Par Loïc Arbez

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Idée reçue : ‘‘Sitôt la ligne d’arrivée franchie, je repars skier pour récupérer’’

Vous êtes nombreux à penser que pour mieux récupérer, il faut rechausser les skis sitôt la ligne d’arrivée franchie. Réaliser un effort intense fatigue, nous ne vous apprenons-là rien de bien nouveau, mais cette fatigue, connaissez-vous en ses origines ? Car avant de vous engager dans une ‘‘récupération active’’, il faut déjà que vous sachiez pourquoi vous êtes fatigués !
 
Récupérer, oui, mais de quoi ?
 
La fatigue apparaissant à l’effort est multifactorielle. Et pourtant, vous êtes nombreux à penser que c’est la seule accumulation de certaines substances qui l’expliquerait, d’où l’idée de la récupération active. Or, ces ‘‘toxines’’, soit elles n’existent pas (l’acide lactique), soit skier n’assure nullement leur disparition ! Au-delà des effets, réels ou supposés (surtout supposés...), de telle ou telle substance sur l’organisme, la fatigue qui apparaît à l’effort peut également s’expliquer par la baisse des réserves de glucose, par le catabolisme des protéines, par l’élévation de la température corporelle, par la perte hydrique, etc. 
 
Skier...entrave la récupération !
 
Dès que vous skiez intensement plus d’une heure, vos réserves de glucose se tarissent, devenant très faibles même parfois ! Après un tel effort, votre récupération aura pour objectif (parmi d’autres) de reconstituer ce glycogène musculaire. Or, vous attreindrez cet objectif si vos apports en glucides sont suffisants, si vous prenez soin de les apporter dans les toutes premières heures post-effort (afin de profiter de la forte avidité de votre organisme pour les nutriments à ce moment-là) et si votre dépense énergétique est faible.
 
Skier sitôt la ligne d’arrivée franchie n’est donc assurément pas le meilleur moyen pour remplir cette dernière condition !
La fatigue n’étant pas due au seul manque de glucose, quels sont les effets d’une ‘‘récupération active’’ sur les autres facteurs ? Skier dans les heures qui suivent un effort intense...
 
- ...accentue le catabolisme des protéines et l’utilisation des acides gras essentiels
(lesquels possèdent des propriétés anti-inflammatoires),
- augmente davantage la température du corps,
- et majore les pertes hydriques (l’eau est indispensable pour récupérer).
‘‘Récupérer activement’’ ne semble donc pas judicieux !

Que faire alors ?

Du temps !
 
Votre organisme récupère de lui-même...à condition que vous lui en laissez le temps et que le contenu de votre assiette soit à la hauteur de l’effort que vous venez d’accomplir ! L’organisme possède son propre rythme de récupération. Vouloir l’accélérer n’est donc généralement pas une bonne idée. Et pourtant, nombreux sont les sportifs qui par exemple ingèrent des anti-inflammatoires dès les premières courbatures ressenties ou lorsqu’ils sont ‘‘patraques’’. Or, en bloquant l’inflammation, les anti-inflammatoires vont au contraire retarder la récupération et même l’entraver en perturbant la réparation des tissus, en particulier musculaires...
 
Vous récupérerez aussi plus rapidement et plus efficacement si votre organisme dispose des nutriments indispensables à la réparation des tissus, pour juguler l’inflammation, lutter contre le stress oxydatif, etc. Or, ces nutriments, vous ne les apporterez pas via le régime ‘‘raclette-charcuterie-vin chaud’’ mais avec un repas composés de fruits, de légumes, de l’huile de colza, d’olive et de noix, de saumon, de thé vert, d’épices et d’herbes aromatiques ! ‘‘Me passer de tartiflette, ah non, jamais !’’ Comme bon vous semble mais dans ce cas, ne vous plaignez pas si vous vous fatigués dès la troisième compétition courue ! ‘‘Faire le métier’’, c’est à l’entraînement mais pas seulement...
 
Attention, organisme fragile !
 
Skier sitôt la ligne d’arrivée franchie n’est pas non plus conseillé car plusieurs heures durant (voire jours) après un effort intense, l’organisme voit ses défenses immunitaires diminuées. Cette fragilité immunitaire laissant donc la ‘’porte grande ouverte’’ aux virus et bactéries pathogènes de l’environnement.
 
Si vous tenez absolument à skier en récupération d’une compétition, allez-y, par contre, ‘‘traînez’’ vos skis, en particulier dans les montées, faîtes très court (une dizaine de minutes), munissez-vous d’une boisson composée de glucose et d’acides aminés, et évidemment, prenez soin de revêtir des habits secs.