Arrivés à Whistler fin janvier, les 14 "tecos" français des trois disciplines (fond, biathlon, combiné) travaillent main dans la main et n'ont pour l'instant jamais failli à leur mission, à savoir trouver "la bonne glisse", à la différence de leurs collègues norvégiens, allemands ou suédois, présentés comme les références.

Pour la première fois toutes les disciplines nordiques avaient décidé de travailler ensemble, de partager le savoir, les infos et même les skis. On a vu par exemple des biathlètes prêter leurs skis aux fondeurs pour telle ou telle course.

Cette mutualisation a été salué par tout le monde et le bilan de fin de JO est quasi parfait pour cette cellule glisse. Les français ont bénéficier durant cette quinzaine de très bons skis, ce qui n’a pas été le cas de toutes les nations.

"C'est un métier, où tous les matins, tout repart de zéro. Un jour, tu as la glisse, le lendemain, tu peux complètement passer à côté", prévient Gaël Gaillard, le responsable du fartage pour l'équipe de France de biathlon qui détaille le protocole à la fois méticuleux, éprouvant physiquement et empirique avant une course.

Découvrez dans le détail comment ces techniciens préparent une course . L’envers du décor mérite lui aussi le détour. Ce travail préparatoire sera d’ailleurs mis en avant par la FIS dès la saison prochaine avec la création d’un « village départ » qui permettra aux public, de regarder tout cela de plus près, un peu comme la vie dans les stands en Formule 1.

A quatre heures du départ
Avant de rejoindre leurs "cabanes" installées près des sites de compétition, les techniciens récupèrent, souvent très tôt le matin, les prévisions d'un météorologue en France: "Cela permet d'identifier parmi une gamme de 100 produits ceux qu'on va tester: on teste six bases, huit céras ou poudres, deux accélérateurs", détaille Gaillard, 32 ans.

Ces différents produits sont ensuite appliqués sur des skis tests: "On part à deux sur les pistes, on a quatre produits différents sous les skis et on choisit au feeling le meilleur ski et ainsi de suite jusqu'à avoir identifié la base, la céra et l'accélérateur les mieux adaptés à la neige et aux conditions météo", poursuit le technicien, ancien membre de l'équipe de France de ski de fond, en poste depuis 2006.

 A deux heures du départ
 La meilleure combinaison de farts a été identifiée. Il faut maintenant s'assurer qu'elle puisse tenir sur toute la durée d'une course. "Des farts sont très bien au début, mais après trois kilomètres, ils peuvent +se casser la gueule+. On fait tester les skis aux kinés, aux entraîneurs, au directeur de l'équipe, c'est ce qu'on appelle l'usure".



 A 90 minutes du départ
C'est l'heure du choix des skis dans la vingtaine de paires amenées par chaque athlète au Canada. Il faut en sélectionner dans un premier temps huit paires en fonction de leur rigidité et de leur structure, c'est à dire le dessin sculpté sous les semelles.
A Whistler, les équipes de France ont amené leur "structureuse", une machine qui façonne les semelles des skis afin qu'elles évacuent au mieux la neige et l'eau, à l'image des rainures d'un pneu. Les trois techniciens en charge de la "structureuse" ont travaillé presque jour et nuit pour trouver la structure la mieux adaptée à la neige canadienne et en ont testé plus d'une centaine.

 A 60 minutes du départ
Les skis pour la course ont été identifiés après un essai réalisé avec l'athlète sur la piste, bref moment d'échanges où le technicien peut aussi rassurer "son" athlète. Les techniciens appliquent ensuite les produits retenus, chauffés avec un fer à repasser, selon un protocole très rigoureux, après une dernière batterie de tests.

 A 15 minutes du départ

Les skis doivent être prêts pour permettre "aux athlètes se rendre au départ en étant sereins".
Les techniciens n'en ont pas pour autant fini: ils vont sur la piste encourager les athlètes et les aider en cas de problèmes (bâtons cassés): "Ce qu'on vit ici, c'est génial, chaque médaille, on a vraiment l'impression de la gagner à 20-25 personnes", savoure Gaël Gaillard.

Ce travail en groupe, apprécié par les skieurs, les entraineurs et les techniciens eux-mêmes est certainement une expérience à renouveler. Reste à savoir quand cela sera possible car en 2011 les biathlètes et les « nordiques » ne disputeront pas les mondiaux au même endroit.

La « grande famille » ne pourra pas réellement se reconstituer avant les JO de Sotchi en 2014…

(avec AFP)

Photos : copyright Nordic Focus