Bernard Hinault : Le Blaireau
Né le 14 novembre 1954 à Yffiniac, dans les Côtes-d’Armor, Bernard Hinault grandit dans une ferme familiale, fils de Joseph, agriculteur, et de May, couturière.
À 14 ans, il découvre le cyclisme en disputant une course locale à Planguenoual, qu’il remporte. « J’ai vraiment pédalé comme si ma vie en dépendait », confie-t-il à L’Équipe en 2019.
À 16 ans, il rejoint le Vélo Club Briochin, s’entraînant avec acharnement malgré les corvées agricoles. En 1972, il devient champion de France junior, attirant l’attention de Cyrille Guimard, futur mentor et directeur sportif.
En 1974, après son service militaire, Hinault passe professionnel avec l’équipe Gitane, dirigée par Jean Stablinski. Il remporte la Route de France 1974 et termine 2e du championnat de France amateur.
En 1975, il gagne le Circuit de la Sarthe et se fait remarquer sur Paris-Roubaix (13e). « Bernard était un bulldog, il ne lâchait rien », témoigne Guimard à Cyclingnews en 2020.
Ces débuts annoncent une carrière marquée par une combativité féroce et un charisme brut, incarné par son surnom, « Le Blaireau ».
Une ascension fulgurante
En 1977, Hinault remporte sa première grande victoire à la Flèche Wallonne, suivie du Critérium du Dauphiné Libéré. En 1978, à 23 ans, il domine son premier Tour de France, remportant trois étapes et le maillot jaune, devenant le plus jeune vainqueur depuis 1947.
« Le Tour, c’était mon terrain de chasse », déclare-t-il à Vélo Magazine en 2015. Il s’impose également au Tour d’Espagne 1978, réalisant un doublé rare.
Sous la direction de Guimard chez Renault-Gitane, il développe un style agressif, combinant puissance en montagne et contre-la-montre d’élite.
En 1980, Hinault gagne Liège-Bastogne-Liège sous une tempête de neige, consolidant sa légende. « J’ai cru que mes doigts allaient geler, mais abandonner n’était pas une option », confie-t-il à Cycling Weekly en 2021.
Sa rivalité avec Joop Zoetemelk et Greg LeMond marque les années 1980, notamment en 1985, lorsque LeMond, son coéquipier, l’aide à remporter son cinquième Tour, un record qu’il partage alors avec Jacques Anquetil et Eddy Merckx.
Les grands titres : une domination historique
Hinault est l’un des trois cyclistes à avoir remporté le Tour de France cinq fois (1978, 1979, 1981, 1982, 1985), avec 28 victoires d’étapes, un record jusqu’en 2007.
Il gagne trois Tours d’Italie (1980, 1982, 1985) et deux Tours d’Espagne (1978, 1983), l’un des rares à réaliser le triplé des Grands Tours.
Avec 147 victoires professionnelles, dont 7 classiques (Liège-Bastogne-Liège 1977, 1980 ; Flèche Wallonne 1979, 1983 ; Tour de Lombardie 1978, 1984 ; Amstel Gold Race 1981), il domine son époque.
« Hinault était une machine, mais avec une âme », déclare Merckx à L’Équipe en 2018.
Il remporte le championnat du monde sur route 1980 à Sallanches, une course brutale où seuls 15 coureurs terminent.
« Ce titre, c’était la consécration », confie-t-il à Olympics.com en 2023. En 1981, il gagne Paris-Roubaix, prouvant sa polyvalence sur les pavés.
Sa rivalité avec LeMond culmine en 1986, où il termine 2e du Tour après avoir promis de l’aider, mais attaque en montagne.
« Je voulais tester Greg, pas le trahir », explique-t-il à Cyclingnews en 2020. Hinault détient 10 victoires en Grands Tours, un record à son époque.
Les défis : blessures et rivalités
Hinault a également surmonté des obstacles majeurs. En 1980, une tendinite au genou le force à abandonner le Tour de France après 12 étapes, alors qu’il portait le maillot jaune.
« C’était ma pire journée de coureur », confie-t-il à Franceinfo en 2019. En 1983, une blessure similaire le prive du Tour, permettant à Laurent Fignon de s’imposer.
Sa relation tendue avec LeMond, notamment en 1985 et 1986, divise les fans, certains accusant Hinault d’égoïsme. « Le cyclisme, c’est une guerre. On ne donne rien », déclare-t-il à Vélo Magazine en 2016.
En 1984, il quitte Guimard pour rejoindre La Vie Claire, un pari risqué qui le mène à deux nouveaux titres du Tour. En 1985, une chute au Tour lui fracture le nez, mais il gagne en souffrant.
« Bernard était un animal blessé qui ne s’arrêtait jamais », témoigne Paul Kimmage à Cycling Weekly en 2020.
Retiré en 1986 à 32 ans, Hinault choisit de partir au sommet, refusant de décliner. « Je ne voulais pas être un coureur de trop », confie-t-il à L’Équipe en 2021.
Une vie après le cyclisme : ambassadeur et agriculteur
Retiré en 1986, Hinault, à 70 ans en 2025, vit à Calorguen, dans sa Bretagne natale, avec sa femme Martine. Agriculteur, il gère une ferme bovine avec son fils Michael, tout en restant une figure du cyclisme.
Depuis 1987, il est consultant et ambassadeur du Tour de France, remettant le maillot jaune sur le podium. « Le Tour, c’est ma maison », déclare-t-il à Franceinfo en 2024.
Il commente pour France Télévisions, critiquant en 2025 sur X la domination de Tadej Pogačar : « Il est fort, mais le peloton doit se réveiller. »
Hinault soutient des causes caritatives via l’association Les Amis de Paris-Roubaix et organise des cyclosportives comme l’Étape du Tour.
Sa fortune, estimée à 10 millions d’euros, provient de ses gains (environ 1 million) et sponsors (Look, Mavic).
Un post X de 2025 montre Hinault à une cyclo à Yffiniac, pédalant avec des amateurs. « Bernard reste un héros local, toujours accessible », témoigne Christian Prudhomme à Cyclingnews
Passionné de chasse et de jardinage, il incarne l’authenticité bretonne tout en continuant de suivre le Tour de France et toute l'actualité du cyclisme avec son oeil aiguisé et sa franchise, elle aussi légendaire.
Anecdotes marquantes
En 1980, à Liège-Bastogne-Liège, Hinault gagne malgré une tempête de neige, ses mains gelées à peine capables de tenir le guidon.
« J’ai cru perdre mes doigts, mais j’ai vu la ligne d’arrivée », raconte-t-il à Cycling Weekly.
En 1985, il aide LeMond à remporter le Tour, mais en 1986, il l’attaque, créant une tension légendaire. « Bernard était un leader, pas un suiveur », confie LeMond à Vélo Magazine en 2020.
En 1981, à Paris-Roubaix, Hinault surmonte sept crevaisons pour gagner, un exploit salué par L’Équipe comme « héroïque ».
Un post X de 2024 raconte une anecdote amusante : lors d’une cyclo, Hinault dépasse un jeune coureur en plaisantant : « Tu pédales comme un touriste ! »
Palmarès
- Tour de France : 5 victoires (1978, 1979, 1981, 1982, 1985), 28 victoires d’étapes (record jusqu’en 2007), 75 jours en maillot jaune.
- Tour d’Italie : 3 victoires (1980, 1982, 1985), 6 victoires d’étapes.
- Tour d’Espagne : 2 victoires (1978, 1983), 5 victoires d’étapes.
- Classiques : 7 victoires – Liège-Bastogne-Liège (1977, 1980), Flèche Wallonne (1979, 1983), Tour de Lombardie (1978, 1984), Amstel Gold Race (1981), Paris-Roubaix (1981).
- Championnats : Champion du monde sur route (1980), champion de France (1976).
- Autres : Critérium du Dauphiné Libéré (1977, 1979, 1981), Tour de Romandie (1980), Grand Prix des Nations (1977-1979, 1981, 1984).
- Récompenses : Vélo d’Or (1978, 1980), Champion des champions français (1978, 1980, 1981), Officier de la Légion d’honneur (1986).
- Statistiques clés : 147 victoires professionnelles, 10 Grands Tours, 41 victoires en classiques et semi-classiques.