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Une discipline sur le déclin

En 2005, lors de la création du site Ski Biathlon Sports Infos, www.ski-nordique.net, le ski de fond avait le vent en poupe et tenait parfaitement son rôle de sport de glisse N°2 derrière le ski alpin.

La discipline plaisait, elle s'appuyait sur des champions Scandinaves et Russes mais aussi venant des pays Alpins comme l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la République Tchèque, la France et le Canada, un peu.

Pourtant au fil des années l'intérêt pour ce sport va décroître, notamment au moment où Petter Northug, LA star de la discipline, va prendre sa retraite. Evidemment on ne remplace pas si facilement un personnage si charismatique.

Petit à petit, les pays Alpins perdent en densité, en performance, en champions aussi et on se retrouve aujourd'hui avec la Norvège, la Russie et la Suède qui raflent 90% des médailles mondiales et olympiques.

Tout cela avec une marge de plus en plus importante, globalement, sur les autres nations. De plus le ski de fond véhicule aussi une image devenue vieillote avec des formats répétitifs, un calendrier mal construit et la surdomination de certaines et certains athlètes.

Un autre élément va faire beaucoup de mal à la discipline, c'est la montée en puissance du biathlon. Largement derrière il y a quinze ou 20 ans, le biathlon est aujourd'hui largement devant grâce au travail de l'IBU.

Des formats attractifs, évidemment le tir induit un suspense que le ski de fond n'aura jamais, des droits TV centralisés, des évènement qui appartiennent tous à l'IBU, une programmation intelligente, un site internet moderne, des réseaux sociaux qui fonctionnent avec photos, interviews et résumés vidéo, tout ce que la FIS ne fait pas avec le ski de fond.

La gestion du covid, l'absence des Norvégiens, l'annulation de nombreuses courses, notamment en France, a encore plus plombé le ski de fond et la probable interdiction des Russes en compétition, nation phare N°2, pourrait sonner le coup de grâce et transformer la coupe du monde en coupe de Norvège !

Pas étonnant de voir les champions s'alarmer du déclin de la discipline. Johannes Klaebo appele à trouver des solutions, en évoquant la création Teams Privés comme en cyclisme, et Lucas Chanavat, son collègue, est du même avis.

"Chercher des solutions"

Interrogé par le site VG, Lucas Chanavat donne lui aussi quelques pistes pour sauver son sport : 

"Maintenant, le ski de fond ressemble à un sport en voie de disparition. Nous luttons seulement avec quelques pays. C'est un sujet complexe, mais nous devons chercher des solutions même s'il est difficile de trouver les réponses." explique t'il.

Le biathlon fait du bon travail en réalisant des émissions de télévision sympas. Ils ont développé le sport avec de nouveaux formats. Le ski de fond a aussi un grand potentiel, mais nous devons faire des ajustements et essayer de nouvelles choses, même si tout ce que nous essayons ne fonctionnera pas.

Il y a beaucoup de choses qui marchent avec le cyclisme et on peut s'en inspirer. On a déjà matière à discuter entre toutes les nations et voir si les Teams privés pourraient être la solution.

Mais cela dépendra aussi de la façon dont le recrutement est fait. Les Teams devront également aider les plus jeunes et contribuer à leur formation, pas seulement le sommet de la pyramide." ajoute Lucas Chanavat.

Interrogé également, le Britannique Andrew Musgrave, membre d'une équipe sans le sou, se doit lui aussi favorable à la création d'équipe privées.

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Des idées pour sauver la discipline

* Création d'équipe privées comme en cyclisme, comme sur le circuit Ski Classics.

* Centralisation des droits TV, comme pour le biathlon

* La FIS propriétaire de ces évènements

* Refonte totale des calendriers Européens. Supprimer l'OPA Cup, SCAN Cup, EEE Cup, pour lancer une véritable coupe d'Europe (circuit B) valorisée et suivie.

* Installer au moins trois étapes avec des courses longues distances, 30km ou 50km. Une en décembre, une en janvier, une en mars. Créer un Prize Money spécial.

* Réduire la proportion des sprints et proposer plus de poursuites.

* Proposer quelques courses avec un profil très compliqué, de manière à ne pas favoriser toujours le même type de fondeurs.

* Programmer les courses au bon moment, pourquoi pas quelques unes en soirée afin de faire de belles audiences.

* Former des entraineurs pour apporter des connaissances et du savoir faire aux petites nations.

* La FIS doit faire de gros efforts sur la partie numérique et médiatique. Vendre ses champions, présence sur les réseaux sociaux, création de contenus, conférence de presse mise en ligne sur YouTube, etc

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Comme le dit si bien Lucas Chanavat, il faut proposer, discuter et surtout tester au plus vite car si personne ne bouge, que restera t'il dans dix ans ?