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Un énorme scandale au sein de l'équipe de France féminine de ski
Le journal Le Monde vient de révéler aujourd'hui un énorme scandale en parlant, preuves à l'appui, de harcèlement moral sur toute une génération de skieuses, ceci entre 2014 et 2018.
Mise au courant par les intéressées, la Fédération Françaises de Ski n'avait pas bougé et choisi de passer cette affaire sous silence, mais aujourd'hui les langues se délient.
« Enfin, c’est fini… » Voilà ce qu’a pensé Alice (prénom modifié) en 2017, lorsqu’un médecin lui a annoncé qu’elle avait le genou cassé. C’était pour elle la fin d’un cauchemar : des années de harcèlement moral dans l’équipe de France féminine de ski alpin.
Entre 2014 et 2018, sous la direction d’Anthony Séchaud, de nombreuses jeunes skieuses comme Alice, Marie Massios ou encore Estelle Alphand ont subi un climat toxique, fait d’humiliations, de sexisme et d’injustices.
Celles que l’on appelait « le groupe commando » étaient reléguées au second plan, chargées de corvées pendant que d’autres skieuses s'entraînaient.
« On nous disait sans arrêt qu’on était nulles. » Alice se souvient des remarques sexistes, de la hiérarchie insensible et des contrats injustes. « Avoir un entraîneur qui appelle ma mère en disant : ‘de toute façon, c’est une gosse de riches, elle arrivera jamais à rien’, c’est hallucinant ! », ajoute-t-elle avec amertume.
Estelle Alphand raconte : « Je découvrais mes non-sélections dans la presse ou on me prévenait la veille que je ne courais pas. » Un jour, on lui balance : « Alors, Alphand de merde ? ».
Marie Massios traumatisée, ajoute: « J’arrivais à l’entraînement avec la boule au ventre. À la fin, je ne savais plus skier. J’ai cru devenir folle. »
Jennifer Piot, championne du monde junior en 2013, se rappelle : « À mon arrivée à Ushuaïa, Anthony Séchaud m’a dit : ‘Je ne veux pas de toi ici’, ce stage a été un enfer et pas que pour moi."
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Un système toxique dénoncé de l’intérieur
Une ex-skieuse parle d’un « clan des protégées » et d’un staff qui séparait les « princesses des souillons ». Même des coachs ou des parents auraient alerté sans succès. Un ex-cadre ajoute : « Marche ou crève. On a perdu dix ans. »
Un ancien champion ajoute : « Ils ont foutu en l’air une génération exceptionnelle. C’est de la quasi-maltraitance. »
Marie Massios se souvient avoir écrit à Fabien Saguez, DTN de l'époque, actuel président de la FFS, en 2017 : « J’ai dit que je quittais la fédé le temps d’un stage, mais après, ils ont fait comme si je n’existais plus. »
Un ancien médecin de la FFS confirme tous ces dires : « Ces situations de harcèlement moral ont été évoquées en commission médicale. C’est très grave que la voix des athlètes ait été étouffée. »
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Des talents sacrifiés, un encadrement qui ferme les yeux
Marie-Cécile Aguilaniu, ancienne skieuse de haut niveau et cadre de la FFS, dénonce : « Le climat de toute-puissance masculine perdure. On entend toujours des propos dégradants sur les filles autour des pistes. Il faut mieux former les coachs, féminiser l’encadrement et appliquer une tolérance zéro sur toute forme de violence. »
Depuis, Estelle Alphand a rejoint l’équipe de Suède et elle vit ses meilleures années en coupe du monde : « Finalement, je n’étais peut-être pas si nulle… »
Jennifer Piot entraîne aujourd’hui aux États-Unis : « J’y entraîne avec bienveillance, à l’inverse de ce qui se passe en France. »
Marie Massios vit désormais au Portugal, loin des pistes. Elle et son mari, Paul Paquin, ancien coach, affirment : « Jamais nos enfants ne feront du ski en club. » Et Alice ? Elle continue le ski comme elle peut. Mais elle conclut : « La fédération me doit une carrière. »
Quant à Anthony Séchaud, il officie depuis 2018 au comité du Mont-Blanc...
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La réponse de Fabien Saguez
Interrogé par l'AFP suite au révélation du Monde, l'actuel président de la FFS se défend :
« Si des athlètes se sont senties malheureuses de la situation, ça me touche et ça me rend triste aussi. Là, il y a des athlètes qui disent qu'elles ont reçu des propos qui n'étaient pas du tout adaptés. Si ça a été le cas, on le condamne, on n'approuve pas et on n'a jamais approuvé. »
Le projet était exigeant, mais pas injuste et mis en place pour tirer le meilleur des athlètes. « Il y avait bien sûr des débats concernant les orientations prises mais il n'y avait absolument aucune volonté de nuire », affirme-t-il, reconnaissant qu'il y avait pu avoir « des erreurs ».
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Après ces révélations scandaleuses et ces comportements qui le sont tout autant, on se demande pourquoi certaines personnes mises en causes puissent encore continuer à enseigner ou travailler à la FFS.
On espère que la Ministre des Sports va prendre en main ce dossier, faire le ménage et rétablir l'honneur de toute cette génération de skieuses.
Du coup, il est désormais beaucoup plus facile de comprendre pourquoi le ski féminin Tricolore se trouve dans un tel état ! Oui une génération a été totalement sacrifiée par ces méthodes inadmissibles.
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