Les fondeuses et les fondeurs qui vont s'élancer ce soir et demain sur les poursuites des Jeux Olympiques samedi à Whistler vont changer de skis et de style à mi-parcours, troquant le classique pour le libre; deux pratiques distinctes voire antagonistes.

"Le classique, c'est l'histoire du ski de fond, le pas d'origine, dans deux rails et les skis parallèles", résume Jean-Marc Gaillard, l'une des meilleures chances françaises. Le libre, également appelé "skating" ou "pas de patineur à ses débuts, est bien plus récent, puisque les premières compétitions datent des années 1980".


Le Matériel:

"La première différence est la longueur des skis, explique Giachino. Jean-Marc Gaillard, par exemple, utilise des skis de 1,92 m en skating et des 2,07 m en classique. En skating, il n'y a pas de skis de plus de 1,95 m, car il y aurait un évident problème de maniabilité.

La deuxième différence est un écart de quelques millimètres sur la hauteur sous la semelle. Pour un ski adapté au même type de neige, le classique est plus plat de 3-4 mm environ . Le "skate" a une zone de glisse complète alors que le classique a un tiers de glisse à l'avant, un tiers d'accroche (sous le pied), travaillé avec du papier de verre, et à nouveau un tiers de glisse à l'arrière. Pour le fartage, le travail aussi est différent. En skating, on privilégie la glisse. Pour le classique, on focalise sur la zone d'accroche (sous le pied). Par contre, les sculptures, pour l'évacuation de l'eau, sont identiques, à l'image des pneus."

 La Technique:

 "La différence, c'est la prise d'impulsion, explique Vincent Vittoz. En classique, la prise d'appui est comme en course à pied. On va chercher avec un +griffé+ de la pointe de pied pour ensuite dérouler. C'est sur cette impulsion qu'il faut trouver l'appui, qui est fuyant. En skating, le pied travaille moins. On prend un appui sur la longueur du ski. On trouve toujours un appui alors qu'en classique c'est juste ce qu'on trouve sous le pied, et non la longueur du ski, qui fait l'appui.

C'est pour cela qu'il y a des pas de recul. En classique, c'est parfois la même sensation que si nous avions des billes sous l'appui. Cela demande de la finesse. En skating, c'est plus uniforme, moins de finesse. C'est du déplacement au niveau du haut du corps".

Pour Gaillard, le "classique est un style agréable à skier mais l'inconvénient du fartage a tendance à repousser le +skieur du dimanche+ vers le skating. Car on a une vitesse plus grande et il n'y a pas l'inconvénient du fartage."

 Le Physique:

 "Le classique peut être physiquement dur, souligne Gaillard, quand on se retrouve sur une neige difficile, de type farine. Les appuis sont difficiles à trouver".

Vittoz, lui, estime que "ce ne sont pas les mêmes muscles qui travaillent. Le skating sollicite le devant des cuisses, les fessiers et les ischio-jambiers. En classique, le devant des cuisses est sollicité mais ce sont aussi et surtout les adducteurs qui travaillent. Le skating a tendance à être plus exigeant musculairement, alors que le classique est plus exigeant au niveau de la +caisse+, du cardiaque."

Voilà des explications très intéressantes données par nos meilleurs fondeurs qui joueront, peut-être, samedi une place sur le podium.

Et vous, vous êtes plutôt « classique » ou plutôt « skating » ?

(avec AFP)

Photo : copyright Nordic Focus