Arrivé à Cincinnati sur la pointe des pieds, Terence Atmane s'est ensuite fait une place dans le tableau en sortant des qualifications. Depuis, en pleine confiance, il est injouable pour tous ses rivaux, surpris par son audace et son jeu de gaucher.
Classé 136e mondial au début du tournoi, Atmane a renversé cette nuit le n°4 mondial Taylor Fritz (3-6, 7-5, 6-3), rien que ça, pour atteindre son premier quart de finale en Masters 1000.
Une performance qui propulse ce quasi-inconnu dans le Top 100 et dans toutes les conversations.
Des jeux vidéo à la terre battue
Né le 9 janvier 2002 à Boulogne-sur-Mer, Terence Atmane n’était pas destiné au tennis. Enfant, il passe ses journées sur Virtua Tennis et Wii Sports.
« Ma mère en a eu marre, elle m’a acheté une raquette et m’a dit : "Va au club !" », raconte-t-il à l’ATP en 2023. À 7 ans, il pousse la porte du club local et ne lâche plus la balle.
Fils de Séverine, employée chez Eurotunnel, et de Stéphane, patron d’une entreprise de rénovation, il grandit avec une petite sœur, Chanelle, et un rêve : imiter son idole, Fernando Gonzalez, le Chilien au coup droit dévastateur.
📊 Tombeur de Taylor Fritz (N°4), Terence Atmane 🇫🇷 (N°136) devient le joueur le moins bien classé à avoir battu un membre du Top 5 sur le circuit depuis 2 ans et la victoire de Gaël Monfils 🇫🇷 (N°276) face à Stefanos Tsitsipas (N°4) à Toronto 2023.pic.twitter.com/Xsh3Xl0Wx8
— Jeu, Set et Maths (@JeuSetMaths) August 14, 2025
Un style à haut risque
Atmane, c’est 1m93 de puissance brute. Gaucher, il cogne fort, très fort. « Je tape à fond sur tout, je saisis chaque opportunité, chaque balle courte, je veux détruire la balle », confie-t-il à ATP Tour.
Son service est explosif (13 aces contre Fritz, 82 % de points gagnés sur première balle) et son coup droit fait mal.
Mais ce style ultra-agressif est risqué : avant Cincinnati, son bilan 2025 sur le circuit principal était de 5-14, plombé par des défaites précoces, comme à Roland-Garros face à Gasquet, où son attitude avait fait jaser, entraînant une mise au point avec la FFT.
Pourtant, sur le dur de Cincinnati, tout s’aligne : qualifications sans perdre un set, victoires contre Nishioka, Cobolli (n°15), Fonseca et Fritz. Un exploit qui fait de lui le quart de finaliste le plus mal classé depuis Borna Coric, champion 2022.
Une carrière en dents de scie
Professionnel depuis 2022, Atmane a brillé sur le circuit secondaire : quatre titres Challenger (Busan et Guangzhou 2025) et cinq ITF.
Son meilleur résultat en Masters 1000 avant Cincinnati ? Un 3e tour à Rome 2024, stoppé par Dimitrov. Avec seulement cinq victoires en Grand Chelem ou sur le circuit principal avant ce tournoi, il était loin des radars.
Mais son run à Cincinnati, où il a enchaîné six victoires (dont Jasika et Tu en qualifs), change la donne. Désormais 93e au classement live ATP, il entre dans le Top 100 pour la première fois, avec 213 points engrangés.
"Je suis en train de devenir plus sérieux" assure t'il, "le travail commence à payer et je me sers aussi de mon potentiel HPI pour mettre en place les bonnes tactiques au bon moment"
Un mental à polir
Contre Fritz, Atmane a montré du cran. Mené d’un set, il arrache le deuxième 7-5 et breake au moment clé dans le troisième.
« J’essayais d’oublier le score, la pression, et d’être moi », explique-t-il au Cincinnati Enquirer.
Son émotion sur le court, où il a tremblé en convertissant sa balle de match, trahit un joueur encore brut, mais attachant, désormais prêt pour grimper très haut dans le classement mondial.
À seulement 22 ans, tout l'avenir est devant lui : "Maintenant, il va falloir continuer à grimper, jusqu'à la fin de ma carrière. Je ne veux pas me fixer de limites.
Mais il va falloir être intelligent et continuer à travailler, montrer ce que je suis capable de faire sur le grand Tour et pas seulement en Challengers."
Son prochain défi ? Holger Rune, n°9 mondial, en quart. Une première confrontation qui testera sa capacité à enchaîner.