À peine la saison entamée, Michelle Gisin, championne olympique 2018, a frôlé le drame lors d'une descente effroyable à Saint-Moritz. Opérée en urgence pour des fractures cervicales et une main blessée, la skieuse de 31 ans suscite l'émotion dans le monde du ski.
Son frère aîné, Marc Gisin, ancien compétiteur lui-même marqué par un grave accident, témoigne pour la première fois de ces heures d'angoisse.
Dans une interview exclusive accordée à Blick, Marc Gisin, aujourd'hui chef de course chez le fabricant Stöckli, dresse un portrait poignant de sa famille, hantée par les chutes à répétition.
"Les dernières 24 heures ont été un cauchemar absolu", confie-t-il d'une voix encore tremblante.
Et pour les parents du clan, c'est une épreuve insurmontable : "Ils ont déjà tant souffert avec mes accidents et ceux de Dominique (la grande soeur). Ils étaient venus pour assister aux courses, si joyeux, et voilà qu'ils doivent revivre l'enfer."

Une intervention chirurgicale "très complexe"
Tout a basculé en un instant, mercredi, Michelle Gisin, heurte violemment une porte de slalom et termine sa course dans les filets de sécurité. Bilan : plusieurs fractures mineures à la colonne cervicale, rendant l'ensemble instable, une main fracturée et des doutes sur les ligaments du genou.
Transportée d'urgence par hélicoptère à Zurich pour une opération chez un spécialiste, la Bernoise a subi une intervention de plusieurs heures.
"C'était extrêmement compliqué", explique Marc Gisin. "Elle a eu énormément de chance : pas de séquelles permanentes à craindre." La main, opérée dans la foulée, posait aussi un risque majeur pour la mobilité du pouce, mais les chirurgiens ont réussi à stabiliser les dommages.
Un scanner du genou a écarté les fractures osseuses, mais les ligaments restent sous surveillance. "Quand on revoit la vidéo de la chute, on imagine le pire", ajoute-t-il sobrement.
Malgré la douleur et les sédatifs, Michelle Gisin garde son esprit d'acier. "Elle a retrouvé la parole et a même suivi la descente à la télé, même si elle était encore un peu dans les vapes", relate son frère avec un sourire forcé.

Une famille pas épargnée
Âgé de 37 ans, Marc Gisin n'est que trop familier avec ces cauchemars sur piste. Spécialiste de la descente, il a souvent couru en Coupe du monde et représenté la Suisse aux JO de Pyeongchang en 2018.
Mais en décembre de la même année, une chute monstrueuse à Val Gardena (Italie), sur les redoutables "bosses du chameau", l'a plongé dans le coma pendant plusieurs jours.
Traumatisme crânien, fractures multiples, contusion pulmonaire : son retour à la compétition a été un calvaire, avant qu'il ne tire un trait sur sa carrière en 2020.
"Je ne me souviens de rien. Ma mémoire s'est arrêtée un jour avant l'accident, et la semaine d'après est un trou noir", avoue-t-il.
La sœur aînée, Dominique Gisin, championne olympique de descente en 2014, a elle aussi collectionné les blessures graves. "Je suis simplement désolé pour mes parents", soupire Marc.
"Et pour Michelle. Elle était au top de sa forme. Je pense qu'elle aurait pu viser quelque chose d'immense cette saison."
