Durant ces mondiaux de ski nordique, organisés chez eux en Finlande, tous les fondeurs du pays ont utilisé des produits dopants pour briller lors de chaque épreuve. Un scandale d'état qui sera révélé des années plus tard;
Ce scandale reste indissociable du nom de Mika Myllylä, sacré quadruple champion du monde et une fois champion olympique, durant les années précédant cette affaire.
Aujourd'hui, son ex-épouse, Suvi Paavola, révèle des détails affolants sur la manière dont il conservait son l'érythropoïétine (EPO) dans le réfrigérateur familial, à côté de produits du quotidien comme le lait, le beurre et les pâtes à tartiner.
Un quotidien centré sur le dopage
Myllylä, skieur de fond finlandais, avait recours à l'EPO, une substance prohibée, pour booster ses performances. Ce produit augmente la production de globules rouges, améliorant ainsi l'absorption d'oxygène, essentielle dans une discipline comme le ski de fond.
Suvi Paavola explique, dans un livre sorti récemment, que son mari a été transparent dès le départ concernant son dopage. Il lui aurait annoncé sans détour sa décision de se tourner vers cette pratique.
"Suvi, j’ai pris la décision de commencer à utiliser l’EPO, ce médicament miracle", aurait-il déclaré, selon ses propos rapportés dans le livre.
D’après Paavola, les injections d’EPO faisaient partie intégrante du quotidien de Mika, particulièrement avant et pendant la saison de compétitions, en complément d’autres suppléments alimentaires autorisés.
Piégé par un Norvégien
Après les Championnats du monde de 1999 à Ramsau, où Myllylä a décroché trois médailles d’or, son épouse a commencé à remarquer des signes d’épuisement chez lui. À cette époque, il vivait également dans la crainte d’être démasqué.
On lui avait assuré que l’EPO était indétectable par les tests antidopage de l’époque et sans danger pour la santé.
Lors des Championnats du monde de 2001 à Lahti, les skieurs finlandais n’ont pas été pris pour usage d’EPO, mais pour avoir utilisé du Hemohes, un expanseur plasmatique destiné à abaisser le taux d’hémoglobine dans le sang.
Cette substance permettait de masquer l’utilisation d’EPO en maintenant l’hémoglobine sous la limite autorisée. Le piège a été tendu par le chasseur de dopage norvégien Rune Andersen a conduit à l’arrestation des athlètes finlandais, provoquant leur indignation.
Une justification liée à la concurrence
Le recours à l’EPO par Myllylä aurait débuté après une réunion organisée à l’automne 1993 par l’entraîneur de l’équipe nationale finlandaise, Pekka Vähäsöyrinki.
Ce dernier, accompagné de Myllylä et de deux autres skieurs anonymes dans le livre, avait partagé ses conclusions : les grandes nations du ski de fond, telles que la Norvège, la Suède, l’Italie et la Russie, utilisaient déjà l’EPO, au plus tard depuis les Jeux olympiques de 1992 à Albertville.
Pour Vähäsöyrinki, les Finlandais n’avaient d’autre choix que de faire pareil pour rester compétitifs. "Je donne mon feu vert, mais la décision revient à chacun", aurait-il affirmé, selon le livre.
Ces révélations font froid dans le dos mais elles ne devraient pas surprendre les initiés et les passionnés de la discipline qui ont dû avaler pas mal de couleuvres durant ces tristes années.
Le scandale de Lahti 2001 a conduit à l'exclusion de six fondeurs finlandais et reste l'une des plus grandes affaires de dopage de l'histoire du ski de fond.