Après le bronze en relais mixte et l'argent en sprint, vous avez complété votre collection avec l'or en poursuite. Que ressentez-vous ?

"Je suis super heureux, c'est énorme. Je n'avais pas envie de laisser passer ma chance aujourd'hui, je ne courais que pour l'or. Je savais que des occasions d'être champion du monde, j'en aurais d'autres dans ma carrière, mais des comme celles-là peut-être pas. Ce n'est pas que cela me tendait les bras, mais presque... Je sais que j'ai tout en ce moment, je sais où j'en suis par rapport aux autres. Mes championnats sont déjà +sur-réussis+. J'ai peut-être encore plusieurs médailles d'or dans les jambes, mais c'est fatiguant, le protocole, le froid qui tape dans l'organisme, le manque de fraîcheur de la fin de saison..."

 En franchissant la ligne d'arrivée, votre joie semblait contenue. En régle générale, on vous sent toujours très serein et mesuré...

"Il fait froid ici et ce n'est pas du tout les mêmes conditions climatiques qu'à Vancouver (où il avait remporté la médaillé d'argent dans la mass-start, NDLR). Le stade d'arrivée est difficile, il faut pousser fort, j'avais le visage complétement engourdi, la joie est plutôt intérieure, mais c'était un grand et bon moment cette dernière ligne droite. Pour le reste, je n'ai pas de secret, je prends juste les choses comme elles viennent. Ce matin, en allant au stade, il y avait du soleil, j'étais content. J'avais une mélodie dans la tête que j'avais entendue en sortant de la chambre d'hôtel d'Alexis (Boeuf, un membre de l'équipe de France, NDLR), j'étais +free+ comme on dit."

Vous êtes le premier Français champion du monde depuis Raphaël Poirée en 2007, qu'est-ce que cela vous inspire ?

"J'ai lu, j'ai entendu, que j'étais le futur Raphaël Poirée mais, moi, je suis Martin Fourcade, pas Raphael Poirée. Le biathlon français se cherchait un nouveau leader capable de gagner la Coupe du monde et d'être régulièrement sur les podiums. C'est moi mais la comparaison s'arrête là. On n'est pas du tout pareil dans le caractère: lui, il voulait tout gagner. J'ai énormément de respect pour lui comme pour Ole (Einar Bjoerndalen) qui sont des champions immenses. Je m'inspire de ce qu'ils ont fait pour gagner et pour rester au sommet. Mais je ne me bats pas pour rentrer dans le livre des records. Je ne veux pas avoir des titres à la pelle. Si je termine avec ma carrière avec un seul titre, je serai aussi heureux que si j'en avais cinq." (avec AFP)

Photo : Nordic Focus