Avant le coup d'envoi des jeux Olympiques 2010, la question était de savoir qui pouvait arrêter l'escadrille autrichienne déployée autour de l'aigle Gregor Schlierenzauer.

Ammann a donné la réponse et a même reformulé la question: qui peut désormais empêcher le Suisse, leader de la Coupe du monde, de réussir le doublé petit/grand tremplins et d'empocher à 28 ans son quatrième titre olympique ?

"Je m'étais fixé la tournée des Quatre Tremplins comme principal objectif et cela n'a pas marché comme prévu. Ce titre olympique est venu effacer cet incident de parcours et je serai encore plus décontracté pour le grand tremplin", a prévenu "Simi".

Celui qui était surnommé en 2002 le "Harry Potter du saut à skis", en référence au petit sorcier de J.K. Rowling, semble avoir ensorcelé le grand tremplin. Il a dominé les entraînements, avec notamment un bond à 143 mètres mercredi, reléguant les Autrichiens Schlierenzauer, Andreas Kofler et Thomas Morgenstern à plusieurs mètres et cela en partant d’une plate forme inférieure.

A l'occasion du dernier concours individuel olympique de sa carrière, puisqu'il n'ira pas jusqu'à Sotchi en 2014, Ammann peut rentrer dans l'histoire de sa discipline: il a la possibilité de faire mieux que le Finlandais Matti Nykänen, seul quadruple champion olympique de saut de l'histoire, mais une de ses médailles d'or a été remportée par équipes en 1988.

Schlierenzauer, médaillé de bronze sur petit tremplin, reste son rival le plus sérieux, alors que les responsables autrichiens s'interrogent sur les fixations utilisées par le Suisse et laissent entendre qu'elles ne sont pas conformes au règlement.

"Nous demandons que l'équipe de Suisse retire son système de fixations. Sans quoi, nous déposerons protêt à l'issue de la première manche du concours de samedi", arguait Alexander Pointner, l'entraîneur en chef des Aigles. Selon lui, il en va de la sécurité des athlètes, de l'égalité des chances et du fair-play.

Pour sa part, Gary Furrer, a jugé la missive des Autrichiens particulièrement irrespectueuse.

Toutefois, il estime que Simon Ammann n'est pas le seul à effectuer quelques modifications. "Cela fait partie du réglement, et s'il fallait vraiment lancer des procédures, ce serait contre la quasi-totalité des compétiteurs", lâchait-il. Une chose est sûre, le chef de la discipline chez Swiss Ski ne compte rien ordonner à son athlète. "Je ne vois pas où est le problème. Si c'est son choix, Simon sautera avec ces fixations samedi."

Même son de cloche du côté des experts de la FIS et chez Sepp Gratzer (Aut), préposé au contrôle du matériel: "J'ai étudié tout cela, et pour moi c'est parfaitement conforme aux réglements." S'il n'a pas le pouvoir d'imposer une décision à un jury, il précise également que ce dernier doit simplement se plier aux lois. "Et dans les règles, je ne trouve aucun passage qui stipule que ces fixations ne sont pas légales."

Des autrichiens qui tentent donc de déstabiliser le suisse mais tout cela, croyez nous, ne va même pas le toucher. Ammann n’est pas du genre à douter et avec son expérience, il sait faire la part des choses.

Cette plainte autrichienne ressemble plus à un aveu de faiblesse face à l’aisance du Suisse sur ce tremplin. Alors Schliri, Morgenstern, Kofler et Loitzl n’ont pas d’autre choix que d’apporter une solution sportive « au problême Ammann ».

Le Polonais Adam Malysz, vice-champion olympique sur petit tremplin, pourra lui aussi se mêler à la quête du podium, alors que le Finlandais Janne Ahonen joue à 32 ans sa dernière chance de remporter une médaille olympique dans un concours individuel.

Coté norvégien on mise beaucoup sur ce concours au grand tremplin. Après un bilan plus que mitigé lors du premier concours, Jacobsen et  Evensen peuvent créer la surprise.

Les allemands avec Uhrmann, les slovènes avec Kranjec et quelques sauteurs de talent comme Olli ou Kasai joueront les outsiders mais la hiérarchie est cette année si bien dessinée que les places dans le top6 sont quasis réservées.

Côté français, Emmanuel Chedal, déçu par sa 24e place sur petit tremplin, tentera de se hisser à nouveau parmi les 15 meilleurs mondiaux, comme il y est parvenu régulièrement dans la première partie de l'hiver. (avec AFP)

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