Tout coureur rêve de s'imposer un jour à Kitzbühel, la station la plus mythique de la Coupe du monde de ski alpin, qui se prépare à un long week-end de courses de vendredi à dimanche, en dépit de la grave chute de l'Autrichien Hans Grugger jeudi à l'entraînement de descente.
S'il commence par un super-G vendredi et s'achève par un slalom dimanche, le clou du week-end sera à nouveau la descente de samedi sur la vertigineuse Streif.
Les coureurs n'avaient pas besoin de l'accident de Grugger, le troisième sévère sur cette piste en trois ans, pour avoir la boule au ventre et le cœur qui bat au portillon de départ.
"Ici, ca n'est jamais facile, l'histoire de la piste l'a bien montré. Dans la zone de départ, il y a un peu d'appréhension, plus qu'ailleurs. Cela ne rigole pas", souligne le Français Adrien Théaux.
Avec ses deux minutes de grands frissons garantis, son plongeon final dans l'aire d'arrivée où sont massés des dizaines de spectateurs, la prime de 70.000 euros promise au vainqueur intronisé le soir même dans un pub de la ville, cette descente s'est construit une légende au fil des années pour devenir le point d'orgue de la saison.
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Cette piste si difficile mesure 3312m de longueur avec une pente moyenne de 27% et une pente maximale de 85%, le dénivelé est de 862m avec un départ à 1665m pour une arrivée à 800 m dans la station de Kitzbühel.
Le record de cette piste est détenu par Fritz Strobl depuis 1997 avec un temps de 1'51"58. Le nombre-record de victoires dans la discipline de la descente sur la Streif est détenu par l'autrichien Franz Klammer avec ses 4 victoires en 1975, 1976, 1977 et 1984.
Son compatriote Hermann Maier a gagné une fois la descente, en 2001, mais il est surtout l'incontestable roi du Super-G avec cinq succès (2000, 2001, 2003, 2005, 2006) en neuf éditions.
Par ailleurs, Marc Girardelli et Pirmin Zurbriggen détiennent tous les deux le record de victoires à Kitzbühel, totalisant 7 victoires chacun (1 descente, 3 slaloms et 3 combinés remportés par Girardelli et 3 descentes et 4 combinés gagnés par le suisse Zurbriggen).
Juste derrière ces deux ogres, on retrouve Hermann Maier, vainqueur à six reprises sur la Streif (1 descente, 5 Super-G).
Seuls trois coureurs ont réussi l'exploit du doublé "Descente/Super-G" dans l'histoire : Hermann Maier en 2001, Stephan Eberharter en 2002 (tous deux autrichiens), le troisième étant le suisse Didier Cuche en l'année 2010.
Comme tous les vainqueurs, le Suisse Didier Cuche a déjà sa télécabine à son nom dans la station tyrolienne. Mais il pourrait en avoir quatre, comme le nombre de ses succès sur la Streif, où il avait signé un rare doublé super-G/descente l'an dernier.
"Même si il y a un peu de nervosité quand j'arrive à Kitzbühel, je suis toujours très content parce qu'ici, je n'ai que de bons souvenirs", raconte le champion du monde de super-G.
"Je mens, en fait. La première fois, en 2005, j'avais peur. Au départ de l'entraînement, il avait fallu que je me raisonne pour sortir par la porte avant du portillon et non pas reprendre le télécabine. Même si j'ai perdu 8 secondes et demie, je me suis senti comme un vainqueur en franchissant la ligne", poursuit le Suisse de 36 ans.
Même s'il a été le plus rapide du seul entraînement jeudi, disputé dans des circonstances tragiques en raison de la chute de Grugger, Cuche refuserait presque d'endosser l'étiquette de grand favori.
Pour dompter la Streif, il faut surtout de l'expérience. Ce qu'a Cuche, mais aussi d'autres trentenaires, comme l'Américain Bode Miller ou l'Autrichien Michael Walchhofer, leader de la Coupe du monde de descente.
S'il a gagné deux fois le combiné (addition des temps de la descente de samedi et du slalom de dimanche), l'imprévisible Américain n'a encore pas accroché la descente de Kitzbühel à son palmarès. L'Autrichien, qui a pris un coup dans le larynx mercredi, n'était pas à 100% de ses moyens à l'entraînement.
Klaus Kröll, vainqueur à Wengen samedi, tentera de faire le doublé de ces deux grandes classiques, tandis que le Croate Ivica Kostelic, en patron de la Coupe du monde qu'il est actuellement, sera l'homme à surveiller. Vainqueur de quatre épreuves depuis début janvier, le Croate pourrait bien poursuivre sa razzia en Autriche avec le slalom et le combiné.
Le solide Italien Cristof Innerhofer semble mur pour un nouvel exploit. On l’a déjà vu maitrisé Bormio puis Wengen alors la suite logique c’est la Streif avec un podium en vue pour ce skieur du Haut-Adige.
Streitberger, en pleine boum depuis le début de saison, sera un gros outsider tout comme son compatriote Scheiber. On suivra avec intérêt la performance de Carlo Janka qui n’a encore jamais réussi à dompter cette piste, avec une année d’expérience en plus « Iceman » va-t-il y parvenir ?
A Kitzbühel, les Français n'ont plus brillé en vitesse depuis les années Luc Alphand. Pourtant, David Poisson a le profil pour bien faire sur cette piste qu'il aime et où il avait signé un top 10 il y a deux ans. (avec AFP)
Le programme (en heure locale, même heure française)
Vendredi 21 janvier: super-G 11h30
Samedi 22 janvier: descente 11h30 comptant aussi pour le combiné classique
Dimanche 23 janvier: slalom 1re manche 10h15, 2e manche 13h30
Photos : Agence Zoom