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Ambiance de fin du monde 

Des creux de 6 mètres, des vents de 45 nœuds, comme si le Grand Sud voulait faire payer un dernier tribut aux marins, avant de s’effacer dans le sillage turbulent de leurs grands monocoques.

Maxime Sorel a eu droit à un énorme vrac : son bateau est parti à l’abattée et s’est couché, mât à l’horizontale, avant de se faire rosser par les déferlantes.

Des filières ont été arrachées par la force des vagues et deux de ses voiles sont passées par dessus bord, qu’il a fallu récupérer à la force des bras…

Boris Herrmann, handicapé par une grand-voile déchirée (et affalée pour être réparée), filmait une mer démontée. Isabelle Joschke, 11e à passer le Cap Dur ce mardi matin à 5 heures, décrivait une atmosphère de fin du monde.

Même Jean le Cam qui en a vu d’autres - c’était son 7e Cap Horn – racontait son soulagement au passage de cette frontière géographique et météorologique, dans un laconique « ça c’est fait et c’était pas gagné ».

Après Yannick Bestaven, Charlie Dalin, Thomas Ruyant, Damien Seguin, Benjamin Dutreux, Louis Burton, Jean Le Cam, Maxime Sorel, Giancarlo Pedote, Boris Herrmann et Isabelle Joschke, Clarisse Crémer va franchir à son tour le premier Cap Horn de sa jeune carrière de navigatrice.

Et elle a hâte ! « Je suis dans la cartouche avec 38 noeuds établis depuis plusieurs jours… Là, je commence à en avoir marre. Mais je sais que c’est quand on est proche du but qu’on commence en général à péter un câble… » confesse-t-elle.

Elle sera délivrée vers 22 heures ce soir.

Armel Tripon y est attendu demain, mercredi, vers 3 heures du matin. Et Romain Attanasio en fin de journée. A l’arrière, toute la flotte est balayée par les fronts successifs qui parsèment l’océan Pacifique.

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Isabelle Joschke, MACSF

"J’attendais le passage du Cap Horn avec impatience. Les conditions étaient dures, elles viennent juste de commencer à se calmer. La mer était assez grosse, avec du vent fort. Il y a encore des grosses vagues, ça donne des chocs et des embardées assez difficiles pour le bateau.

J’ai hâte de rentrer dans le dévent pour que ça se calme. Là il y a un petit rayon de soleil, je revis ! Mais hier soir, j’avais l’impression que le ciel et la mer se fondaient l’un dans l’autre, c’était tout gris, ça donnait une drôle d’atmosphère, ça illustrait bien un passage de Cap Horn.

Maintenant c’est autre chose qui m’attend. Ça ne va pas se faire d’une seconde à l’autre, il y aura une transition, mais la mer sera sans doute plus clémente.

À propos de son avarie de quille : Il va falloir que j’apprenne à naviguer avec ma quille dans l’axe. C’est une perte de performance colossale. Je commence à digérer, ça été très dur car en 3 jours ça été un enchainement avec des problèmes divers et variés.

J’avais peu dormi alors moralement c’était dur. Là j’ai beaucoup dormi, ça va mieux. Je suis triste parce que la compétition dans le top 10 va être dure à conserver et c’est ce qui me réjouissait le plus. Je vais apprendre à naviguer autrement, trouver du plaisir ailleurs.

Je vais voir où je peux me jauger. Au niveau perte de performance je ne peux pas trop dire, c’est au minimum 20 à 30% de perte, mais ça va dépendre des conditions. (…)

C’était important pour moi de pouvoir vivre ma difficulté pendant deux jours, et de ne pas faire semblant de relativiser trop tôt. Maintenant que j’ai touché le fond, je vais pouvoir remonter.

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