L’athlétisme mondial face à une controverse majeure

Si le changement de nationalité est fréquent dans le sport, il prend une nouvelle dimension lorsque la réglementation permet de l’opérer d’un simple trait de plume.

World Athletics (WA) est aujourd'hui critiqué pour avoir trop longtemps ignoré les pratiques de certains pays qui recrutent des talents dans les nations en développement, à l’image de la Turquie.

Selon SportMax, deux champions jamaïcains auraient succombé à une offre alléchante de la Turquie : Roje Stona, champion olympique 2024 du lancer du disque, et Rajindra Campbell, médaillé de bronze au lancer du poids à Paris.

Tous deux auraient déjà entamé des démarches auprès de WA pour changer de nationalité. Ils pourraient être rejoints par Jaydon Hibbert, champion du monde U20 de triple saut et étoile montante, ainsi que Wayne Pinnock, vice-champion olympique 2024 du saut en longueur.

Cette vague, qui concerne trois des six médaillés olympiques jamaïcains de 2024, pourrait s’élargir.

Le ministre turc des Sports, Onder Ozbilen, a confirmé à la télévision jamaïcaine ce transfert pour Stona et Campbell : « Il y aura un projet pour eux, un investissement, ils seront nos ambassadeurs. »

L’offre inclut une prime initiale de 500 000 euros, un salaire mensuel confortable et des récompenses olympiques parmi les plus généreuses au monde : à Paris 2024, la Turquie a versé 531 000 dollars pour l’or, 313 000 pour l’argent et 157 000 pour le bronze.

Un obstacle malgré tout ?

Cependant, un obstacle se dresse : la réglementation de WA impose un délai de trois ans entre un changement de nationalité et une participation internationale sous les nouvelles couleurs, or les Jeux de Los Angeles débutent le 14 juillet 2028, dans à peine trois ans.

L’Unité d’intégrité de WA devra également examiner cette affaire, car tout changement de nationalité motivé par des accords financiers est interdit.

La Turquie n’en est pas à son premier recrutement d’athlètes étrangers. Jusqu’ici, elle s’était concentrée sur des coureurs de fond éthiopiens et kenyans, souvent renommés pour adopter une consonance plus « ottomane ».

Ce virage vers la Jamaïque, avec des athlètes de renom, marque une nouvelle étape dans ses ambitions sportives, mais suscite surtout des interrogations éthiques sur le marché des talents en athlétisme.

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