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Une nation en difficulté

L'équipe de France et l'ensemble de ses skieurs avaient près de sept ans pour préparer les mondiaux de Courchevel Méribel, sept ans pour construire une équipe, faire progresser une génération avec cet objectif d'une vie en tête.

Mais, il faut le dire, depuis l'élection des deux stations Savoyardes, rien n'a changé. Le ski Tricolore a continué de s'appuyer sur ses deux immenses stars Alexis Pinturault et Tessa Worley.

Clément Noel, une bénédiction, un talent fou comme en voit rarement, est ensuite apparu pour devenir champion olympique de slalom, et Mathieu Faivre a su devenir champion du monde de géant en 2021 et médaillé de bronze olympique en 2022.

En revanche, et c'est bien LE gros problème, la relève ne parvient pas à franchir les portes vers le haut niveau. Aucun nouveau nom Tricolore n'est apparu parmi les meilleurs en coupe du monde depuis beaucoup trop longtemps, et cela commence à faire tâche.

Même en coupe d'Europe, sur le circuit B, là où les espoirs s'aguerrissent, les satisfactions Tricolores sont rares et souvent sans lendemain. On se souvient par exemple de Loevan Parand, 3e du général du géant en Coupe d'Europe, qui a totalement disparu cette saison.

Un exemple parmi d'autres. Et pour ne rien arranger plus aucun skieur et encore plus skieuse polyvalente, capable de briller en géant comme en descente, en slalom comme en géant, n'existe dans notre pays.

Seul Alexis Pinturault tient la baraque et c'est très inquiétant.

Certes on voit apparaître un autre talent de Courchevel Alban Elezi Cannaferina, lui aussi polyvalent, et déjà sélectionné pour les mondiaux cette année, mais s'en remettre, déjà aujourd'hui à une jeune de 18 ans, témoigne de beaucoup de ratés et surtout d'un manque cruel de densité.

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Repenser le systême

Le ski Français a besoin d'une totale réorganisation, du bas en haut de la pyramide, avec des objectifs ciblés, sur le long terme. Il ne sert à rien de devenir le champion de son village à 18 ou 19 ans pour se planter derrière.

La finalité du ski de compétition ce sont les podiums en coupe du monde, aux mondiaux et aux JO. Le ski Tricolore a également besoin de stabilité, de compter durablement sur un encadrement fiable et compétent, et non pas de changer de coaches ou de méthodes chaque année.

Le ski Français a également besoin d'un plus grand soutien des stations qui, sauf exception, ne mettent pas, ou ne veulent, mettre des pistes à disposition des clubs, des comités et des équipes nationales.

Qu'est ce qui empêche, à part une vraie volonté, aujourd'hui une station de préparer régulièrement des pistes et de les privatiser de 6h à 9h du matin pour les skieurs de compétition, comme savent le faire les Suisses et les Autrichiens ? 

Il faut également un soutien de la part des médias nationaux qui véhiculent le plus souvent une image négative du ski et de la montagne, ce qui décourage, à force, bon nombre de jeunes et de parents.

Bref, le chantier est immense et le nouveau DTN Pierre Mignerey en est conscient. 

"ll n'y a pas eu de miracles, deux médailles (remportées par Pinturault), cela correspond à notre niveau dans la hiérarchie mondiale. On a vu quelques jeunes apparâitre mais il reste encore beaucoup de travail pour devenir plus réguliers et présenter un bilan plus satisfaisant"

Ces deux médailles gagnées par Alexis Pinturault, or du combiné, bronze en super-G, représente le pire bilan de l'équipe de France depuis les mondiaux 2007 où le seul Jean Baptiste Grange avait pris le bronze en slalom.

La France qui a sorti tellement de champions durant le 20e siècle, qui était alors LA référence de la discipline, ne peut pas se contenter des miettes laissées par les autres.

Et les prochaines retraite de Johan Clarey et Tessa Worley ne vont rien arranger...