Elle a franchi la ligne, jeté un œil au chrono, et n’y a d’abord pas cru. Trois dixièmes.
Trois petits dixièmes d’avance sur la Finlandaise Suvi Leinamo, et voilà Dorothea Wierer de nouveau sur la plus haute marche, deux ans et demi après son dernier bouquet individuel.
À 35 ans, la star transalpine a rappelé au monde entier qu’on ne l’avait peut-être pas encore rangée au placard.
« Je suis vraiment heureuse… je n’aurais jamais imaginé remonter sur un podium comme ça », lâche-t-elle, le sourire immense et les yeux humides, à Fondo Italia.
« Quand je suis arrivée, il manquait encore plein de filles. Je me suis dit : “Bon, on verra…” Et puis non, personne n’a fait mieux. »
Le dernier tour, pourtant, n’est pas son terrain de jeu favori. « D’habitude je me fais manger dans le sprint final », avoue-t-elle. Mais vendredi, les cris des entraîneurs italiens dans la montée ont tout changé.
« Ils me hurlaient les écarts, ça m’a boostée. J’ai serré les dents et… ça a marché. »
« Si on m’avait dit ça il y a six mois, j’aurais éclaté de rire », confie-t-elle. « Tout le monde m’avait enterrée, moi y compris.
À 35 ans, je ne pensais plus être capable de gagner une individuelle. »
L’émotion est montée d’un cran quand Tommaso Giacomel, Didier Bionaz, Patrick Braunhofer, Elia Zeni et Daniele Cappellari, les garçons de l’équipe, ont déboulé au stade en tenue civile pour lui sauter au cou.
« Ils ont quitté l’hôtel en courant, changé de fringues et sont venus direct. Ça m’a touchée en plein cœur. On passe tous nos étés ensemble depuis des années. Partager ça avec eux, c’est magnifique. »
Demain, nouveau défi, nouveau format. Milan-Cortina 2026 ? Elle sourit : « C’est encore loin. Il y aura des jours avec et des jours sans. Aujourd’hui c’était l’individuelle, demain c’est le sprint. Je prends course après course. »