Il rêvait de la vie parentale mais aujourd'hui il craint d’être pris en étau entre 250 jours de déplacement par an, la gestion d’un nouveau-né et de la vie familiale.
Un dilemme qui génère des maux de tête pour Johannes Dale-Skjevdal.
"Je n’ai aucune envie de me retrouver dans cette impasse" indiquait-il fin octobre, lorsqu'il a ouvert les portes de son domicile de Lillehammer à la NRK. Pour accueillir les journalistes, le biathlète tenait son petit Jon, 2 mois, dans ses bras.
Cette existence a toujours été un rêve pour lui et son épouse Kristina Dale-Skjevdal, mais tout n’est pas idyllique. Devant eux s’étend une saison olympique qui exige de longues absences du domicile familial.
Le congé paternité n’existe tout simplement pas dans l’univers du sport de haut niveau et celà semble beaucoup ennuyer Dale, un peux comme Johannes Boe quelques années plus tôt.
"En tout cas, je n’ai pas envie de me retrouver dans une situation où je me sens obligé d’arrêter ma carrière à cause de la famille et du fait d’être trop souvent absent, confie t'il.
Trouver des solutions
Le biathlète a commencé dès octobre à réfléchir aux aménagements pour cette saison. Lors du week-end d’ouverture à Geilo mi-novembre, la fédération a mis à disposition de la famille une chambre plus grande afin qu’ils puissent rester ensemble.
Cette solution, il l’avait lui-même demandée et elle a été acceptée immédiatement. Johannes Dale félicite sa fédération pour les aménagements déjà mis en place, tout en réclamant, de manière plus générale, des cadres plus stables pour les jeunes parents dans le sport de haut niveau.
"Je n’attends pas qu’on puisse emmener la famille en permanence auprès de l’équipe. Je ne pense d’ailleurs pas que ce soit une bonne solution. Mais pouvoir les avoir avec soi une semaine ou cinq jours lors d’un stage de trois semaines, cela ferait déjà une énorme différence" estime t'il.
Un cas isolé en Norvège
Johannes Dale est pour l’instant le seul parent au sein de l’équipe nationale de biathlon, tant chez les hommes que chez les femmes. Mais il doute que cela dure et appelle dès maintenant à des mesures préventives pour retenir les jeunes parents dans le sport de haut niveau.
J’espère que l’on pourra aménager les choses de manière satisfaisante, pour qu’il soit possible de concilier les deux. Se retrouver face à ce choix, c’est vraiment pénible, ajoute-t-il.
Le directeur de l’équipe nationale de biathlon, Per Arne Botnan, reconnaît qu’il y a longtemps qu’ils n’ont pas été confrontés à une telle question d’aménagement pour des parents de jeunes enfants.
Même si Johannes Boe était père ces dernières années en tant que biathlète, il a choisi de séparer plus nettement vie familiale et vie de sportif de haut niveau. La dernière fois que la fédération s’est trouvée dans cette situation, c’était lorsque Liv Grete Skjelbreid était devenue mère en 2003.
L’année suivante, Skjelbreid remportait quatre titres mondiaux à Oberhof grâce aux aménagements accordés par la fédération.
Notre mission est de tout mettre en œuvre pour que nos athlètes performent au mieux sur la scène internationale.
"Être le plus professionnel possible. Si un détail doit être ajusté pour qu’il fonctionne au mieux, c’est du gagnant-gagnant. Nous n’avons aucun intérêt à dire que « c’est totalement exclu, ce n’est pas possible », explique Botnan.
"Nous comprenons parfaitement la réflexion de Johannes, et nous trouverons certainement une bonne solution" poursuit Botnan.