Damir Dzumhur : un combat pour la vie et un retour triomphal sur les courts

Imaginez-vous cloué sur un lit d’hôpital, loin de chez vous, avec une douleur si intense qu’elle vous vole le sommeil, et l’incertitude qui vous ronge : reviendrez-vous un jour à la vie normale ?

C’est l’épreuve qu’a traversée Damir Dzumhur, le joueur de tennis bosnien, en 2022, après un diagnostic brutal de pancréatite aiguë.

Dans une confidence bouleversante, faite sur le site l’ATP, il raconte ce cauchemar qui a failli lui coûter la vie, mais aussi son incroyable retour sur les courts, porté par l’amour de son fils et une détermination sans faille.

Un calvaire après Roland-Garros

Tout a basculé après une défaite au premier tour des qualifications de Roland-Garros 2022 contre Fernando Verdasco. Une douleur abdominale insoutenable s’installe.

Dzumhur contacte un médecin, direction l’hôpital. Le verdict tombe : pancréatite aiguë. Il est transféré en soins intensifs pour six jours interminables.

« La douleur était insupportable, je ne dormais qu’avec des analgésiques puissants. Les nuits semblaient ne jamais finir, comme si le temps s’était arrêté », confie-t-il.

Les médecins, perplexes, ne trouvent pas la cause. Pour un homme jeune, en bonne santé, sans excès, c’est un mystère.

Pendant trente jours, il reste hospitalisé en France, loin de sa famille et de son fils Luka, né quelques mois plus tôt. Le tennis ? Un lointain souvenir.

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La lumière au bout du tunnel : son fils Luka

Face à l’incertitude, Dzumhur insiste pour être transféré à Belgrade, malgré l’opposition des médecins parisiens.

« Ils m’ont sauvé la vie, je leur dois tout », reconnaît-il avec gratitude. Mais il a besoin de sa famille, de son fils. À Belgrade, il passe deux semaines et demie supplémentaires à l’hôpital.

Là, un moment magique éclaire son calvaire : revoir Luka. « Savoir qu’on vit pour quelqu’un, ça change tout. Les enfants vous donnent une énergie unique », dit-il, la voix chargée d’émotion. Ce petit garçon devient sa boussole, sa raison de se battre.

Un retour contre toute attente

Après plus de vingt jours d’hospitalisation, Dzumhur sort enfin , mais il n’est plus que l’ombre de lui-même : 11 kilos perdus, un corps affaibli à 55 kilos.

« Je ne pensais pas au tennis. J’étais juste heureux d’être en vie », avoue-t-il. Pourtant, l’envie revient.

Lentement, il reprend du poids, s’entraîne, puis ose la compétition. En août 2022, il dégringole à la 243e place mondiale, loin de son meilleur classement (23e en 2018).

Revenir dans le Top 100 ? Un rêve fou. Mais Dzumhur n’abandonne pas. Un an plus tard, il réintègre le Top 100 et se rapproche aujourd’hui du Top 50. « C’est fantastique », sourit-il.

Le tennis, un sport qui repousse les limites

À 33 ans, Dzumhur se sent en pleine forme. « Le tennis a changé. Des légendes comme Djokovic, Monfils ou Wawrinka jouent encore à 38, 39, 40 ans. C’est incroyable. »

Lui aussi veut écrire la suite de son histoire. Et quelle scène pour le faire !

À Cincinnati cette semaine, il va à nouveau affronter Carlos Alcaraz, l’un des prodiges du tennis mondial. « Il a un plan pour tout, de A à Z. C’est l’un des joueurs les plus rapides, avec un jeu tellement varié », s’enthousiasme Dzumhur.

Après une première confrontation à Roland-Garros, il savoure cette nouvelle chance. « Il y a trois ans, j’étais au bord de la mort. Aujourd’hui, je fais ce que j’aime. C’est tout ce qui compte. »

Le saviez-vous ?

Damir Dzumhur est le premier joueur bosnien à avoir remporté un titre ATP, et il compte trois trophées, remportés en 2017 et 2018, sur le circuit principal.