Cette course de côte réussi tout particulièrement au fondeur d'Agy Grand-Massif puisqu'il a remporté il y a quelques jours sa deuxième victoire en seulement quatre participations.

Un succès acquis au bout de la souffrance avec quelques secondes d'avance sur le grand Martin Sundby, intouchable vainqueur du globe de cristal en 2014. Mais avant de savourer il a fallu transpirer...

Stress et tactique

"La pression était palpable avant le départ, c'est toujours existant de mettre un dossard, mais aussi stressant surtout quand le dernier que j'ai enfilé était fin mars. Je suis en première ligne et avec un bon départ, je prends les devants tout le plat.

Là, je me dis "je suis en train de mener pour rien comme à ton habitude, mais tant pis, je laisserais ma place dans la montée" "si ça se trouve je vais trop vite sans m'en rendre compte, je vais couiner sévère après".

Puis la montée est amorcée, je suis toujours devant. Là je me dis "si ça va pas assez vite, de toute façon y'en aura qui me passeront". Puis dans le tunnel, j'appuis progressivement plus fort, le bruit des bâtons des coureurs derrière moi diminue, "en fait ça va je fais ce qu'il faut, le sprint intermédiaire n'est pas loin..."

Fatigue physique

"Puis à 3km de la ligne je commence à trouver le temps long. Au bout de 4 années, c'est de plus en plus interminable cette course. Je me dis "c'est malin, t'es tout seul devant, tu commence à être cuit, tu vas te faire bouffer avant l'arrivée, super ta stratégie".

Mais j'ai une avance confortable de 20-30sec sur Sundby et Rothe, qui va fondre doucement. A 200m de la ligne, Sundby n'est plus très loin mais je sais que ça va le faire, il fallait que ça le fasse car je n'en peux plus, je ne tiens plus mon corps qui se désarticule progressivement depuis 3km, j'ai fait toutes les grimaces possibles et imaginables, un singe aurait pris peur."

Enfin la ligne

"Je lève les bras 5m avant la ligne histoire de me proclamer au cas où "c'est bon là, vous pouvez pas rapprocher la ligne!?". Enfin je la franchis. C'est là que vous vous demandez ce qu'il se passe dans notre tête."

Etat second et adrénaline

"En fait je crois, qu'il y a deux cerveaux, un pour la vie de tous les jours et l'autre pour les compétitions, uniquement pour les compétitions avec dossard, celui-là est complètement barjo, cintré, maso quoi, et complètement déconnecté de l'autre.

Comme dirait Coluche "ils sont cons ces sportifs!" Oui c'est ce qu'on se dit une fois qu'on reconnecte le bon cerveau. Puis 2h après on se demande même "comment j'ai fait pour réussir à me mettre mal comme ça?" Mystère.

Tout de même bien content d'avoir gagné, ça fait du bien au mental, au bon bien-sûr ;-)"

Maurice Manificat s'exprimait sur son site, comme il le fait régulièrement. Un vrai plaisir pour ses nombreux supporters...

Photo : Blink Festival