Mats Wilander : L’Iceman du tennis suédois

Né le 22 août 1964 à Växjö, en Suède, Mats Arne Olof Wilander grandit dans une famille où le tennis est une passion partagée. Fils d’Einar et Karin Wilander, il est encouragé dès son plus jeune âge à manier la raquette, suivant les traces de ses deux frères aînés.

Dans sa petite ville, Mats développe une éthique de travail remarquable, passant des heures à s’entraîner, même par mauvais temps.

« J’ai toujours aimé la discipline du tennis, la répétition, le travail acharné », confie-t-il dans une interview à *Ubitennis* en 2020. À sept ans, il remporte son premier tournoi junior, posant les bases d’une carrière exceptionnelle.

Ses années juniors sont marquées par des succès fulgurants : il décroche le titre de Roland-Garros junior, les championnats européens des moins de 16 et 18 ans, et l’Orange Bowl des moins de 16 ans à Miami.

Ces victoires précoces attirent l’attention du monde du tennis, qui voit en lui un successeur potentiel à Björn Borg, bien que Wilander admire davantage Ilie Năstase pour son style flamboyant.

« Vous n’idolâtrez pas quelqu’un qui vous ressemble. Vous idolâtrez quelqu’un que vous voulez devenir », explique-t-il à *Tennis Abstract* en 2022, soulignant sa quête d’un jeu plus audacieux.

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Un début de carrière éblouissant 

Mats Wilander devient professionnel en 1981, à l’âge de 16 ans, et s’impose rapidement comme une étoile montante.

En 1982, à seulement 17 ans et 9 mois, il remporte Roland-Garros, devenant le plus jeune vainqueur masculin d’un tournoi du Grand Chelem à l’époque.

Il bat des légendes comme Ivan Lendl, Vitas Gerulaitis, José Luis Clerc et Guillermo Vilas en finale (1-6, 7-6, 6-0, 6-4).

« Je ne m’attendais pas à battre Lendl. J’ai juste décidé de ne pas montrer mes nerfs », confie-t-il à *Tennis Abstract* à propos de sa victoire inattendue. Ce triomphe marque le début d’une ascension fulgurante, propulsant Wilander au 7e rang mondial ATP.

Sa régularité et son sang-froid lui valent le surnom d’« expert-comptable du tennis » par le commentateur Patrice Dominguez.

Contrairement à Borg, connu pour son contrôle total, Wilander mise sur une approche tactique et un jeu de fond de court méthodique, souvent qualifié de peu spectaculaire mais redoutablement efficace.

Son revers à deux mains et sa condition physique exceptionnelle lui permettent de dominer les rallyes, usant ses adversaires jusqu’à l’erreur.

Les grands titres : l’apogée de 1988

Entre 1982 et 1988, Wilander remporte sept titres du Grand Chelem en simple : trois à Roland-Garros (1982, 1985, 1988), trois à l’Open d’Australie (1983, 1984, 1988) et un à l’US Open (1988).

Il devient l’un des rares joueurs à s’imposer sur trois surfaces différentes (terre battue, gazon, dur), un exploit partagé uniquement avec Rafael Nadal et Novak Djokovic.

En 1988, il atteint le sommet de sa carrière en remportant trois des quatre tournois du Grand Chelem (Australie, Roland-Garros, US Open), terminant l’année comme numéro 1 mondial ATP.

« J’ai dû jouer chaque adversaire avec des tactiques, de l’endurance et un tennis à haute probabilité », explique-t-il à *Ubitennis* en 2020, soulignant son approche stratégique.

Cette année-là, il bat Stefan Edberg et Pat Cash à l’Open d’Australie, Andre Agassi et Henri Leconte à Roland-Garros, et Ivan Lendl dans une finale épique de l’US Open (6-4, 4-6, 6-3, 5-7, 6-4) qui dure 4h54.

Il gagne également le Masters de Miami (alors appelé Key Biscayne), un tournoi considéré comme un « cinquième Grand Chelem » à l’époque en raison de son format en cinq sets.

Wimbledon reste son seul regret, avec une meilleure performance en quarts de finale, stoppé par Miloslav Mečíř en 1988. Wilander remporte aussi un titre en double à Wimbledon en 1986 avec Joakim Nyström, et contribue aux victoires de la Suède en Coupe Davis en 1984, 1985 et 1987.

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Une fin de carrière marquée par des défis

Après son apogée en 1988, Wilander connaît un déclin rapide. En 1989, il est éliminé au deuxième tour de l’Open d’Australie, perdant son rang de numéro 1 mondial.

« Une fois que j’ai atteint le numéro 1, je me suis émotionnellement désengagé », admet-il dans une interview à *Medium* en 2021.

Des blessures, notamment au genou, et une perte de motivation affectent ses performances.

En 1995, un contrôle positif à la cocaïne lors de Roland-Garros, partagé avec Karel Nováček, entraîne une suspension de trois mois par l’ATP en 1997, après un appel initial. Wilander doit rembourser 289 005 $ de gains et perd des points au classement.

Il atteint néanmoins la finale du tournoi ATP de Pinehurst en 1996, sa première finale depuis 1990, mais s’incline face à Fernando Meligeni.

Sa dernière apparition en tournoi est une défaite contre Martin Damm à Pékin en octobre 1996, marquant sa retraite officielle à 32 ans.

Malgré ces défis, il revient brièvement parmi les 50 meilleurs mondiaux en 1995, prouvant sa résilience. « Je jouais pour m’amuser, pour retrouver le désir de jouer », confie-t-il à *Larousse* à propos de son retour en 1994.

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La vie après la raquette

Depuis sa retraite, Mats Wilander reste une figure influente du tennis.

Il a été capitaine de l’équipe suédoise de Coupe Davis, entraîneur de joueurs comme Marat Safin (2001), Tatiana Golovin (2007) et Paul-Henri Mathieu (2008), et commentateur pour Eurosport, où il anime l’émission *Mats Point*.

Ses analyses pointues, parfois controversées, captivent les fans.

En 2006, il critique Roger Federer après sa défaite en finale de Roland-Garros contre Nadal : « Federer est sorti sans courage aujourd’hui… Il a peut-être du cœur, mais contre Nadal, ça rétrécit à chaque fois. »

Cette remarque, bien que polémique, inspire le terme « Wilanders » pour désigner le courage compétitif.

Installé dans l’Idaho aux USA, Wilander mène une vie active, pratiquant le ski et la pêche. Il organise des clinics de tennis via son programme *Wilander on Wheels*, où il se déplace en camping-car pour enseigner dans des clubs locaux.

« Voir les joueurs dans leur environnement, avec leurs familles, rend l’expérience tellement plus riche », explique-t-il à *Athletes Quarterly* en 2013.

Il s’engage aussi pour des causes caritatives, notamment pour soutenir les enfants atteints d’épidermolyse bulleuse, une maladie rare dont souffre son fils Eric.

Sa fortune, estimée à 16 millions de dollars en 2024, provient de ses gains (environ 8 millions en carrière) et de ses activités post-retraite.

[](https://mabumbe.com/people/mats-wilander-biography-age-net-worth-family-career/)[](https://athletesquarterly.com/athletes/mats-wilander/)

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Anecdotes marquantes

Wilander est connu pour son fair-play légendaire. Lors de la demi-finale de Roland-Garros 1982, il rend un point à José Luis Clerc sur une balle de match en sa faveur, alors que l’arbitre avait déjà déclaré « Jeu, set et match Wilander ».

« Je voulais gagner proprement », dira-t-il plus tard, un geste qui lui vaut le Trophée Pierre de Coubertin pour le fair-play. Il gagne la finale quelques minutes plus tard, consolidant son lien spécial avec le public français.

Une autre anecdote révèle son humour et son autodérision. Interrogé sur ce qui surprend ses amis, il répond à *Platform Tennis Museum* :

« Ils trouvent agaçant que je sois bon dans tous les sports qu’ils proposent. Bien sûr, je ne joue qu’à ceux où je suis bon ! »

Wilander confesse aussi une faiblesse inattendue : « Je ne sais pas nager. Si c’est une question de vie ou de mort, je peux nager, mais sinon, je coule comme une pierre ! »

Ces traits d’esprit montrent une personnalité attachante, loin de l’image froide de l’« Iceman ».

Palmarès

  • Grand Chelem (simple) : 7 titres – Roland-Garros (1982, 1985, 1988), Open d’Australie (1983, 1984, 1988), US Open (1988).
  • Grand Chelem (double) : 1 titre – Wimbledon 1986 (avec Joakim Nyström).
  • Autres titres : 33 titres en simple, dont 8 Grand Prix Super Series (précurseurs des ATP Masters 1000), et 7 titres en double.
  • Coupe Davis : Victoires avec la Suède en 1984, 1985, 1987.
  • Classement ATP : Numéro 1 mondial en 1988 (20 semaines).
  • Distinctions : Trophée Pierre de Coubertin (1982), Jerring Award (1983), International Tennis Hall of Fame (2002).

Statistiques clés : 33 titres en simple, 7 titres en double, 589 victoires pour 222 défaites en carrière (72,6 % de victoires).