Marie-Laure Brunet, Comment analysez-vous cette course ?
Sansan (Sandrine Bailly, dernière relayeuse) est arrivée à reprendre tout ça. Elle a fait un super dernier tour, elle a tout donné et c'est quand même le plus important. Ensuite, je pense qu'elle (Marie Dorin) a des regrets mais c'est le jeu. Cela aurait pu nous arriver à nous, on ne va pas la blâmer.

 Comment avez-vous vécu les rebondissements qui ont traversé la course ?

 On a l'habitude. C'est le biathlon. On sait que tout est possible et qu'on allait tout faire pour récupérer le coup. C'est ce qu'on a fait. Maintenant, on retiendra une seule chose, c'est qu'on a fait la médaille d'argent toutes les quatre et pas ce qui s'est passé dans la course."

 Comment avez-vous vécu le dernier relais de Sandrine Bailly qui est allée chercher la médaille d'argent ?
 J'ai trouvé qu'elle était plutôt détendue. Elle aime plutôt bien ce genre de situation; quand elle est à l'arrière et qu'il y a des choses à aller chercher devant. Cela nous est arrivé il y a deux ans à Ostersund (Suède) aux Championnats du monde. Elle avait réussi à aller nous chercher la médaille dans la dernière ligne droite. Là, elle a fait pareil. Donc c'est génial."


Sylvie Becaert: "J'y ai toujours cru. Parce que même si on avait des ratés au tir, on allait vite en ski. Et cela grâce aux techniciens qui travaillent avec nous depuis trois semaines. Marie Dorin a pleuré à l'arrivée, mais ce genre de mésaventure (ndlr: de multiples ratés au tir) peut arriver à tout le monde. On l'aime de la même façon. Ce que je retiens c'est que c'est la médaille de quatre copines. Quant à moi, c'était ma dernière course aux JO et je finis sur une médaille, c'est génial.


Christian Dumont (directeur de l'équipe de France):
"Elles nous ont régalé, elles ont fait la course devant, on a eu une petite trouée à un moment donné, c'est le biathlon, c'est le charme de cette course. Que dire de plus ? C'est la sixième médaille du biathlon ici, c'est fabuleux, on n'arrive plus à trouver les mots, on ne se rend même plus compte. On savait qu'on pouvait jouer devant, on ne peut rien leur reprocher.

Sandrine Bailly a fait une très, très grosse course, c'est vraiment dommage qu'elle n'ait pas pu se réaliser en individuel, elle mérite cette médaille en individuel. C'est vraiment une grande. Tout le monde me bluffe, les filles, les techniciens, car on avait des skis de folie. Il faut remercier les techniciens et ceux qui travaillent dans l'ombre comme Gilles Marguet qui est chargé de la  structureuse (machine qui sculpte les semelles de skis, NDLR). C'est une super équipe, on se fait vraiment plaisir. On espère finir avec un dernier podium avec le relais des garçons, mais cela sera très dur aussi pour eux".

  Lionel Laurent (entraîneur de l'équipe de France féminine): "La réunion d'hier soir a été simple, je n'ai rien dit, je leur ai juste donné les horaires. Elles savaient ce qu'elles avaient à faire. On pouvait terminer entre la 1re et la 5e place, je l'ai dit avant la course, on l'a vu, les Ukrainiennes ne sont pas loin, les Norvégiennes et Suédoises non plus.

Ce qu'a connu Marie (Dorin avec deux pénalités sur le tir couché, NDLR), cela peut arriver à tous, elle était tendue aux essais ce matin, ce n'était pas la Marie habituelle, mais elle a été solide sur les skis. Un grand coup de chapeau aux quatre relayeuses, en particulier à Sandrine qui a sorti une énorme course. C'est une athlète exceptionnelle: quand elle court pour elle, elle se met un peu plus de pression alors que là, elle fait une course extraordinaire pour mettre les filles sur le podium. Trois podiums pour les filles, c'est bon: il y a un mois en arrière ou même quand j'ai pris la charge de ce groupe en 2006, je signais tout de suite. Marie (Dorin, 3e du sprint) a fait la meilleure des choses: elle a fait une médaille dès le premier jour et cela a fait du bien à tout le monde".

Sandrine Bailly (FRA/2edu relais): "J'ai l'impression d'avoir un rôle dans cette équipe. Ca me fait plaisir de bien faire avec les filles. On a toutes une médaille et on va pouvoir faire la fête avec tout le monde. Quand je +chasse+, ça me réussit généralement. Je préfère presque chasser qu'être chassée. Même quand je vois Marie (Dorin qui rate son tir couché), j'y ai toujours cru en me disant que si elle fait des tours, les autres peuvent en faire aussi. Mais je savais aussi que j'étais la dernière à passer et que je n'avais pas le droit à l'erreur. Je ne me suis pas posé de question, j'ai foncé. J'étais sereine, car je savais que j'étais bien en glisse et en ski. Je revenais au fur et à mesure sans m'affoler. Je savais que tout se jouait sur le tir debout. J'ai bien soufflé. Après il ne me restait plus qu'à rattraper Andrea (Henkel l'Allemande). J'ai vu qu'elle était moins bien. J'ai vu Marie triste à l'arrivée et ça m'a fait de la peine. Mais on ne retiendra que l'argent et elle y est pour quelque chose. Maintenant on fête la médaille et on finit la Coupe du monde. Pour la suite (de la carrière), la décision est prise mais j'en dirai plus dans quelques temps".

Marie Dorin (FRA/2e du relais) "J'étais tendue mais comme pour tous les relais, pas plus pas moins. J'ai mis des balles un peu partout. Je n'étais pas assez relâchée. En fait, j'étais bien en  ski et quand je suis bien en ski, il m'arrive de mettre de +gros coups de doigt+", Quand je repars, je suis super énervée, je me dis que j'ai foutu le relais olympique en l'air. Que je n'ai jamais mis un relais en l'air et que je le fais aux JO"   "Les filles ont été géniales, elles m'ont dit ça arrive à tout le monde. Par contre, je n'ai pas regardé Sandrine. Je me changeais. Mais je me disais que je suis +chat noir+ "Je me dis que si on ne rentre pas avec une médaille sur le relais où on
est attendu, cela n'aurait pas plu à tout le monde. C'est important pour le groupe une médaille en relais. Ca la fout mal pour les autres, surtout Sylvie et Sansan (Bailly). Aujourd'hui, je passe par le blanc, le violet, un arc-en-ciel. Et là c'est le rose »


(avec AFP)

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