Le sauteur de Courchevel fêtera ses 28 ans le 15 janvier prochain , il est le plus expérimenté et les meilleurs des sauteurs tricolores depuis quelques années. Chedal a déjà participé à 150 concours en coupe du monde. Il a obtenu un podium, c’était en décembre dernier à Lillehammer.

Il nous parle de cette grande première au cours de l’interview qu’il nous a gentiment accordé à moins d’un mois du début de saison.

Manu, revenons pour débuter sur la saison dernière avec ta 15e place au général de la coupe du monde qui correspond au meilleur rang de ta carrière.  Tu es certainement satisfait ?

« Oui, le bilan global de la saison de Coupe du Monde est très positif. Il y a eu des hauts et des bas mais dans son ensemble j’ai été au contact des meilleurs et de finir la saison dans le top 15 est une satisfaction, c’est sûr ! »

Tu es aussi monté pour la première fois sur un podium coupe du monde à Lillehammer. Quels sont tes souvenirs sur ce concours ?

« Cela reste bien évidemment un très bon souvenir…Depuis longtemps je rêvais et j’espérais pouvoir monter sur un podium de Coupe du Monde.

Comme je l’ai déjà dit dans une interview précédente on sentait depuis quelques temps que j’avais les armes pour et je pense que la 3ème place à Pragelato lors des GP a été un déclic.

Lors de cette compétition de Lillehammer j’ai réussi à faire 2 sauts pleins dans des conditions qui n’étaient pas évidentes. La 2ème manche était aussi un gros challenge car je me trouvais dans le trio de tête et je m’élançais juste derrière Schlierenzauer et Malysz…

Autant dire qu’il n’était pas question de commencer à calculer quoi que ce soit, il fallait que je fasse mieux qu’eux pour espérer garder ma place sur le podium !! »!

Parlons un peu des JO ou tu termines 13e et 24e, comment tu as vécu cette quinzaine olympique ?

« J’étais heureux de pouvoir y participer à nouveau…cela faisait huit ans (depuis ma 1ère participation à Salt Lake City) que j’attendais ça et c’est long !!!

Malheureusement, tout ne c’est pas déroulé comme je l’espérais. Je m’étais fixé comme objectif deux tops 10 et ça n’a pas été le cas…Malgré cette frustration au niveau du résultat, j’ai essayé d’en profiter au maximum afin de garder une image positive de l’événement. »

Après cet hiver 2010, l’entraineur finlandais de l’équipe de France, décide de quitter son poste. Et toi tu as longuement hésité à poursuivre ta carrière. Etait ce lié à la décision de Pekka Niemelä ou c’était autre chose ?

« Ce n’était pas lié à la décision de Pekka. Je la comprends tout à fait. Je ne peux que être reconnaissant de ce qu’il m’a apporté et du tournant qu’il a donné à ma carrière. Avant son arrivée je me battais pour passer les qualifs et aujourd’hui je reste sur trois belles saison avec des 23, 17 et 15 places au général de la Coupe du Monde…Ensuite, je m’étais fixé comme objectif de participer à cette saison Olympique et de faire un point par la suite afin de voir si je devais poursuivre ma carrière ou non. Après une longue et difficile réflexion j’ai décidé de poursuivre ma carrière une saison supplémentaire. J’ai encore de belles envies et j’espère pouvoir continuer de me rapprocher du top 10 mondial ! »

 Podium

Finalement tu repars pour ta 12e saison en coupe du monde, la motivation pour l’entrainement arrive t’elle aussi facilement que durant les premières années ?

« Déjà douze ans depuis mon 1er départ en Coupe du Monde…Après, ce n’est pas douze saisons complètes…  Au début, je ne faisais que des apparitions ponctuelles.

Je pense que la motivation est encore bien plus présente aujourd’hui qu’elle n’a pu l’être par le passé. Je suis bien plus exigeant avec moi même et aujourd’hui j’ai les meilleurs mondiaux en ligne de mire….Tout se joue sur de petits détails et il ne faut rien laisser au hasard. Cela rend le travail encore plus intéressant ! »

Tu es satisfait de ta préparation estivale ?

« La préparation estivale n’a pas été aussi évidente que ça…Il y a eu 2 changements majeurs dans la réglementation (augmentation du BMI et diminution de la longueur de ski) et je dois dire que ça ne va pas trop dans mon sens mais maintenant c’est à moi de faire en sorte de m’adapter à ce nouveau règlement. A cela il faut aussi ajouter l’arrivé de nouvelles fixations. Beaucoup de changements et d’adaptations techniques pour un été. Malgré un programme de compétitions de plus en plus dense, la saison estivale reste, pour ma part, une période de préparation donc l’objectif est d’être prêt pour l’hiver ! »

Qu’est ce qui a changé dans le travail avec le nouvel entraineur Julien Eybert-Guillon ?

« On n’a pas tout révolutionné. Même si chaque entraineur à ses spécificités au niveau du coaching, de la technique, de la préparation physique la ligne de conduite reste la même. La difficulté pour nous aura été, lors de la préparation estivale, de trouver les bons réglages et d’adapter ma technique aux différents points du règlement qui ont changés. »

On aimerait maintenant connaitre tes objectifs pour la saison prochaine ?

« Lors de la saison prochaine il y a bien entendu les championnats du monde à Oslo mais je ne veux pas en faire un objectif unique. J’aurais à cœur de faire de bons résultats sur la Coupe du Monde en essayant de continuer de me rapprocher du top 10 au général. Il y aura aussi pas mal de compétitions de vol à ski cette saison avec de nouveaux profils pour certain d’entres eux (Vikersund). J’avoue être assez excité à l’idée de sauter des tremplins encore plus gros…Beaucoup de plaisir en perspective ! »

Concernant le saut français, on attend depuis plusieurs années « la relève » mais celle-ci peine à atteindre le plus haut niveau.  Pourquoi ? Qu’est ce qu’il manque à ces jeunes ?

« Je pense que notre plus grosse difficulté est le manque d’effectif…Il y a des jeunes de talent mais il me semble que l’arrivée à maturité se fait plus tard en France que dans certaines grosses nations.
Nous ne bénéficions pas d’une grosse compétition interne donc c’est à chacun d’apprendre à se battre aussi contre soi-même pour avancer et cela demande du temps… »

Photos : Copyright Nordic Focus