Pirmin Zurbriggen : l’as toutes disciplines

Né le 4 février 1963 dans le petit village de Saas-Almagell, en Valais suisse, Pirmin Zurbriggen grandit avec un télésiège pratiquement dans son jardin.

Fils d’Alois, aubergiste et ancien skieur des années 1940-1950, et d’Ida, il attrape le virus du ski dès l’âge de 7 ans. « Chaque soir après l’école, j’étais sur les skis », confie-t-il à Powder Magazine en 2015.

À 15 ans, il décroche l’or en descente aux Championnats d’Europe juniors 1980 à Madonna di Campiglio. À 17 ans, il rejoint l’équipe suisse et fait ses débuts en Coupe du monde à Val d’Isère en 1981, terminant 31e au général.

En 1982, à 19 ans, il explose avec ses premières victoires à Wengen (combiné) et San Sicario (géant), devançant son futur grand rival, Marc Girardelli.

« J’aimais la vitesse, mais le géant me faisait vibrer », raconte-t-il à FIS-ski.com en 2019.

Entraîné par Karl Frehsner, il devient le premier skieur à triompher dans les cinq disciplines (descente, super-G, géant, slalom, combiné). 

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Un génie du ski

En 1984, à 21 ans, Zurbriggen s’offre son premier globe de cristal général en Coupe du monde, avec quatre victoires, dont un super-G à Oppdal.

Un an plus tard, il entre dans l’histoire à Kitzbühel avec un triplé légendaire : victoire en combiné et dans les deux descentes, devenant le premier à gagner dans toutes les disciplines.

Malgré une blessure au ménisque qui nécessitera une opération, il rebondit aux Mondiaux de Bormio 1985, raflant l’or en descente et combiné, plus l’argent en géant.

La saison 1986-1987 est un feu d’artifice : 11 victoires, le globe général et trois globes de discipline (descente, super-G, géant).

Aux Mondiaux 1987 à Crans-Montana, dominé par une des plus grandes équipe Suisse de l'histoire, Pirmin brille avec l’or en super-G et géant, mais termine deuxième en descente, à 0,33 seconde de Peter Müller.

Une deuxième place qu'il va longtemps regretter : « J’étais si près de l’histoire. »

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Un palmarès incroyable

Zurbriggen collectionne quatre globes généraux (1984, 1987, 1988, 1990), égalant l’Italien Gustavo Thöni, et 13 globes de discipline (3 descentes, 4 super-G, 2 géants, 4 combinés).

Avec 40 victoires en Coupe du monde (11 combinés, 10 descentes, 10 super-G, 7 géants, 2 slaloms), il est cinquième au classement historique.

En 1988, il touche le Graal aux JO de Calgary avec l’or en descente, devançant Müller de 0,51 seconde, et le bronze en géant. « Calgary, c’était ma consécration », confie-t-il à Olympics.com.

Aux Championnats du monde, il amasse neuf médailles : quatre ors (descente et combiné 1985, super-G et géant 1987), quatre argents (géant 1985, descente et combiné 1987, descente 1989) et un bronze (combiné 1989).

En 1987, il rafle cinq des six globes disponibles, un exploit inégalé.

Trois ans plus tard, il boucle sa carrière avec un quatrième globe général et une victoire en super-G à Hemsedal. « J’ai arrêté au sommet, pour ma famille », explique-t-il à Powder Magazine en 2015.

Ses 169 top 10 et sa polyvalence inspirent des légendes comme Lindsey Vonn et Bode Miller, seuls autres à gagner dans les cinq disciplines.

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Les défis : blessures et rivalités

Zurbriggen n’a pas été épargné par les pépins physiques. En 1985, un ménisque déchiré à Kitzbühel menace sa participation aux Mondiaux de Bormio. Opéré d’urgence aux États-Unis, il revient en trois semaines et décroche deux titres.

« Ce genou, c’était le défi de ma carrière », avoue-t-il à Le Matin en 2014.

En 1984, il frôle le podium olympique à Sarajevo, terminant quatrième en descente à 0,1 seconde du bronze.

Sa rivalité avec Marc Girardelli, qui le devance au général en 1985 et 1986, alimente des batailles mémorables. « Marc était mon ombre, mais il m’a poussé à être meilleur », dit-il à FIS-ski.com en 2019.

À Calgary en 1988, un accrochage au 39e piquet en slalom du combiné lui coûte un deuxième or olympique. « J’étais à deux secondes de l’histoire, puis à terre », se souvient-il sur Olympics.com.

En 1989, Girardelli lui vole le globe général, mais Zurbriggen rebondit en 1990 avec 123 points d’avance sur Ole Kristian Furuseth. À 27 ans, il tire sa révérence au sommet, une décision respectée et admirée.

Une vie après le ski : hôtelier et ambassadeur

Depuis sa retraite en 1990, Pirmin, 62 ans en 2025, coule des jours paisibles à Saas-Almagell avec sa femme Monika Julen, sœur du skieur Max Julen, et leurs cinq enfants (Elia, Pirmin Jr., Maria, Alain, Leonie), tous excellents skieurs.

Il gère le Wellness Hotel Pirmin Zurbriggen à Saas-Almagell avec ses parents et l’Apparthotel Zurbriggen à Zermatt.

« Le ski m’a donné une vie, maintenant je rends à ma vallée », confie-t-il à Le Matin en 2014. De 2004 à 2016, il préside la Valais Ski Association, développant un centre national à Brig. En 2001, le CIO lui décerne l’Ordre olympique.

En 2025, Zurbriggen devient est ambassadeur des Mondiaux de Crans-Montana 2027, apparaissant dans une vidéo promotionnelle sur X.

Il soutient aussi le projet de la candidature de la Suisse pour les JO 2034 et commente parfois pour SRF, saluant Marco Odermatt comme son “héritier”.

Sa fortune, estimée à environ 5 millions d’euros, provient de ses hôtels et sponsors comme Authier Skis.

Passionné de trompette et membre de l’orchestre de son village, il restera à jamais une figure adulée et une immense star, discrète et respectée de tous.

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Anecdotes marquantes

En 1985, après son opération du ménisque, Zurbriggen défie les pronostics en gagnant deux médailles d'or à Bormio, surnommé “le genou de la nation” par la presse suisse (Le Matin).

En 1987, à Crans-Montana, il rafle quatre médailles, mais sa deuxième place en descente, à 0,33 seconde de Peter Müller, le marque encore : « J’ai tout donné, mais ce n’était pas assez », confie-t-il à FIS-ski.com.

En 1982, il gagne le combiné de Wengen sans rival, aucun autre skieur ne terminant les deux épreuves.

À Calgary aux JO 1988, sa descente parfaite, sous les yeux de son père, est qualifiée de “chef-d’œuvre” par Jean-Claude Killy (Los Angeles Times).

En 2004, il est nommé “Sportif suisse du siècle” avec Vreni Schneider. 

Palmarès

  • Jeux Olympiques : 2 médailles – Or en descente (1988), bronze en géant (1988).
  • Championnats du monde : 9 médailles – 4 ors (descente, combiné 1985 ; super-G, géant 1987), 4 argents (géant 1985, descente, combiné 1987, descente 1989), 1 bronze (combiné 1989).
  • Coupe du monde : 40 victoires (11 combinés, 10 descentes, 10 super-G, 7 géants, 2 slaloms), 4 globes généraux (1984, 1987, 1988, 1990), 13 globes de discipline (3 descentes 1987-1988, 1990 ; 4 super-G 1987-1990 ; 2 géants 1987, 1990 ; 4 combinés 1985, 1987-1989).
  • Championnats de Suisse : 5 titres (super-G 1989, géant 1986-1987, 1989, combiné 1989).
  • Championnats d’Europe juniors : Or en descente (1980).
  • Récompenses : Sportif suisse de l’année (1985), Ordre olympique (2001), Sportif suisse du siècle (2004, avec Vreni Schneider).
  • Statistiques clés : 40 victoires en Coupe du monde (5e historique), 169 top 10, 1er skieur à gagner dans les 5 disciplines.