Arrivé en coupe du monde par la dernière porte ouverte, lors des sélections norvégiennes disputées mi-novembre à Geilo, Johan Olav Botn est aujourd'hui leader du classement général avec deux victoires en deux courses.
Deux succès remportés avec la manière que ce soit au tir et sur les skis, là où il excelle la plupart du temps. Mais tout cela n'est pas tombé du ciel, depuis l'âge de 5 ans, il en a 26 aujourd'hui, il pratique le biathlon.
« Ça fait 21 ans que j’ai commencé, donc il y a eu énormément de travail. Beaucoup d’efforts et de sacrifices », lâche-t-il simplement, comme on énonce une évidence.
Chez les autres, la route est souvent plus courte : championnats du monde juniors, premières sélections précoces, progression linéaire.
Lui n’a jamais connu ça. Jamais une médaille chez les jeunes, jamais de passe-droit. Juste du travail et encore du travail.
1200 heures d’entraînement par an
Un total de 1200 heures sans compter le tir, ajoutez 200 heures supplémentaires et vous obtenez un volume que même les meilleurs Norvégiens regardent avec des yeux tout ronds.
« Ce sont des quantités extrêmes », commente Ola Lunde, l’expert biathlon de la NRK. « Je n’ai jamais entendu parler d’un biathlète qui s’entraîne autant », renchérit Marte Olsbu Røiseland, double championne olympique.
Endre Strømsheim, son coéquipier, va plus loin : « Ce qu’il a fait et le temps qu’il a fallu avant d’être payé pour le travail accompli… Il est complètement fou en matière d’entraînement. »
Anders Øverby, l’entraîneur qui l’a suivi depuis les catégories de jeunes, ne cache pas sa fierté :
« Quand les skieurs de fond se mettent à citer le nom de Johan-Olav Botn, c’est qu’on a atteint une forme de renommée mondiale. »
Un biathlète qui réfléchit toujours
Mais derrière la machine, il y a un garçon qui réfléchit. Qui peut vous assommer d’idées devant une simple tasse de café.
« Le laisser seul une demi-heure avec un carnet, c’est mission impossible », rit Øverby. « Il revient avec dix nouveaux concepts et il faut suivre. »
Cette hyperactivité mentale est à la fois sa force et son piège. Aujourd’hui, le plus dur n’est plus d’en faire toujours plus, mais d’apprendre à en faire parfois moins.
À accepter que les progrès ne se mesurent plus forcément en kilomètres ou en heures supplémentaires. « C’est difficile, avoue Botn. Je ne le maîtrise pas encore tout. Surtout en période de préparation, quand il faudrait lever le pied et que tout mon corps me hurle de repartir. »
Il a beau demander conseil aux anciens, la réponse fuse, mi-gênée, mi-amusée : « Oui… mais leurs chiffres ne sont pas vraiment les mêmes que les nôtres. »
Alors il avance, seul avec ses doutes et son obsession de la marge de progression. Parce qu’à ses yeux, il est encore loin du compte.
« Je suis très loin d’être un biathlète accompli. La vitesse, la force, la rapidité au tir… Il y a encore tellement de choses à améliorer. »