Florent, te voilà qualifié pour Östersund et Hochfilzen, est ce une surprise pour toi ? 

« Oui c'est effectivement une bonne surprise d'autant plus que le ski roue n'est pas ma spécialité, je suis meilleur en ski. Le but de ces compétitions était avant tout de me sélectionner pour la 1 ère IBU Cup d'Idre. Lors de ce week-end à Arçon, je me sentais mieux qu'au dernier Summer Tour, en septembre où j'avais réalisé déjà deux belles performances, dues essentiellement au tir . 
A Arçon,  le tir a été bon, et j'ai eu du mal à réaliser que j'ai fait mes deux meilleurs tirs en compétitions pour l'instant. Physiquement, nos entraineurs fédéraux ont préféré que l'on commence les intensités en septembre afin de ne pas être en forme trop tôt:c'est pour cela que ça a été plutôt une bonne surprise parce que je réalise de bons temps sans avoir fait de préparations spécifiques. Nous allons maintenant attaquer le vrai travail d'intensité, comme on dit l'affûtage afin d'être très bien pour l'ouverture . »

 

Tout cela grâce à tes perfs à Arçon, comment tu as vécu ce week-end dans le Jura ?


« Je suis parti pour l'individuel dans le but de m'appliquer au tir et de  donner tout ce que je pouvais en ski. C'est une période où l'on manque encore de repères sur soi-même. Pour mon dernier tir, j'étais à 14 sur 15, je savais que je pouvais faire quelque chose de bien  mais il restait encore 5 balles à tirer. Je me suis vraiment battu comme un lion, j'avais du mal à tirer. Avec 18 , je savais être dans le coup et  j'ai tout lâché dans le dernier tour. Au passage de la ligne, je savais juste que je serais dans les meilleurs juniors. 
Après, en apprenant cette 4ème place au scratch, il fallait essayer de ne pas trop penser à la suite. Il me restait encore une course à effectuer, le sprint qui me convient mieux. 

Je l'ai abordé comme la course de la veille. A ce moment rien n'était encore fait, pour la coupe du monde comme pour l'IBU Cup. Je savais juste que j'étais en bonne position pour me sélectionner. Pour la coupe du monde, je me battais avec "jean gui" (Béatrix) et ironie du sort, je partais 30 secondes devant lui. On savait tous deux qu'au passage de la ligne d'arrivée, chacun connaîtrait le verdict,  avant même les résultats. Ce fut une course difficile, tout d'abord parce que j'avais encore la course de la veille dans les jambes ( du au manque d'intensité) et Jean Gui derrière moi, même si je ne partais pas pour me sélectionner en coupe du monde mais pour refaire une bonne course et assurer un bon tir. J'ai tiré à 10 sur 10 et fini le plus fort possible.

Je n'ai pas réalisé aussitôt, c'est seulement le lendemain et les jours suivants que j'ai pensé que c'était super, car dans le feu de l'action on est encore à penser à la récup ...

Mais il ne faut pas s'emballer, cela restait des courses de sélection, et  l'hiver n'est pas fait.  J'apprécie juste d'avoir bien tiré , tellement j'ai galéré auparavant , tout en sachant qu'il faudra continuer à travailler. Rien n'est acquis ». 

 

Prochain stage dans le Vercors au lieu de la Scandinavie, un handicap ?  


« Effectivement par manque de neige partout en Scandinavie, on nous a informé que nous allions à Vassieux en Vercors du 8 au 14 novembre mais nous allons  tout de même partir à Ostersund le 20 afin de pouvoir skier avant l'ouverture de la coupe du monde le 30 novembre. Les coachs ont tout essayé, mais la neige se fait attendre partout, alors on fera du ski roue ce qui ne me changera pas des autres années en fait. 
Je ne sais pas si c'est un handicap, en tout cas, on sait tous qu'il n'y a pas de neige en ce moment et que toutes les équipes nationales sont dans la même situation  que nous, annulent ou repoussent leur stage de préparation. C'est sûr qu'en cette saison, il est préférable de faire des "kilomètres" en ski avant de débuter la saison car une fois les courses commencées c'est difficile de  faire du volume. Mais j'ai toujours commencé mes hivers sans avoir skié ou très peu, alors je ne m'inquiète pas. C'est juste moins de plaisir car mettre les skis démangent .Mais je pense que nous allons faire un bon stage dans le Vercors, d'autant plus que ce sera mon premier avec l'équipe A. »

 

Dans moins d'un mois, tu fêteras tes débuts en coupe du monde. Quels sont tes objectifs ?


 « J'y vais sans objectifs particuliers à part faire du mieux que je pourrai en ski comme en tir. Le but sera d'apprendre au maximum, d'avoir les yeux grands ouverts pour imiter les meilleurs. Il faudra aussi gérer le changement d'atmosphère par rapport aux championnats du monde juniors et aux IBU Cup. De plus, se dire que l'on va courir contre des gars comme Bjoerndalen, qui m'a attiré avec Raphael Poirée vers le biathlon, mais aussi des Svendsen, Boe... sans oublier les français qui connaissent bien la coupe du monde et performent. 
Bref, il faudra regarder, apprendre mais ne pas se laisser prendre au piège, se dire que l'on y va surtout pour courir. Même si je ne me mets pas d'objectifs, il est dans le sang de tous les compétiteurs de donner le meilleur de soi-même. Une fois la course lancée, tout est entre nos mains, du moins pour notre performance ; après ce sont les autres qui font le classement. »

 

 Avec Martin Fourcade dans ton équipe, tu as la chance de t'entrainer avec un des trois meilleurs mondiaux. C'est un modèle pour toi ?


 « C'est sûr que ce que fait Martin depuis plusieurs  saisons est exceptionnel, et bien sûr que c'est un modèle. Mais je pense que tous les membres  de l'équipe A sont des modèles et tous peuvent prétendre au podium. La France est une des nations les plus fortes du circuit, c'est une chance de pouvoir les côtoyer en stage et lors de compétitions. Je n'ai rien à envier par rapport  aux jeunes norvégiens, ou allemands. »