"Gagner deux fois avec le maillot jaune sur le dos, c'est un rêve de gosse, c'est presque inespéré", a souligné le leader de l'équipe de France qui, à deux mois des jeux Olympiques de Vancouver, est l'homme à battre sur le circuit mondial.
Le Jurassien de 23 ans n'est plus seulement un redoutable sauteur: il peut aussi gagner grâce à son sens tactique dans le 10 km de ski de fond comme il l'a montré vendredi et surtout samedi.
"Je me fais plaisir en ski de fond, j'ai l'impression de dominer mon sujet, même si maintenant, on attend de moi que je mène la course", a remarqué Lamy-Chappuis, dont le palmarès compte désormais neuf victoires.
Son nouveau statut de patron de la coupe du monde change la donne et ses adversaires ne voudront plus mener la course pour lui. Il commence à faire peur et les tactiques changent. Lamy-Chappuis a étendu son registre et cela commence à se savoir.
Dimanche, il a payé le prix de sa débauche d'énergie des deux jours précédents avec une 8e place, son plus mauvais résultat de l'hiver.
"J'avais les jambes plus lourdes, mais je suis encore dans le coup malgré tout: il n'y a aucune raison de s'affoler", a-t-il remarqué.
De plus le petit tremplin de Ramsau n’est pas fait pour avantager les meilleurs sauteurs, Lamy-Chappuis ne peut pas créer autant de différences qu’il le pourrait sur un tremplin plus grand.
2010 s'annonce bien: pour la reprise de la Coupe du monde le 2 janvier et le retour de Manninen après un mois sans compétition, Lamy-Chappuis dispose d'un solide matelas de points d'avance sur la concurrence. Manninen ne jouera de toute façon pas le globe de cristal, ce sont les allemands qui devraient être ses principaux concurrents en coupe du monde.
"L'objectif, c'est de garder le maillot jaune le plus longtemps possible, au moins jusqu'à Chaux-Neuve (étape à domicile mi-janvier, NDLR). Après on pourra faire des impasses et se concentrer sur les JO", a-t-il indiqué.
Grand admirateur de Manninen, Lamy-Chappuis se rappelle en effet qu'avant les JO de Turin, le Finlandais, quadruple vainqueur de la Coupe du monde, avait enchaîné sept victoires de suite et avait complètement raté ses JO.
"Je ne veux pas être l'homme à battre et me mettre trop de pression", a prévenu "Jez" qui rêve d'une médaille olympique "peu importe le métal".Comme quoi sa 8e place de dimanche n’est surement pas un mal, il n’est jamais très bon d’arriver sur un grand rendez-vous en tant que grand favori.
Ses adversaires seront sans doute plus fort en février qu’ils ne le sont aujourd’hui. Les allemands, les américains, Manninen, Moan, Gottwald et autres Tande entendent bien aussi repartir des JO avec une médaille.
Le battage médiatique qui tourne en ce moment autour de «Jez » pourrait le perturber alors son entourage et ses entraineurs vont commencer à faire le tri.
N’empêche que le jurassien s’annonce comme le grand favori du concours sur le grand tremplin, ce sera à notre avis sa plus grande chance de médaille. Sur le petit tremplin ce sera logiquement plus serré entre une dizaine de combinés et le concours par équipes parait compliqué pour la France.
Pourtant Lamy-Chappuis aimerait bien monter sur la « boite » avec les potes Braud, Laheurte, Lacroix et Félisaz. Mais pour cela tous doivent s’améliorer en saut, car cette première partie de saison ne s’est pas déroulée aussi bien qu’ils le souhaitaient. (avec AFP)
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