Julien Lizeroux se lance dans un slalom comme il part au combat avec une hargne et une rage toute personnelle qui lui ont si souvent permis de renverser des montagnes en seconde manche.

Pour lui les situations désespérées n’existent pas et quo qu’il arrive dans une course il en tire du positif et garde toujours beaucoup de plaisir à skier. On le sent vraiment heureux, dans son truc, prêt à grimper sur un podium olympique.

Lizeroux a déjà 29 ans quand il décroche à Kitzbühel, le saint des saints du ski alpin autrichien, sa toute première victoire en Coupe du monde devant son complice Jean-Baptiste Grange le 25 janvier 2009.

Outre le coup d'éclat dans ce lieu mythique qui honore tous les vainqueurs d'une télécabine à leur nom, la manière laisse béat. Le Savoyard, seulement septième à l'issue de la première manche, abat les piquets sur le second tracé avec une telle intensité qu'aucun des grands favoris autrichiens ne peut riposter.

Lizeroux a enfin trouvé la clé, le bon compromis entre fougue et relâchement. A partir de là, il collectionnera les honneurs, mettant souvent le plus de panache quand il se retrouve acculé au précipice du classement. Ce fut le cas aux Mondiaux de Val d'Isère, où il remplira à lui seul le mandat de l'équipe de France avec deux médailles d'argent en super-combiné et en slalom.

"Un slalom, c'est un peu extrémiste de dire cela, est une guerre contre soi-même, le tracé, les conditions... Pour cela à mon avis, le slalom est la discipline qui me convient le mieux", dit ce passionné, dont le plus mauvais résultat dans la discipline depuis un an est septième. "La différence dans mon ski vient de mon état d'esprit, la bagarre. Plus une manche est difficile, plus en général je vais être performant."
                             
Regard clair et franc, sourire toujours aux lèvres, l'homme cache derrière sa joie de vivre des cicatrices: des blessures aux genoux qui lui ont fait passer des mois d'hiver en chaise roulante et puis, la perte de son grand frère Yoann, décédé dans un accident de base jump en Suisse en juillet 2008.   "Les blessures sont des moments difficiles à vivre, car elles ne sont pas seulement physiques mais mentales. Elles font partie de mon histoire, j'aurais probablement été différent aujourd'hui", estime Lizeroux.

Son credo, il le puise dans Nietzsche: "Tout ce qui ne tue pas rend plus fort". "S'entraîner dix ans pour gagner une seule course de Coupe du monde, moi je resigne tous les jours sans problème", insiste le douanier, qui compte désormais trois victoires, plus cinq autres podiums sur le circuit.

"Julien est quelqu'un qu'on est obligé d'aimer. Parfois, il a un caractère de cochon, ça fait partie de la performance mais c'est ce qui lui permet d'aller plus loin", estime Gilles Brenier, patron de l'équipe masculine. "Il est aussi très perfectionniste, s'envoie, n'a pas peur. C'est le profil de champion qu'on aimerait bien avoir dans son équipe." (avec AFP)

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