Pour sa reprise en Coupe du monde de ski alpin après son opération de l'épaule gauche en mars, le champion du monde de slalom vient de disputer deux géants dans le Colorado (élimination en 1re manche dimanche et 21e place mardi) mais il va s'exprimer jeudi dans sa matière forte, le slalom, lors d'une course qui n'a pas pu avoir lieu à Val d'Isère en raison du manque de neige.

"Je suis N.1 mondial en slalom, je sais que je suis capable d'aller vite sans beaucoup de préparation, assure le Français de 27 ans. J'ai beaucoup de repères, je sais que je peux revenir et être tout de suite performant." "C'est mon filet de sécurité, le truc sur lequel je pourrai toujours me reposer", ajoute-t-il.

Même s'il fait partie des deux premiers mondiaux depuis les trois dernières saisons dans sa discipline fétiche (avec un globe de cristal à la clé en 2009), Grange refuse de se donner des objectifs chiffrés pour l'exercice 2012. "Il faut remettre les choses dans leur contexte", dit-il.

Et son contexte actuel, c'est cette deuxième intervention chirurgicale lourde en l'espace de 15 mois (après le genou droit en janvier 2010) qui a retardé sa préparation et l'a fait "repartir de zéro physiquement" et c'est aussi ces problèmes au dos récurrent, qui l'obligent à gérer à l'entraînement. "J'ai le dos usé", explique celui qui a souffert d'une hernie discale à l'âge de 11 ans.

"+Jibé+ est un vrai compétiteur, il élève toujours son niveau en course, analyse l'entraîneur du groupe technique David Chastan. Il peut gagner (à Beaver Creek) mais est-ce qu'il aura les moyens physiques et techniques de le faire ? Il est aussi là pour se remettre en confiance car il en a besoin." "Sur les 24 derniers mois, il a quand même quasiment 12 mois d'arrêt (sur blessures)", rappelle le technicien tricolore.

"Avec lui, on va être dans la gestion cette saison, poursuit Chastan. S'il ne peut pas faire une course, il ne la fera pas. Il y a beaucoup de +si+ avec lui cette année. Il ne faut pas oublier aussi l'objectif des JO (en 2014 à Sotchi), il ne manque que ça à son palmarès."

De la +Birds of Prey+, le skieur de Valloire (Savoie) ne garde pas que des bons souvenirs (notamment cette blessure au genou droit en décembre 2009 qui l'avait privé des JO-2010) mais il y a quand même souvent brillé entre les piquets serrés, notamment en super-combiné.

En 2007, il avait survolé la manche de slalom pour monter pour la première fois de sa carrière sur un podium de Coupe du monde (2e). Et en 2009, il avait de nouveau remporter le slalom mais il avait échoué au pied du podium (4e).

"J'aime bien cette piste, il faut emmener la vitesse et savoir être léger même si cette neige très agressive ne me correspond pas forcément. A moi de trouver le bon feeling pour aller chercher un gros résultat. Si je peux attaquer par un bon coup d'entrée, tant mieux. Mais chaque chose en son temps."

Les adversaires

Ivica Kostelic, tenant du globe de la spécialité, réussit pour l'instant un début de saison bien pâle et compte sans doute sur ce slalom pour se rassurer. Mais le Croate aura probablement du mal à retrouver son ski dès ce premier test entre les piquets courts.

Le favori de ce slalom pourrait bien se nommer Marcel Hirscher. Le petit magicien Autrichien a tenu la dragée haute à Ligety en géant, c'est idéal pour sa confiance avant ce rendez-vous de jeudi. Ses coéquipiers Mario Matt, Reinfried Herbst seront aussi de gros clients pour le podium.

La légion Suédoise ne manque pas elle aussi d'arguments. Avec Myhrer et Hargin elle possède deux leaders qui seront secondés par des outsiders aux dents longues tels Byggmark et Baeck.  Côté Italien c'est la triplette Moelgg, Deville et Razzoli qui portera les espoirs de la nation. 

A suivre également le talentueux Neureuther, le Canadien Janyk et l'Américain Kasper. Côté Français on aura encore un sacré atout avec le Bornandin Steve Missilier qui se classait 3e du slalom de Val d'Isère il y a tout juste un an. Un slalom qui est repris cette année à Beaver Creek... (avec AFP)

Photos : Nordic Focus