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Un comportement qui fait parler

Il n'est pas commun sur la planète biathlon de voir un champion du monde manquer cinq cibles sur le même tir. Un cauchemar vécu par Emilien Jacquelin dimanche, sur le second tir couché du mass-start.

Très touché par son tir catastrophique, le Dauphinois a ensuite hésité sur la conduite à tenir, entre abandon, poursuite de la course en monde compétition, ou continuer en mode plus tranquille, le choix qu'il a finalement effectué.

En larmes, "après avoir mis tout son coeur dans ce mass start" comme il l'a expliqué après la course, Emilien Jacquelin terminera à plus de 7min de Sturla Holm Laegreid sur un rythme qui n'a plus à tout le monde.

"Nous ne ferions jamais cela en équipe de Suède" a expliqué le coach Johannes Lukas, "Si je vois un de mes biathlètes s'arrêter sur la piste, en pleine course, je prendrai une sanction.

"Lorsqu'on prend le départ d'un mass-start, où seuls 30 biathlètes sont au départ, on doit tout donner du début à la fin" ajoute Peppe Femling.

Même avis pour le leader Suédois Sebastian Samuelsson : "Je ne ferais jamais cela, aux mondiaux nous devons respecter les courses et toujours se donner à fond."

Interrogé lui aussi le Norvégien Vetle Sjastad Christiansen n'est pas tendre : "C'est un comportement typiquement Français, dès qu'ils ne peuvent plus jouer la gagne, ils arrêtent tout."

Visiblement les Scandinaves n'ont pas du tout apprécié le comportement d'Emilien Jacquelin sur la piste.

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Michael Roesch en soutien

En revanche, l'ancien biathlète Allemand, sacré champion olympique du relais en 2006, comprend mieux la démarche du Dauphinois.

"J'aurais vraiment été ennuyé de le voir abandonner la course. Il faut comprendre que Jacquelin est un gagneur, son langage corporel et sa façon de courrir montre qu'il veut être le patron.

Sa façon d'être ne convient pas ou ne plait pas à tout le monde mais il aime jouer avec ses rivaux, il aime mettre le doute, faire entrer la tactique dans le jeu, un peu à la manière des cyclistes.

Il sait qu'il est fort et il faut juste le laisser tranquille avec ça."

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La réponse d'Emilien Jacquelin

Suite à notre article, le double champion du monde de poursuite a tenu, sur notre page Facebook Ski Biathlon Sports Infos à répondre personnellement aux Scandinaves :

Est ce que c'est de ma faute aussi si ils n'ont pas fait de médailles sur cette course? Je les ai gêné ? Chacun son caractère, chacun ses motivations. Les miennes hier étaient de jouer la médaille et surtout la gagne.

5 tours c'est rédhibitoire, et à toutes les personnes qui font la comparaison avec Johannes, entre 5 tours sur un tir ou 1 ou 2 fautes sur chaque tir il y a une grosse différence.

Mon comportement n'a gêné personne, mes émotions et les motivations qui me pousse chaque jour à m'entrainer et à faire du haut niveau sont surement bien différentes des Scandinaves. Mais leurs réflexions sont à l'image de leurs courses. Sans passion.

Chacun son avis, mais voici le mien. Désolé de vivre les courses, désolé de courir avec le coeur, et non avec la raison. On règlera ça sur la piste."