Historiquement, la discipline a toujours fait la part belle à l'endurance, aux courses de distances comprises entre 15km et 50km, mais depuis une quinzaine d'année, les dirigeants de la FIS ont introduit le sprint.
Un format qui possède ses avantages mais un format qui a d'une part entrainée une spécialisation chez les athlètes, qui implique du même coup une absence de grands noms sur trop de courses.
Petit à petit le public s'est perdu, les distances se sont réduites à portion congrues et aujourd'hui les sprints occupent la moitiée du calendrier mondial, et les 10km ont remplacé les épreuves plus longues.
Vous connaissez notre avis sur ce sujet, on aimerait voir une réduction du nombre de sprints, devenus trop souvent monotones et presque sans intérêt avant les 1/2 finales, au profit de la poursuite, le format spectacle et grand public par excellence.
On souhaiterait également des 20km, 30km et bien évidemment deux 50km par année, afin de que la discipline revienne vers son âme, son histoire et sa tradition.
Malheureusement la tendance actuelle ne va pas dans notre sens, mais au moins on est pas seul à militer pour un retour aux sources.
La star Ebba Andersson, multiple championne du monde et son collègue William Poromaa sont du même avis.
Ebba Andersson et William Poromaa agacés
Figures emblématique de la discipline, la Suédoise ne mâche pas ses mots : ces évolutions pourraient bien la pousser à claquer la porte de la coupe du monde.
"Un tel programme ne donne pas envie", confie la skieuse de 28 ans, avec une pointe d'amertume qui en dit long. "Je trouve un peu dommage que la priorité soit donnée à ces sprints. Et cela m'inquiète"
Pour elle, ce sont les épreuves d'endurance qui forgent les légendes.
"Je souhaite que ce qui a toujours constitué le noyau de notre sport perdure. Mais la FIS semble vouloir prendre une autre direction", ajoute-t-elle, pointant du doigt la Fédération Internationale de Ski.
Son compatriote William Poromaa, autre pilier de l'équipe nationale, monte aussi au créneau. Ce qui le chiffonne le plus ? Les bidouillages sur les formats existants.
"Oui, ce que je trouve le plus ennuyeux, c'est la façon dont on modifie et raccourcit les distances. Je pense que c'est un terrain glissant si on commence à trop les changer", explique-t-il.
"J'ai du mal à me préparer", avoue Poromaa, qui n'hésite pas à qualifier cette volonté de "stupide".
Et quand on lui demande s'il n'est pas en train de se mettre le feu aux poudres avec ces critiques ? "Oui, mais tout cela m'agace. En même temps, je ne veux pas trop me plaindre… mais il est clair que je tiens à donner mon avis", répond-il.
"Pour l’instant, je n’en suis pas encore au point d’abandonner le circuit coupe du monde ", tempère-t-elle. Mais elle ajoute, avec un brin de mystère : "Mmm, cela commence à devenir vraiment tentant. On verra bien ce que l'avenir nous réserve."
Evidemment les spécialistes du sprint sont logiquement d'un avis différent, on le respecte et on le comprend.
Mais l'âme du ski de fond, c'est l'endurance, les courses longues et le 50km restera à jamais comme LA course mythique de la discipline, celle qui sacre les plus grands.