Vetle Sjåstad Christiansen dénonce les spéculations hâtives
Le monde du biathlon norvégien est encore sous le choc après la mort soudaine de Sivert Bakken, survenue le 24 décembre dernier. Les résultats préliminaires de l'autopsie sont attendus en début de semaine et la cause exacte du décès reste inconnue pour l'instant.
Son coéquipier Vetle Sjåstad Christiansen, s'est confié avec émotion sur cette perte brutale. Il décrit Bakken comme un athlète motivé, qui s'inspirait de son propre retour au plus haut niveau pour accélérer sa progression.
« Je sais qu'il trouvait beaucoup d'inspiration dans mon chemin de retour vers le sommet mondial, et qu'il voulait le faire deux fois plus vite et deux fois mieux », confie-t-il, ajoutant que Bakken était « au summum de son bonheur » au moment de sa disparition.
Les deux hommes s'étaient vus pour la dernière fois à Le Grand-Bornand, en France, où ils s'étaient échangé des vœux chaleureux pour les fêtes.
Christiansen, qui prévoit d'assister aux obsèques probablement organisées à Lillehammer, la base d'entraînement de Bakken, anticipe un moment particulièrement éprouvant :
« Je suis un homme très sensible avec beaucoup d'émotions à l'intérieur, alors je vais m'effondrer.
Il y aura aussi beaucoup de larmes, et je redoute vraiment de revoir les autres et de revivre ce processus. »
Au-delà du deuil personnel, Vetle Sjåstad Christiansen s'insurge contre les spéculations qui inondent les réseaux sociaux et certains médias.
« Il y a tant de gens qui s'expriment sans avoir la moindre connaissance », déplore-t-il, pointant du doigt tant les opposants aux vaccins qui relient le drame à une ancienne inflammation du péricarde de Bakken liée à la vaccination contre le Covid, que ceux qui imputent déjà la responsabilité à la simulation d'altitude.
« Ce sont à la fois des antivaccins qui saisissent l'occasion, mais aussi tous ceux qui blâment la simulation d'altitude alors que nous n'en savons pas encore grand-chose. »
L'usage de masques à haute altitude n'est en effet pas courant dans le biathlon. Christiansen avoue n'en avoir « jamais entendu parler » ni vu utilisé dans son sport. Des athlètes internationaux interrogés par VG confirment cette rareté.
Il demande de la patience :
« Pour le biathlon, il est crucial d'avoir tous les faits sur la table. Quelle était la cause déclenchante ? Y avait-il un problème sous-jacent ? Une maladie ? Des protocoles non respectés ? Plus nous aurons d'informations, mieux ce sera. »
Dans l'entourage du biathlète, l'heure est au soutien mutuel plutôt qu'aux hypothèses.
« Nous nous sommes surtout concentrés sur le fait de ne pas spéculer et de laisser les experts faire leur travail. Les discussions ont porté sur les larmes et le réconfort », explique Christiansen.
Face aux critiques plus larges sur l'éthique dans le sport de haut niveau, évoquant des « zones grises » et le rôle des instances comme l'Olympiatoppen, Christiansen défend la communauté des athlètes :
« Notre éthique et notre moralité sont guidées par la Fédération norvégienne des sports, l'Agence mondiale antidopage (WADA) et Antidoping Norge. Ce qui est légal constitue notre boîte à outils. Nous ne franchirons jamais la ligne. »