Dans tout juste un mois la coupe du monde de biathlon débutera à Östersund avec une équipe de France masculine motivé et compétitive.  

On parle souvent et à juste titre du trio Vincent Jay, Martin et Simon Fourcade mais il ne faut pas sous-estimer le quatrième homme Alexis Bœuf qui possède lui aussi un gros potentiel.

Le savoyard s’est fort bien préparé pour cette saison ou il espère intégrer le cercle des trente meilleurs mondiaux. Alexis Bœuf aimerait également se tester plus sérieusement en ski de fond dans la discipline du sprint ou il excelle.

 Alexis, nous sommes ravis de prendre de tes nouvelles après cette longue période de préparation. Tout s’est passé comme prévu pour toi ?

«  Oui cette année, tout s’est très bien passé pour moi. Je n’ai pas eu de problèmes de santé et j’ai suivi mon programme comme je le souhaitais. Je pense avoir progressé et être en forme.  J’attends  donc maintenant le début de la saison avec impatience « !

Entre les stages avec l’équipe de France, quel est ton emploi du temps ? Tu t’entraines à la maison ?

« Nous sommes grosso-modo en stage deux semaines par mois. Entre les stages je m’entraine chez moi, un peu partout autour de Chambéry. L’endroit est idéal,  c’est un très bon terrain de jeux, même si je rêve souvent d’une piste de ski à roulettes dans ma station de Savoie Grand Revard…

 Je m’entraine souvent seul, mais j’ai la chance d’avoir des amis sportifs qui m’accompagnent de temps en temps. Je m’entraine autant en volume horaire qu’en stage mais à mon propre rythme. Je fais vraiment une différence entre les semaines où je suis en stage avec l’équipe et celle où je suis chez moi, où je profite aussi des à-côtés et de la possibilité de me ressourcer chez moi et en famille. Grâce à cela, j’arrive toujours très motivé en stage ! Pour moi, ces deux formes d’entrainement sont vraiment complémentaires. »

Tu as changé quelque chose en particulier, par rapport à l’an dernier,  durant cette phase de préparation ?

« Pour ce qui est de mon entrainement, je n’ai quasiment rien changé par rapport à l’an dernier. Avec Stéphane Bouthiaux, nous avons mis en place depuis deux ans un programme qui me convient, j’ai seulement augmenté de quelques heures mon volume horaire annuel.

Le changement le plus important pour moi cette année est mon passage chez Salomon. Après  plusieurs années d’une collaboration satisfaisante avec Rossignol, j’ai eu besoin de renouvellement et les choses s’annoncent bien avec Salomon. »

Justement cette dernière saison restera certainement dans ta mémoire avec ton premier podium en coupe du monde sur le 20km d’Antholz. Raconte-nous cette journée ?

« Cette course représentait un grand enjeu pour moi, car je savais que c’était ma dernière chance de me sélectionner pour les JO. Je l’avais donc bien préparée, je savais qu’il était possible de faire un bon résultat grâce au tir, j’ai mis l’accent là-dessus et au fil des tours je me sentais de plus en plus confiant. J’ai vraiment réussi à rester concentré jusqu’à la fin et j’étais très content quand je suis sorti du pas de tir après le dernier debout.  Un top 10 aurait été très bien, un podium, c’est beaucoup d’émotion en plus et le souvenir reste inoubliable. »

Ce podium était complètement inattendu pour tous les suiveurs car ton début de saison à ce niveau était fort discret. Est-ce que toi tu as été surpris ?

« Dès le début de saison je pensais que j’étais capable de réaliser de bons résultats (peut-être pas un podium mais au moins des  top 20) car j’étais assez performant sur les skis, mais je n’étais pas à la hauteur en tir, ce qui donnait l’impression d’un mauvais début de saison et me faisait douter. Grâce au soutien de tous mes entraineurs, je n’ai pas baissé les bras et ça a fini par payer ».

Ensuite tu as vécu les JO en spectateur car les places en équipes de France étaient chères. N’est ce pas frustrant pour un athlète de haut-niveau ? Comment tu as vécu cela ?

« On m’a très souvent posé cette question au retour des JO ! Mon objectif la saison dernière était de me  sélectionner pour les Jeux Olympiques alors que pour d’autres l’objectif était d’y performer. J’ai atteint mon objectif et je suis très heureux de la façon dont j’ai décroché cette place de premier remplaçant. C’est sûr que j’aurais apprécié de prendre le départ de l’une des épreuves, mais je m’étais préparé à  l’idée d’être seulement remplaçant avant de partir pour Vancouver et je savais à quoi m’attendre. Tous ceux qui ont couru méritaient plus que moi de le faire à ce moment-là, leur place était indiscutable ; je suis content d’avoir fait partie de l’équipe, d’avoir découvert ce que sont vraiment les JO et d’avoir pu aider mes coéquipiers.  Maintenant que je sais ce que sont Jeux, mes objectifs ont changé : si j’y retourne, ce sera cette fois pour y performer. »

En fin de saison tu confirmes ton talent avec une belle 6e place sur le sprint de Kontiolahti. Tu as passé un cap l’hiver dernier ?

« J’avais besoin de prendre confiance et je devais faire tomber certaines barrières . Depuis Antholz, je sais de quoi je suis capable et j’aborde les courses différemment .  Cette 6ème place m’a fait du bien , elle m’a permis de confirmer et de montrer que mon podium n’était pas un évènement isolé. J’espère réussir à nouveau à aborder les courses de cette façon, même si je sais que la réussite d’une course de biathlon reste aléatoire. »

Christian Dumont nous a dit que tu étais en mesure de renforcer et de booster l’équipe de France. Voilà des compliments qui doivent te faire plaisir ?

« Oui bien sûr, ce sont des compliments que j’apprécie. Nous sommes une super équipe avec trois éléments majeurs que sont Simon, Vincent et Martin, il y a une très bonne ambiance de travail et tout le monde regarde vers l’avant. Je fais de mon mieux pour progresser et j’espère m’affirmer davantage  pour gagner ma place au sein du groupe. »

L’hiver se rapproche à grand pas mais as-tu déjà ta sélection en poche pour les coupes du monde de décembre ? Ou alors tu dois passer par les épreuves de qualifs ?

« Oui, pour la première fois,  je suis déjà sélectionné pour les coupes du monde sans avoir à passer par les épreuves de qualifications. Cela me permet d’aborder la saison plus sereinement et de me préparer au mieux pour les coupes du monde. »

Terminons bien sur avec tes objectifs pour la saison à venir ?

« Cette saison,  mon principal objectif est de devenir régulier en coupe du monde. J’aimerais rentrer plus souvent dans le top 20 afin de terminer dans les 30 premiers du classement général à l’issue de la saison. Je veux également gagner ma place au sein du relais.

J’aimerais aussi un jour prendre le départ d’une coupe du monde de ko-sprint. Je ne sais pas si je pourrais le faire dans l’immédiat, ni même si j’ai le niveau pour y parvenir. Mais cette idée me trotte dans la tête depuis plusieurs années ».

Photos : Nordic Focus