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Un succès populaire terni par un déficit économique majeur

Selon les informations des médias Norvégiens, relayées par TV2 et NRK, l’événement, pourtant célébré comme une fête populaire, se solde par une situation économique préoccupante, au point d’évoquer un risque de faillite pour la société organisatrice.

Un contraste saisissant entre succès sportif et déroute financière

Sur le plan sportif, les Championnats de Trondheim ont été une réussite éclatante. Les compétitions de ski de fond, de saut à ski et de combiné nordique ont attiré chaque jour des dizaines de milliers de spectateurs, malgré des conditions météorologiques difficiles.

La Norvège a brillé, décrochant pas moins de 32 médailles, bien que l’événement ait aussi été entaché par un scandale de triche impliquant des combinaisons de saut à ski modifiées.

Mais derrière ce tableau glorieux se dessine une réalité bien moins reluisante : les comptes sont dans le rouge.

Aasne Havnelid, présidente des Championnats, a confirmé à NRK l’ampleur du déficit, sans toutefois révéler de chiffres précis, se contentant de parler d’une « somme importante ».

Selon les estimations de NRK, le déficit atteindrait environ 20 millions de couronnes norvégiennes (environ 1,7 million d’euros).

Cette annonce est un véritable choc, d’autant que le comité organisateur anticipait initialement un bénéfice de 15 à 20 millions de couronnes, destiné à financer des initiatives pour les jeunes et les enfants dans le sport.

« C’est très, très triste et malheureux », confie Havnelid, soulignant que l’objectif était de reverser ces bénéfices pour soutenir la relève du ski norvégien.

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Une série de déconvenues financières

Comment un événement d’une telle envergure, soutenu par une allocation supplémentaire de 10 millions de couronnes juste avant son lancement, a-t-il pu plonger dans une telle crise ?

Plusieurs facteurs expliquent ce fiasco économique. Tout d’abord, les recettes des billets, bien qu’importantes avec 84 millions de couronnes, sont restées en deçà des attentes, avec un manque à gagner de 6 millions par rapport au budget prévu.

Les conditions météo défavorables ont joué un rôle : des prix réduits ont été appliqués pour attirer le public au stade lors des jours de mauvais temps, et les ventes de nourriture, de boissons et de billets VIP ont été décevantes.

À cela s’ajoutent des coûts imprévus. La société de transport AtB a présenté une facture supplémentaire de 6,5 millions de couronnes en raison d’une baisse des recettes des billets de transport.

De son côté, le fournisseur de sécurité Ramudden a facturé 6 millions de couronnes supplémentaires pour répondre à des « exigences de sécurité accrues et une régulation du trafic ».

Les intempéries ont également forcé les organisateurs à investir dans des mesures d’urgence pour sécuriser l’arène après des épisodes de vents violents, alourdissant encore la facture.

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Un risque de faillite et des créanciers en attente

Le tableau est sombre car aujourd'hui le comité des Championnats ne dispose pas des fonds nécessaires pour honorer toutes ses factures.

Aasne Havnelid évoque même la nécessité d’entamer des « discussions volontaires et constructives » avec les créanciers pour éviter une déclaration de faillite.

Cette situation, imprévue, met en péril non seulement l’organisation des Championnats, mais aussi la Fédération Norvégienne de ski (NSF), déjà fragilisée financièrement.

La NSF, qui avait contracté un prêt de 8 millions de couronnes pour l’événement, comptait sur un excédent pour redresser ses comptes.

Ce déficit pourrait donc avoir des « conséquences graves et à long terme », selon Tove Moe Dyrhaug, présidente de l’Association.

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Une gestion critiquée et des leçons à tirer

Le choc est d’autant plus rude que les organisateurs semblaient confiants jusqu’à récemment. Ce n’est qu’à la réunion des propriétaires du 12 mai que la gravité de la situation a éclaté au grand jour, prenant de court les parties prenantes.

Tove Moe Dyrhaug ne cache pas sa déception : « C’est une grande surprise. Nous sommes particulièrement déçus que ce déficit affecte des fonds destinés aux enfants et aux jeunes. »

Le commentateur sportif de NRK, Jan Petter Saltvedt, ne mache pas ses mots et pointe l'amateurisme de la NSF. Pour lui, ce déficit est « complètement impardonnable » et risque de marquer durablement l’histoire des Championnats de Trondheim 2025, éclipsant les exploits sportifs.

« L’histoire ne retiendra pas les combinaisons de saut à ski ou les médailles de Klæbo, mais une gestion financière misérable », déplore-t-il.

Il pointe du doigt une volonté excessive de « vendre un succès » au détriment d’une gestion rigoureuse, privant ainsi le ski norvégien de ressources cruciales pour former les champions de demain.

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Une autocritique et des perspectives incertaines

La direction des Championnats reconnaît toutefois des failles dans son suivi et sa planification. « Rétrospectivement, nous constatons qu’il y a des domaines où nous aurions pu mieux faire », admet Aasne Havnelid.

Une analyse complète des comptes est en cours pour comprendre les écarts et tirer des leçons.

Mais pour l’heure, l’urgence est de gérer la crise avec les créanciers et de limiter les dégâts pour une Fédération, qui ne sort pas grandie de cet évènement, et les futures manifestations sportives en Norvège.

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