« La vitesse n’est pas le vrai danger »

Suite au décès tragique de Matteo Franzoso et aux terribles chutes de Cyprien Sarrazin et Aleksander Aamodt Kilde, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer des pistes trop dangereuses et des vitesses jugées excessives.

Aujourd’hui, le colosse italien Dominik Paris (36 ans, 100 kg et plus si affinités) a pris la parole dans la presse pour livrer un avis différent.

Cinq fois vainqueur à Bormio et trois fois à Kitzbühel, deux pistes parmi les plus exigeantes du circuit, Paris parle en connaissance de cause et avec franchise.

« Les responsables de la FIS n’ont toujours pas compris que dans les disciplines de vitesse, le plus dangereux, ce n’est pas de skier en ligne droite. Dans la plupart des cas, ce sont les virages qui provoquent les chutes fatales. »

Pour appuyer son propos, relayé par le Blick, il cite un exemple précis :

« Même si des vitesses supérieures à 160 km/h ont déjà été enregistrées dans le Haneggschuss du Lauberhorn, je n’ai jamais vu de chute à cet endroit. En revanche, dans le virage d’entrée du Haneggschuss, oui… »

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Les raisons de chaque chute sont différentes

En septembre, lors d’un camp d’entraînement à La Parva, au Chili, Dominik Paris a vécu l’horreur de près. Son compatriote Matteo Franzoso, 26 ans, a lourdement chuté et est décédé deux jours plus tard.

« Le drame de Matteo m’a profondément touché. Mais je ne comprends pas que cette piste soit soudain considérée comme trop dangereuse.

On s’y entraîne depuis 40 ans sans accident grave. Jamais je n’aurais imaginé qu’un tel drame puisse s’y produire. »

Avec son franc-parler habituel, il relativise : « Des gens meurent parfois en tombant dans les escaliers ou d’un échafaudage, mais personne ne remet en cause le monde du bâtiment pour autant. »

La perte d’un jeune compatriote l’a secoué, mais Dominik Paris refuse de céder à la panique collective : « Toutes les chutes ne se ressemblent pas. »

« Dans le ski, on met à tort toutes les chutes dans le même sac. Pourtant, on ne peut pas comparer celle de Cyprien Sarrazin à Bormio avec celle d’Aleksander Aamodt Kilde à Wengen. »

« Les accidents de décembre dernier à Bormio étaient surtout liés à une mauvaise préparation de la piste. On n’avait pas arrosé comme d’habitude, ce qui a créé des conditions dangereuses. »

« En revanche, la chute d’Aamodt Kilde n’était pas due à la piste, mais à sa grippe. Il ne fallait pas le laisser partir dans cet état. »

Pour lui, la solution est claire, et il tape du poing sur la table :

« Un athlète tentera toujours sa chance, même malade. C’est pour cela qu’il faut un médecin indépendant, comme en Formule 1 ou en MotoGP, qui décide si un coureur peut prendre le départ ou non. »

Le savais-tu ?
Dominik Paris a remporté 17 victoires en Coupe du monde, dont 8 sur la légendaire piste Stelvio de Bormio. Il est considéré comme l’un des meilleurs descendeurs de l’histoire moderne du ski.