Jacques Jefferies s'explique
Mis sur le côté par la Fédération Française, Jacques Jefferies a tenté de rebondir au sein du Team Haute Savoie Nordic mais malgré tous ses efforts, il a compris que les portes du haut niveau, à 23 ans, ne s’ouvriraient plus.
« C’est extrêmement dommage, parce que si tu es un athlète qui fait partie des équipes de France, pendant la préparation, si tu te blesses, on te redonnera toujours des chances. Mais quand tu es un athlète qui sort des comités, c’est impossible. »
« Ce qui m’a toujours frappé, c’est cette différence de traitement entre les athlètes intégrés aux équipes de France et ceux issus des comités. »
« Quand tu es en équipe nationale, même blessé ou en méforme, on te redonne toujours une chance, on t’attend, on adapte ton calendrier. »
« Mais quand tu viens des comités, c’est comme si tu n’avais pas le droit à l’erreur. La moindre blessure, le moindre faux pas, et tu es dehors. Il faut être constamment au-dessus du lot pour simplement avoir le droit d’exister dans leurs plans. »
« C’est une injustice que beaucoup ressentent, mais dont personne n’ose parler. » écrit-il sur son site.
Une décision forte
« Au printemps de cette année, il était temps pour moi de prendre une décision et de prendre les choses en main. Quand je vois l’historique de mes performances, tout simplement, la Fédération a des plans et malheureusement, je n’en fais pas partie. »
« Début du mois d’avril, j’appelle le directeur des équipes de France de biathlon, Stéphane Bouthiaux, pour lui indiquer que je souhaitais quitter la Fédération Française de Ski et rejoindre la Fédération Britannique. »
« Je m’en souviens très bien de l’appel. C’était très court. Stéphane comprenait ma décision et je suis reconnaissant du fait qu’il ne me mette pas de bâton dans les roues. C’est une décision extrêmement dure. »
« Si elle était simple, je serais parti il y a longtemps. Cette option a toujours été là. Mais je n’ai jamais voulu la prendre. »
« Quand je regarde toutes les années que j’ai passées au sein de l’équipe de France, je suis extrêmement fier du parcours que j’ai eu. Je suis extrêmement reconnaissant de l’opportunité que Stéphane Bouthiaux et toutes les autres personnes au sein de la Fédération Française de Ski m’ont donnée. »
« Je pense à mes coachs, Simon Fourcade, Claire Breton, Rachel Demangeat. C’est clair, je quitte la meilleure nation du monde mais je ne regrette pas, j’ai profité à 100% du système. »
Des reproches et un vrai franc-parler
« La raison que j’écris tout ceci, c’est parce que beaucoup comprennent, et beaucoup savent pourquoi je pars, mais certains ne comprennent pas ce qui se passe à l’intérieur de la Fédération. »
« Même si tout est très beau à l’extérieur, avec des victoires, des podiums, des globes, à l’intérieur, c’est une Fédération qui a vraiment du mal à avoir une vision claire de ce qu’elle veut. »
« L’équipe B Homme a changé de coach quatre ans de suite. Tu ne peux pas former des athlètes en changeant leur coach quatre années de suite, c’est impossible.
Ça crée du flou, ça crée du questionnement au sein des athlètes, et malheureusement, aujourd’hui, ça se voit aussi un petit peu dans les résultats. »
« Certains diront que je ne suis peut-être pas assez reconnaissant du soutien que j’ai pu avoir au sein de cette équipe de France, mais je l’assure que je suis reconnaissant, je sais tout ce que cette équipe de France m’a apporté. »
« Je sais aussi que je n’ai pas été un athlète très facile à gérer. Je suis un athlète qui parle, qui n’hésite pas à dire quand les choses sont dures, et j’assume cela, et je continuerai à me battre pour cette équipe de France, même si je ne suis plus officiellement un de ses athlètes. »
Désormais, Jacques Jefferies défend officiellement les couleurs de la Grande-Bretagne avec l’objectif majeur de se distinguer en coupe du monde, pour participer ensuite aux Jeux Olympiques 2026 et poursuivre ses rêves.
Jacques Jefferies a été champion du monde junior de relais en 2022 avec l’équipe de France.