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Six athlètes par nation

C'est le total maximum autorisé par la Fédération Internationale de Ski et par la Fédération International de Biathlon.

Sauf exceptions, les meilleures équipes du monde ne peuvent pas dépasser ce total lors de toutes les épreuves de coupe du monde. 

Ce système a été mis en place pour permettre aux nations plus petites de venir marquer des points, et donc viser le Top 30, plus facilement.

On sait que pour de nombreux pays, le total des points coupe du monde correspond souvent aux budgets alloués par les fédérations nationales.

Cette organisation a été choisie aussi pour permettre à plus de nations de venir jouer les premières places... et par ricochet intéresser un public beaucoup plus important.

Les idées sont fondamentalement bonnes et partent d'un bon sentiment mais dans les faits, les conséquences sont légèrement différentes.

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Toujours les mêmes devant

Malgré ce système de quotas, à la lecture des classements en coupe du monde de ski de fond ou de biathlon, on voit bien que ce sont toujours les mêmes nations qui dominent.

La Norvège et la Russie écrasent le fond masculin, la France et la Norvège dominent outrageusement le biathlon masculin.

Chez les dames, en ski de fond, on retrouve toujours la Norvège, à la bagarre avec la Suède. C'est peut-être en biathlon féminin que davantage de nations peuvent prétendre à la victoire avec les Scandinaves accompagnées de l'Allemagne, la France, l'Italie et la Russie.

Les petites nations, à de rares exceptions, n'arrivent toujours pas à performer, malgré ce système de quotas, et ceci pour diverses raisons.

Certes on leur donne la possibilité d'obtenir des classements dans le Top 30 mais d'un autre côté on bloque la progression et la motivation de nombreux jeunes issus des meilleures nations.

Et, bien évidemment, les gros sponsors viennent de ces mêmes grandes équipes. N'est-ce pas se tirer une balle dans le pied, à plus long terme ?

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Très difficile pour les jeunes

Prenons, pour faire simple, deux exemples avec l'équipe de France masculine de biathlon et l'équipe de Norvège de ski de fond.

Avec Martin Fourcade, Quentin Fillon-Maillet, Simon Desthieux, Emilien Jacquelin, Antonin Guigonnat et Fabien Claude, soit le fameux quota maximum de six, la France tient une équipe incroyable.

Ce six majeur est installé depuis l'hiver 2019 et, si personne ne part à la retraite, il restera installé au moins jusqu'en 2022. Du coup, les portes sont fermées à double tour pour tous les jeunes qui rêvent de coupe du monde.

Sauf méforme ou blessure, aucun espoir ne pourra, durant quatre ans, intégrer le groupe en raison de ces quotas. 

C'est la même chose (en plus intense), pour l'équipe de Norvège de ski de fond et de biathlon. Chaque semaine elles doivent laisser à la maison des garçons capables de rentrer dans le Top 10.

Nous en avons eu la preuve ce week-end à Falun avec le champion national de sprint Evensen et le vice champion du 15km Amundsen, deux jeunes espoirs qui restent à la maison (ou en division inférieure), faute de place.

Pendant ce temps, la coupe du monde accueillera des fondeurs "exotiques" qui termineront à des années lumières des plus rapides.

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Pas un bon signal

Tous les jeunes espoirs des meilleures nations rêvent de coupe du monde et nombre d'entre eux ne peuvent pas conserver la motivation et l'envie durant plusieurs années en attendant qu'une place, tout en haut, se libère.

C'est tout d'abord un souci financier car une saison, encore plus sans débouchée internationale, coûte cher ! Mais à cela s'ajoute un aspect sportif évident.

Coment rester motivé, comment avoir envie de tout donner pour son sport en sachant que les portes du plus haut niveau ne s'ouvrent que très rarement ?

On l'a dit, ce système de quotas est, sur le fond, intéressant. Mais il a aussi de gros défauts pour les espoirs des grandes nations, celles qui font justement vivre ces disciplines par leur densité, leurs sponsors et leur public.

Si les jeunes des grands pays n'y trouvent plus d'intérêt, qui en trouvera ? 

Redonner quelques places supplémentaires aux meilleures équipes semble être LA meilleure solution.

Cela ne changera pas grand chose pour les petites équipes qui de toute façon, n'auront jamais les moyens de lutter financièrement et culturellement, surtout avec une base de pratiquants très faible.

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Et pour le ski de fond, il semble que la création d'un vrai circuit mondial B, à l'image de ce que fait le biathlon avec l'IBU Cup, soit devenu indispensable.

La Coupe des Alpes, la Scandinavian Cup, l'Eastern European Cup, etc, ne peuvent plus vivre séparément. 

Il faut lancer une vraie Coupe d'Europe qui donnera plus de visibilté aux fondeurs et plus de valeurs sportives à leurs résultats, tout en leur donnant une motivation intéressante.

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La Ligue des Champions, qui cartonne à tous points de vue dans tous les autres sports, peut aussi trouver sa place dans les sports d'hiver.

Donnons un peu plus de places aux meilleures nations tout en gardant les portes ouvertes pour les plus petits pays.

Aujourd'hui, regarder un biathlète Serbe ou Croate (exemples) terminer à plus de cinq minutes des meilleurs n'a pas grand intérêt sportif.

Même chose avec certains fondeurs alignés en coupe du monde qui n'ont même pas le niveau d'une course régionale en Norvège...

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Photo : Nordic Focus

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