Viktoria Metelya brise le silence

Elle est aujourd’hui l’une des meilleures biathlètes russes, mais lorsqu’elle évoque Gagarine, sa ville d’enfance, la voix de Viktoria Metelya se brise.

C’est là-bas, à seulement 11 ans, qu’elle a appris ce que « camp d’entraînement » signifiait vraiment. Pas la rigueur du sport de haut niveau, mais la dureté brute, l’humiliation et l’abandon.

« Des toilettes dehors. Toujours aujourd’hui. Et des entraîneurs qui refusent d’en installer à l’intérieur : “qui va nettoyer après ces gosses ?” » raconte-t-elle, encore choquée.

Pour l’éclairage sur la route menant à l’entraînement ? « Pas besoin ». Un trottoir pour éviter qu’un camion n’accroche un enfant ? « C’est pas notre problème. »

En mai dernier, Metelya a explosé. Elle a tout raconté sur Telegram : la boue, le danger, la peur constante. Son message a été partagé des milliers de fois.

Dix minutes plus tard, les autorités régionales la contactaient. « Calmez-vous, on va s’en occuper. »

Des promesses. Puis… plus rien. « Je suis retournée là-bas il y a un mois », souffle-t-elle.

« Le sol s’effondre déjà dans un bâtiment soi-disant rénové. Le vent passe sous les fenêtres. Tout pourrit. Je suis restée sans voix. »

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Et puis il y avait le reste

À 11–12 ans, on leur confisquait leur nourriture. On écoutait derrière les portes. Un biscuit retrouvé sous un lit ? Coupable. 50 à 100 roubles d’amende pour un tir raté, glissés dans un sac plastique le soir.

Certains enfants maigrissaient à vue d’œil parce qu’on leur répétait qu’ils étaient « trop gros ». Les entraînements continuaient malgré les genoux en feu.

« Un jour, on a trouvé un pain d’épice dur comme du bois sous un lit. On l’a partagé à quatre, affamés. Le lendemain, l’entraîneur savait tout. Il était derrière la porte. »

Metelya a fui à 14 ans, un sac, un train, une nouvelle région, sans prévenir ses parents de peur qu’on la renvoie dans cet enfer.

Aujourd’hui encore, elle reçoit des messages de gamines vivant exactement les mêmes situations. Des skis qui « disparaissent, des chaussures trouées, des entraîneurs fermés à toute discussion.»

Elle le sait : certains de ses anciens camarades n’ont jamais réussi à se relever.

Les garçons ont arrêté. Nastya Zenova, la plus talentueuse de leur génération, a changé de région… puis s’est éteinte sportivement. « On a tous eu besoin d’un psychologue après coup. Tous. »

Pourquoi parler aujourd’hui ? « Parce qu’il y a encore pire ailleurs. Parce que des gamines m’écrivent : “chez nous, c’est pareil”. Parce que je ne veux pas qu’une fille de 12 ans ait peur de parler à ses parents comme moi avant. »

Metelia s’entraîne désormais à Khanty-Mansiïsk, dans un environnement qu’elle décrit comme « un autre monde ». Des installations modernes, un accompagnement sérieux, du respect.

Mais elle n’oublie pas : « Je ne remercierai jamais ces entraîneurs-là. J’ai réussi malgré eux. Certainement pas grâce à eux. »

Son message est clair : ce n’était pas de la discipline. C’était de la maltraitance. 

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