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Mythique Cap Horn

Le franchissement du Cap Horn risque de ressembler à ces effrayants récits de marins dans les livres d’antan. Ce sera le prix de la délivrance pour ceux qui veulent inscrire leur nom en tête au passage du dernier des trois grands caps de ce tour du monde.

« Un coup pour moi, un coup pour le bateau, un coup pour Neptune, pour qu’il soit clément avec nous » dit Charlie Dalin en arrosant le cockpit de son monocoque d’une giclée de champagne pour fêter 2021.

Ce petit rituel de circonstance a tout d’une prière adressée aux éléments. Pour que la mer et le vent soient bienveillants et qu’ils laissent passer les hommes valeureux.

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Bestaven et Dalin font le break

En ce 54e jour de mer, à 430 milles du Cap Horn, Bestaven et Dalin sont en train de réussir leur échappée. Leur petite avance, doublée d’un gros coup d’accélérateur ces dernières 48 heures leur ont permis de se maintenir à l’avant de la dépression secondaire qui les entraine aujourd’hui vers la sortie des mers du Sud.

Dans un vent de Nord-Nord-Ouest de 25 nœuds qui ne cessera de prendre du coffre, ils progressent à 16/18 nœuds vers la pointe de l’Amérique du Sud, forts de 350 à 470 milles de marge sur le reste de la troupe !

Il n’est pas certain que cette avance reste intacte d’ici le passage du cap Dur. Car outre le vent (les rafales pourraient atteindre 60 nœuds), la mer sera réellement grosse, avec des creux de 6 à 9 mètres.

Heureusement, cet épisode violent ne durera qu’une dizaine d’heures samedi après-midi. Il n’empêche, il faudra tenir et probablement se mettre en mode survie, à vitesse réduite.

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Régate planétaire

« Il a été long ce Sud. Je suis content d’en finir bientôt. Le Cap Horn sera un passage important dans la tête. Si je peux passer en 3e position, ce serait super », avoue Thomas Ruyant, calé en fond de coque au moment de déguster une petite tranche de foie gras.

Le skipper de LinkedOut qui a réussi à se repositionner devant Damien Seguin (4e), est bien parti pour voir son souhait se réaliser.

En ce premier jour de janvier, l’escouade des poursuivants emmenée par Ruyant navigue à l’arrière de la dépression, dans un flux de Sud-Ouest qui permet à tous d’accélérer.

Si le vent est glacial, c’est toujours très chaud dans les rangs : Isabelle Joschke (8e) est à 3 milles, pile dans l’axe de Yes We Cam (7e) !

Il faut donc « s’arracher » pour gagner le moindre mètre, comme s’emploient à le faire Benjamin Dutreux (5e) ou Louis Burton (11e). Même si l’exercice a quelque chose d’épuisant, ils se sont tous pris au jeu de cette régate planétaire.

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Chacun son rêve pour 2021

Derrière le top 14 - le trio Crémer/ Tripon/ Attanasio revient progressivement sur la tête de course - un long train de 13 bateaux progresse sur la bordure de la ZEA, sous l’influence du grand anticyclone austral.

Le Cap Horn est encore loin pour ces solitaires, mais tous poursuivent leurs objectifs et formulent des vœux personnels pour 2021.

Musique à fond, Pip Hare a fêté la nouvelle année en riant et s’est offert dans la foulée un nouveau fauteuil de 15e, après avoir doublé Alan Roura, handicapé par ses problèmes de vérin de quille.

Alexia Barrier (25e) a dansé, elle aussi, animée par la joie d’être venue à bout de multiples réparations (bastaque, hydrogénérateur). « Mon souhait, c’est juste de terminer ce tour du monde » dit-elle.

Quant aux vœux adressés à la terre depuis la mer, ils parlent d’éradication d’un virus, de convivialité et de changement.

Les marins ont conscience de leur privilège : celui d’être des hommes et des femmes libres, en mouvement sur l’immensité liquide, soumis aux seules lois de la nature.