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Karen Smadja Clément à l'interview

Agée de 24 ans, la skieuse Niçoise a remporté la médaillé de bronze des mondiaux juniors de super-G en 2020, elle compte un succès et 4 podiums en coupe d'Europe et 14 participations en coupe du monde.

 

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Quelles sont les raisons qui ont fait de toi une skieuse de haut niveau ?

"Ma passion pour la compétition, les grands espaces, la montagne et la glisse essentiellement. J'ai hésité avec la natation et le tennis en étant plus jeune, mais j'ai rapidement su que c'était ce que je voulais faire parce que c'est dans cet environnement que je suis la plus épanouie. Il y a une grande forme de liberté dans le ski."

Tu as des modèles, des idoles dans la discipline ?

"J'ai toujours adoré Bode Miller. C'est mon idole depuis toujours pour sa singularité et sa personnalité. Mais je suis aussi une grande admiratrice de Tessa Worley, qui a eu une immense carrière mais qui est aussi une athlète et une personne inspirante.

J'ai eu la chance de la connaître un petit peu ces dernières années et elle a un sens du partage et un goût du travail incroyable. J'aurais aimé qu'elle reste encore un peu sur le circuit."

 

Parlons de ton parcours, avec déjà de beaux résultats en juniors, une médaille mondiale en super-G, tu te souviens de cette course ?

Oui, je m'en souviens très bien. J'étais attendue à la descente et j'avais raté ma course. J'étais très frustrée, mais j'ai rapidement transformé la frustration en motivation pour le lendemain. J'étais très pressée de faire cette course.

Il n'était pas question que je reparte de ces mondiaux sans médaille, même si c'est une course d'un jour et que tout peut arriver, ce jour-là, j'étais presque sûre que ça marcherait.

 

Ensuite, tu arrives sur le circuit coupe d'Europe et petit à petit tes performances vont crescendo. Peux-tu nous parler de ce circuit très peu connu du grand public ?

"C'est l'antichambre de la coupe du monde. C'est un circuit assez dense où il y a beaucoup de filles, certaines qui montent depuis la FIS, d'autres qui descendent de la Coupe du monde. Et certaines, comme moi l'an passé, qui courent sur les deux circuits.

La Coupe d'Europe est au ski ce que les tournois Future sont au tennis. Une étape presque incontournable qu'il s'agit de franchir rapidement, car c'est le haut niveau sans la reconnaissance, le professionnalisme sans le salaire."

 

L'an passé, toujours en coupe d'Europe, tu vas frapper fort avec 1 succès et 2 podiums en super-G ?

"C'est sûr que c'était une bonne saison en super-G, et c'est une consécration de gagner en Coupe d'Europe. C'était mon objectif et ce genre de résultat nous amène souvent sur des ouvertures en coupe du monde.

Ça m'a permis d'arriver à Saint Moritz en confiance et de marquer mes premiers points. Au-delà de ça, j'ai aussi fait beaucoup de géant et je vais partir avec de bien meilleurs dossards au début de la saison.

C'est important pour moi de garder cette discipline que j'aime beaucoup et qui est essentielle et complémentaire avec les disciplines de vitesse. Ma plus grande satisfaction de l'hiver a été de faire beaucoup de géant et de progresser dans cette discipline, même si ça a rendu le programme très dense."

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A 24 ans, tu as désormais l'expérience et l'âge pour percer en Coupe du monde ?

"Il y a un grand cap à passer quand on arrive de la Coupe d'Europe, car les pistes sont plus exigeantes, plus rapides, l'ambiance est différente, et les attentes aussi.

Après avoir découvert une partie des pistes du circuit l'hiver passé, je sais maintenant à quoi m'attendre et comment mieux les appréhender, même si j'ai encore beaucoup à apprendre.

Ce qui est sûr, c'est que j'ai travaillé pour ça, que j'ai progressé cet été et cet automne et qu'il me tarde de commencer cette nouvelle saison pour voir ce que je suis capable de faire avec ces nouvelles armes."

Que te manque-t-il encore pour rentrer dans le Top 10 ?

"Je dois apprendre à flirter davantage avec les limites pour aller chercher les dixièmes. C'est difficile de trouver le juste milieu, de ne pas prendre trop de risques et que ça devienne dangereux. Il faut trouver l'équilibre parfait qui fait la performance.

J'aime le beau ski, solide mais en finesse. Mais je dois parfois me détacher de mes sensations et me contenter de produire un ski rapide. C'est quelque chose que j'ai beaucoup travaillé à l'entraînement, notamment à Ushuaïa. Les entraîneurs m'ont sorti de ma zone de confort et ça m'a fait beaucoup de bien."

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La concurrence au sein de l'équipe de France féminine de vitesse n'est pas énorme, comment tu vis cela ?

Il y a dans ce groupe, des filles qui sont régulièrement dans le top 10/15 mondial et qui ont déjà fait des podiums en Coupe du monde, donc je pense que j'ai beaucoup à apprendre de mes coéquipières.

Et dans les disciplines de vitesse, on partage souvent les entraînements avec d'autres nations comme l'Autriche ou l'Italie, donc il y a toujours de bonnes références.

 

Est-il facile de trouver la motivation dans un pays où peu de médias suivent les sports d'hiver ?

"Oui, heureusement, je ne fais pas du sport pour assouvir un besoin de reconnaissance vis-à-vis des médias, ou de qui que ce soit d'autre. La motivation, je la trouve dans l'envie de m'accomplir et de me réaliser dans mon sport"

L’exposition médiatique du ski alpin est ce qu’elle est, il faut des années pour que les gens connaissent ton nom. Quand je vois que certains français ne connaissent pas Alexis Pinturault ça me désole, mais c’est une réalité..

Il y a tout de même du positif, comme le fait que les championnats du monde de Courchevel/Meribel aient été diffusé sur les chaînes nationales.

 

On termine avec la question traditionnelle des objectifs à court, moyen et long terme ?

"À court terme, j'ai envie de performer sur le circuit Coupe du monde. Je n'aime pas me fixer d'objectifs chiffrés. Le but est de produire mon meilleur ski à chaque course et de voir où ça peut me mener.

À moyen et long terme, je pense aux Jeux Olympiques de Cortina et aux championnats du monde de Crans Montana. Mais j'aime prendre chaque année les unes après les autres. Cette année, je veux être performante et régulière en Coupe du monde."