Simon Fourcade vient de connaitre un week-end plutôt malchanceux à Arçon avec une chute samedi lors du sprint et quelques ecchymoses . Le lendemain au départ du mass-start, il casse un bâton et ses espoirs de podium s’envolent.

Mais rien de grave et rien de significatif, il est en forme et s’envolera dans une douzaine de jours pour la Scandinavie pour un stage sur neige avec l’équipe de France. Au contraire de ses coéquipiers, il restera là-bas jusqu’à la coupe du monde d’Östersund et participera fin novembre aux épreuves IBU Cup de Beitostolen.

www.ski-nordique.net a réalisé un long interview de Simon Fourcade, nous vous proposons ci-dessous la première partie avec le bilan 2010 :

Simon, débutons avec la coupe du monde 2010 et une belle 7e place au général , tu réussis également un podium et tu rentres 13 fois dans le top 10 sur un total de 25 épreuves.  Quel bilan as-tu tiré ?

« Ce fût une saison mitigée. Je réalise une saison très régulière en entrant plusieurs fois dans les 10 premiers et il m’a quelquefois manqué un peu de réussite pour pouvoir jouer plus de podiums. Ca s’est joué à pas grand-chose avec une balle qui ne rentre pas par ci, quelques secondes perdues dans un dernier tour par là…Cependant, j’ai progressé dans le domaine qui me faisait défaut les saisons précédentes, à savoir, une certaine stabilité au fil des courses, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout puisque je m’étais blessé et tout mes objectifs étaient centrés sur les Jeux Olympiques. »

Malheureusement les JO se sont beaucoup moins bien déroulés. Tu débutes par un terrible 71e rang sur le sprint. Que s’est il passé ?

« Les J.O se sont effectivement très mal passé. Je réalise les pires courses de ma carrière lors de cet évènement et cette période n’a pas été facile à vivre pour moi. Suite à mon début de saison et à ma blessure, j’avais axé l’essentiel de ma préparation sur ces J.O et j’avais une grosse envie de bien faire dès la première course. Ma forme était optimale au vu des chronos que nous avions réalisé lors de notre stage à Mount Washington et au tir j’étais en confiance. Le matin du sprint, toutes les conditions étaient donc réunies pour bien faire, un bon dossard, des conditions qui ne m’ont pas été trop défavorables (du moins, moins que pour certains), un fartage excellent, mais malheureusement, je n’ai pas su tirer profit de tous ces paramètres. »

Ensuite, évidemment pas de poursuite puis une 40e place sur le 20km et tu termines avec une 14e place au mass-start. Ton résultat sur le sprint avait plombé ton moral ?

« En recevant votre interview, je me suis rendu sur votre site et j’ai l’article au sujet d’ Helena Ekholm. Et je peux dire que j’ai ressenti approximativement la même chose.

J’avais mis tellement d’espoir dans ces Jeux, plus particulièrement sur cette première course qu’est le sprint et qui me tient particulièrement à cœur, que je n’ai pas accepté cet échec. Quand on se prépare depuis 8 ans pour un objectif en mettant tout en œuvre pour arriver à ses fins et qu’on passe complètement à côté dès sa première course….. Il est très dur d’analyser à chaud le pourquoi du comment cela s’est produit. Car on ne parle pas d’une place de dixième ou même d’une trentième. On parle d’une 71ème place ! Mon pire résultat sur un sprint depuis que j’évolue sur le circuit coupe du monde ! Il n’y avait rien de positif à retirer et j’avais tout pour bien faire. Je ne suis pas arrivé à passer l’éponge sur le moment, j’ai perdu confiance et ruminé cet échec jusqu'à Kontiolathi la coupe du monde suivante. Après ça je me suis dit : « soit tu passe à autre chose, soit tu mets un terme à ta saison mais tu ne termine pas la saison comme ça ! ». C’est ce que j’ai fait et j’ai réussi sur les deux dernières coupe du monde à retrouver un niveau qui était le mien. »

Reste alors le relais et malgré une belle course la France termine 6e, tu quittes Vancouver dans quel état d’esprit ? Déçu pour toi ? Et très heureux pour les coéquipiers qui ont raflé six médailles ?

Nous avions obtenu de bons résultats sur les relais depuis le début de saison et nous avions à cœur de montrer à nouveau cela sur les J.O. Nous avons, bien sur, tous été très déçu de ce relais et ce résultat a été décevant. 

Les médailles obtenues ont été merveilleuses pour notre discipline et j’ai vécu la médaille de Martin comme un gros soulagement. Cependant, il m’a été très difficile d’apprécier les résultats de chacun à leur juste valeur (même pour la médaille de mon frère) car mes résultats personnels n’étaient pas à la hauteur de mes espérances. Je suis arrivé aux Jeux avec un dossard jaune sur le dos et ce sont les athlètes que l’on n’attendait pas forcément qui ont récolté les meilleurs résultats. Il n’y avait pas de jalousie. Simplement un sentiment d’impuissance. Avec ou sans médailles, j’aurais simplement souhaité courir des courses à mon niveau. 

Malgré ces JO tu trouves les ressources pour briller en fin de saison , tu termines l’hiver de façon positive, c’est idéal pour lancer la préparation ?

Je pense effectivement qu’il m’aurait été difficile de reprendre l’entraînement si j’étais resté sur la spirale négative dans laquelle je m’étais enfermé durant le mois de Février. Cependant, aujourd’hui avec du recul, je pense que ces Jeux ont été une expérience nécessaire d’où je sors grandi et dont j’ai beaucoup appris notamment sur la nécessité, pour moi, de minimiser l’enjeu de tels évènement afin que je puisse m’exprimer pleinement.

Photo : Cécile Narcy