pas loin et vice-versa. Les deux frères Fourcade sont inséparables, partagent le plus souvent possible leur chambre, même si ce n'est pas le cas au Village olympique de Whistler.

"Avant, on se tapait toujours sur la gueule, depuis qu'on fait du biathlon, on se comprend", raconte le cadet. Même si parfois le ton monte entre les deux, dixit leurs camarades de l’équipe de France, les deux frères sont très liés et on besoin l’un de l’autre pour progresser et se hisser mutuellement vers le haut.

Comme son aîné, Martin a touché à tous les sports dans ses Pyrénées avant de se fixer sur le biathlon quand son frère décroche ses premiers titres mondiaux chez les juniors.

Mais quand Simon sait très vite qu'il veut devenir l'un des meilleurs au monde, Martin tergiverse et arrête même le biathlon pendant un an.

"Ils ont eu une approche de la compétition différente: Simon était au  +taquet+ tout de suite, il est parti de chez lui à 15 ans pour aller à Villard- de-Lans (Isère). Martin est venu dans le Dauphiné, il est reparti dans les Pyrénées, il est venu à Prémanon (Jura), il s'impliquait sans s'impliquer", résume Stéphane Bouthiaux, leur entraîneur en équipe de France.

Plus doué que son frère sur les skis, Martin a longtemps traîné une réputation de touche-à-tout de génie manquant de persévérance, voire de dilettante, mais il s'est débarrassé de cette encombrante étiquette au contact de son frère.

"Simon est l'un des plus sérieux et professionnels du circuit, j'ai toujours été le plus foufou. Quand notre petit frère est né, je regardais partout et on m'avait +viré+ de la clinique", rappelle Martin.

"Simon m'a appris à ne pas regarder tout ce qui se passait, à me concentrer sur ce que j'avais à faire. Moi, je lui ai sans doute appris à être plus relax, à moins réfléchir", poursuit-il.

Dès sa première saison complète en Coupe du monde, en 2008-09, Martin affiche sa décontraction et les bons résultats: il termine 10e du sprint d'Hochfilzen, en Autriche, quelques jours avant la mort d'un copain d'enfance des deux "frangins".

"Je pense souvent encore à lui. Tu relativises la douleur quand tu es en course, tu peux la dépasser. Tu te fais mal, mais tu as la chance de faire ce que tu aimes", répète-t-il.

 Avant de venir à Whistler, Martin, qui aimerait se reconvertir dans la communication, n'a rien négligé dans sa préparation olympique allant même jusqu'à discuter avec d'anciens sélectionnés olympiques pour savoir ce qui l'attendait.

Martin Fourcade c’est aussi une personne qui parle beaucoup, dans le bon sens du terme. Il aime aller à la rencontre des gens, dialoguer, expliquer, comprendre et apprendre avec tout le monde.

Ce biathlète très attachant cache au fond de lui une grosse ambition. Sur la piste c’est un vrai tigre avec un moteur turbo, une belle mécanique qui n’a rien à envier aux meilleurs norvégiens , si ce n’est leur palmarès ( pour le moment)

"L'important aux JO, c'est de les réussir, pas de participer, je n'y vais pas pour apprendre", prévenait-il en janvier déjà. Voilà une mentalité et une ambition qui nous plaisent beaucoup.  Et comme le disait le directeur de la préparation olympique Fabien Canu : "de nombreux sports devraient s'inspirer du biathlon et de ses champions".

Nos biathlètes ne sont jamais rassasiés et jamais ils ne seront satisfaits avec une 15e ou 20e place.

(avec AFP)

photo : copyright Nordic Focus