Sofia Goggia : « Je suis libre »
Ces mots, prononcés avec conviction par Sofia Goggia, résonnent comme un mantra.
Lors d’une récente rencontre avec la presse italienne, la star de la vitesse s’est confiée sur sa quête de liberté intérieure, sur les pistes comme dans sa vie personnelle.
« Les moments où je me suis sentie le plus libre sont ceux où j’ai été la plus performante sur les skis. Je pense être désormais une athlète mature, consciente de ma valeur, sur les pistes et en dehors. Aujourd’hui, je me sens exactement là où je veux être. »
Pourtant, ce sentiment d’équilibre n’a rien d’un acquis. Championne olympique en 2018, Sofia Goggia a traversé des épreuves qui auraient pu briser plus d’une athlète.
« Mon parcours a été différent des autres, marqué par de nombreuses blessures. Après trois ligaments croisés et neuf opérations, on pourrait se demander pourquoi continuer.
Mais j’ai toujours voulu atteindre ce que je n’avais pas encore accompli, ce que je pensais pouvoir atteindre. »
Une ténacité et une volonté à toute épreuve
Sofia Goggia a su transformer, non sans mal, chaque obstacle en tremplin. Depuis 2022, elle a repensé sa vision du sacrifice : « J’ai appris que le mot ‘sacrifice’ vient de ‘sacrum facio’, rendre sacré ce que l’on fait. »
« Les sacrifices d’un athlète ne sont pas ceux d’une personne avec une famille nombreuse et un emploi précaire.
Nous, les athlètes, sommes privilégiés. Nous vivons de notre passion. C’est une vie exigeante, dure, parfois épuisante, mais tellement belle. »
Malgré son optimisme intérieur, l’Italienne a eu beaucoup de mal à se remettre de sa dernière grosse blessure, survenue en février 2024.
« J’ai toujours réussi à revenir en pleine forme, mais cette fois, j’ai beaucoup plus souffert. Peut-être parce que je ne suis plus une jeune fille. J’ai ressenti une obscurité intérieure, une peur de ne pas avoir la force de surmonter cette épreuve. »
Sofia Goggia, qui travaille beaucoup sur elle-même, pense aussi que rien n’arrive par hasard.
« Je pense que les traumatismes majeurs sont souvent le reflet de conflits internes. À ce moment-là, je n’étais probablement pas sûre de la direction que prenait ma vie.
Et pourtant, j’ai sauté le pas. Je me suis trompée sur trois centimètres, mais j’ai continué. »
Une championne qui étudie en parralèle
En parallèle de ses exploits sportifs, Sofia Goggia cultive son esprit. Elle est désormais toute proche de valider sa licence en sciences politiques à l’université Luiss de Rome, une des plus cotées en Italie.
Elle avoue que concilier études et carrière de haut niveau n’a pas été une mince affaire.
« Les livres, la lecture, l’apprentissage, je n’en ai jamais eu peur. Mais le rythme était intense.
Passer deux examens avant de partir pour l’Argentine à 22h pour étudier la macroéconomie… je me demandais parfois pourquoi je m’infligeais ça ! » sourit-elle.
Ce diplôme, prévu pour 2026, lui tient à cœur : « C’est un programme qui donne des bases solides en droit, en économie, en jurisprudence. Cela m’aide à mieux comprendre le monde complexe dans lequel on vit. »
Sofia Goggia, 32 ans, championne olympique de descente en 2018 et vice-championne olympique en 2022, rêve d’un triplé historique et inédit en février prochain sur la piste de Cortina, un lieu à part, explique-t-elle.
« C’est magique. Il y a ce vieux télésiège trois places qui vous emmène de la Duca d’Aosta au départ. À l’aube, dans le silence, les Tofane baignées de soleil… on se sent plongé dans une poésie. »
Entre rêves et ambitions, Sofia Goggia reste lucide : « Je rêve toujours, mais parfois, je fais aussi un cauchemar. » conclut cette championne à la formidable résilience.