Née à Kleinarl en Autriche le 27 mars 1953, Annemarie Moser-Pröll n'était pas destinée à mener une vie de star, mais plutôt à la simplicité des montagnes autrichiennes, à l'image de sa famille.

Très tôt, son talent pour le ski se démarque, et à seulement 14 ans, pas loin d'être un record, la petite phénomène fait ses débuts en Coupe du monde.

Sa première course, en 1967 à Badgastein, sera un échec retentissant. Moser-Pröll chute trois fois et termine dernière.

Cet épisode, loin de la décourager, renforce sa volonté et lui servira de leçon. "Je savais que j'avais plus à offrir", dira-t-elle dans une interview.

Quatre ans plus tard, Moser-Pröll est au sommet

Entre 1971 et 1975, Annemarie Moser-Pröll va littéralement écraser la concurrence en remportant cinq fois consécutivement le classement général de la Coupe du monde.

L'Autrichienne devient une énorme star et une véritable légende vivante dans son pays.

Sa manière de dévaler les pistes en choisissant des trajectoires que personne d’autre n'osait emprunter lui vaut le surnom de "Tigresse de Kleinarl".

Moser-Pröll remporte des titres dans toutes les disciplines : descente, slalom géant, combiné, sauf le titre olympique.

En 1972, favorite des JO de Sapporo, elle devra se contenter de deux médailles d'argent. "Deux médailles d'argent, c'était comme rentrer les mains vides", confia-t-elle des années plus tard avec un sourire amer.

Une pause et un retour gagnant

En 1975, au sommet de sa carrière, Moser-Pröll décide de faire une pause. La maladie de son père l'affecte profondément, et elle choisit de se retirer pour s'occuper de lui.

Pendant cette période, elle ouvre un café dans son village natal, le "Weltcup-Café Annemarie", qui devient rapidement un lieu de rassemblement pour ses fans et les amateurs de ski.

Le café était orné de ses nombreux trophées, rappelant ses incroyables exploits.

Quelques mois plus tard, elle va perdre son papa, qui était aussi sa source d'inspiration. Puis petit à petit, elle ressent l'envie et le besoin de revenir sur le circuit.

En 1979, après quatre ans d'absence, elle fait un retour spectaculaire et l'Autrichienne remporte une sixième Coupe du monde, un exploit qui restera inégalé pendant plusieurs décennies.

Lors des Jeux olympiques de 1980 à Lake Placid, malgré une saison décevante, elle réalise une course fabuleuse en descente pour remporter enfin cette médaille d'or tant convoitée.

"Je savais que c’était ma dernière chance", confie-t-elle plus tard. "C’était la course la plus stressante de ma vie, mais aussi la plus gratifiante."

Un héritage indélébile

Avec 62 victoires en Coupe du monde et surtout 6 gros globes de cristal, Annemarie Moser-Pröll a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du ski.

Son audace, sa ténacité et son style unique ont inspiré des générations de skieuses.

Même après sa retraite, elle est restée une figure incontournable du sport. Elle va être honorée "Sportive autrichienne du siècle" et "Meilleure athlète hivernale du 20ᵉ siècle".

Une sportive simple et abordable

Dans une interview réalisée pour son 70ᵉ anniversaire, Moser-Pröll parle de sa carrière avec une humilité touchante :

"Je n'ai jamais cherché la gloire, je voulais simplement être la meilleure version de moi-même."

La pression et les grosses attentes qui pesaient sur moi m'ont parfois privée du plaisir de skier, mais mon amour de la compétition était toujours supérieur et m'aidait à me surpasser.

Le palmarès exceptionnel d’Annemarie Moser-Pröll

• 6 titres au classement général de la Coupe du monde : 1971, 1972, 1973, 1974, 1975, 1979
• 62 victoires en Coupe du monde :
  • 36 en descente
  • 16 en slalom géant
  • 7 en combiné
  • 3 en slalom
• 114 podiums en Coupe du monde
• 5 titres de championne du monde :
  • 3 en descente (1974, 1978)
  • 2 en combiné (1972, 1978)
• Médaille d’or olympique : Descente (1980, Lake Placid)
• 2 médailles d’argent olympiques : Descente et slalom géant (1972, Sapporo)
• 18 titres de championne d'Autriche, dont 8 en slalom géant