Vincent Descombes-Sevoie nous a accordé il y a quelques jours une longue interview au cours de laquelle il fait le tour de sa carrière.

Le saut à ski étant encore bien trop peu médiatisé et apprécié en France (question de temps), voici une petite présentation du sauteur des Houches.

Vincent Descombes-Sevoie est né le 9 janvier 1984, il représente le club des Houches. Il a débuté en coupe du monde au cours de l'hiver 2006 et compte maintenant 64 concours à ce niveau. Trois concours olympiques et quatres participations à des concours en championnat du monde.

Ses meilleurs résultats en coupe du monde sont une 13e et une 16e place obtenues en fin de saison dernière. Depuis le haut savoyard a continué sur sa lancée en réussissant quelques performances intéressantes durant le GP d'été. Tout ces résultats font de lui l'incontestable numéro 2 du saut français derrière Manu Chedal.

Vincent, tu vas entamer dans quelques semaines ta 5e saison en coupe du monde. Mais avant de rejoindre le plus haut niveau quel a été ton parcours ?

« J'ai commencé le saut à ski à l'âge de 5 ans sur les tremplins du Chanté aux Houches en ski alpin avec James Yerly, ça m'a tout de suite beaucoup plus, il y avait une très bonne ambiance au sein du groupe.  Après plusieurs compétitions nationales et internationales et des bons résultats, j'ai intégré le groupe du Comité du Mont-Blanc entraîné alors par Pierre Bailly. De 1996 à 2003, j'ai pratiqué le combiné nordique, mais sur les dernières années je faisais pas mal de compétitions en saut spécial car mon niveau en saut était meilleur.

Printemps 2003, fût un des moments les plus importants de ma carrière, je décide d'arrêter le combiné nordique pour le saut à ski. Je marque mes premiers points en coupe du monde en 2006, intègre l'équipe de France A ainsi que la brigade spécial de ski des douanes au printemps 2007. Depuis, la progression est constante, je me fais plaisir, je commence à récolter les fruits d'un travail  sans relâche avec des places dans les 15 en coupe du monde, un record personnel à 200m, des titres de champions de France et une envie de poser les spatules toujours plus loin à chaque compétitions. »

Pourquoi avoir choisi cette discipline ?

« Ce qui m'a poussé à faire du saut, c'est certainement qu'il y avait un gros challenge à relever!  Le fait de glisser sur la céramique l'été ou la neige l'hiver et venir se poser sur l'air, de jouer avec les thermiques et de revenir sur une pente en plastique ou en neige est quelque chose de sensationnelle! L'ambiance en bas des tremplins un peu partout dans le monde, la tournée des 4 tremplins mais aussi le vol à ski, ne pas toucher le sol pendant 200m, c'est quelque chose de tentant quand même! Et puis l'envie de laisser une grande trace dans l'histoire du saut à ski Français aussi. »

DescombesRevenons sur la saison dernière et notamment sur les JO. Tu termines 28e et 21e , des performances que tu as trouvées satisfaisantes ?

« Oui, après la décision finale des sélections pour les J.O, je me suis sentis avec un poids en moins et pour le saut à ski ça aide! Je suis satisfait de mes résultats c'est vrai pour mes premiers J.O, 2 finales je trouve ça de bonne augure. »

Comment tu as vécu d’une manière générale ces JO ?  As-tu impressionné par certaines choses ?

« J'ai travaillé pas mal de temps avant pour être acteur et pas spectateur, on m'avait dit que c'était très facile de se faire avoir. J'ai trouvé les J.O, une expérience fabuleuse, des moments inoubliables, certainement un peu frustré de ne pas être allé à la cérémonie d'ouverture mais bon après réflexion, c'était mieux comme ça par rapport à notre planning.  Je connaissais l'endroit donc pas de surprise pour ça, mais le fait de pouvoir s'entraîner dans le village olympique avec d'autres sportifs, d'autres disciplines, c'était top. J'ai beaucoup aimé l'ambiance, et puis j'ai engrangé de l'expérience et de l'assurance, j'ai profité un maximum et j'ai progressé dans des conditions différentes de la coupe du monde. »

En coupe du monde tu finis la saison au 47e rang, mais on retiendra ta belle fin de saison avec une 16e place et une 13e place, meilleurs résultats de ta carrière. Tu as passé un cap sur la fin de l’hiver ?

« Les J.O m'ont fait un grand bien, je pense que ça a été le déclic, j'ai trouvé les bons axes de travail par la suite, la confiance était meilleure, j'étais plus sûr de moi et j'avais vraiment envie de finir la saison en beauté. J'ai réussi à être performant sur les compétitions nationales par la suite, coupe de France et championnats de France. »

Cet été tout cela se confirme avec encore de très bons résultats lors du GP d’été ?

« Nous avons attaqué un peu plus tard la préparation cet été, j'avais du mal à tenir en place à la maison, j'avais encore plus envie que d'habitude de rechausser les «grands skis» après cette bonne fin de saison. Mes premiers sauts ont été de bonne qualité, ce qui m'a aidé par la suite, la confiance et l'assurance se sont installés, je suis plus fort dans la tête, la régularité est bien meilleure qu'avant et ça s'est ressenti sur les compétitions d'été. Je suis satisfait de mes résultats en G.P, je sais maintenant que l'écart avec les meilleurs mondiaux s'est beaucoup rétréci et que je suis capable d'aller les chercher et d'en faire partie! »

Voilà qui doit te donner beaucoup de confiance au moment d’aborder l’hiver avec quels objectifs ?

« Je suis en confiance oui, j'ai vraiment envie de faire une grande saison et cela passera par de la régularité, c'est à dire faire un maximum de bonnes places. Je ne me fixe pas forcément d'objectif, j'avais cette idée en tête pour cet été et je finis avec 2 podiums en coupe continentale et  2 tops 15 en G.P, donc je veux continuer comme ça. Il reste 1 mois de travail en saut, je vais continuer sur ma lancée pour progresser encore...et voler loin. »

Comment cela se passe en Equipe de France avec le nouvel entraineur Julien Eybert-Guyon ?

« L'ambiance dans l'équipe est bonne, tout le monde est très motivé pour avancer, nous restons une petite équipe mais nous avons de quoi faire! A la base Julien vient du saut spécial et connaît donc très bien la discipline. Le fait de retrouver notre langage permet de s'y retrouver un peu plus, nous pouvons être encore un plus précis et incisifs sur les détails techniques. »

Avec Manu Chedal et toi, la France compte deux sauteurs de niveau mondial. Est-ce que vous vous sentez seuls ?  N’est ce pas frustrant au moment des concours par équipes ?

« Nous sommes capable de faire de grands coups alors la pression diminue petit à petit. Pour ce qui est des concours par équipe, c'est un peu plus difficile mais les jeunes progressent, nous espérons pouvoir faire des compétitions par équipe cet hiver bien-sûr, nous sommes déjà 4 ce qui n'est pas le cas pour tout le monde, maintenant il faut que les jeunes engrangent de l'expérience, prennent du plaisir. »

Photos : copyright Nordic Focus