Le Suisse Didier Cuche a dominé mercredi à Val d'Isère le super-G des Championnats du monde 2009 de ski alpin, pour remporter à 34 ans la première médaille d'or majeure de sa carrière sur une piste excessivement difficile et verglacée.

 En 1 min 19 sec 41, Cuche, dossard 16, a nettement précédé l'Italien Peter Fill et le Norvégien Aksel Lund Svindal de 99/100 et 1 sec 02.

Dans le combat incessant que proposait la Face de Bellevarde, le Neuchâtelois est parvenu mieux que ses rivaux à mettre en permanence ses skis dans la pente abrupte.

Sur un tracé pour hommes forts, le Romand, en tête aux trois intermédiaires, a exprimé pleinement sa technique, sa puissance et évidemment son expérience.

« La piste était entièrement glacée. Le matériel a joué un rôle important. Il fallait des skis qui accrochaient bien, sinon en bas ce n'était pas possible. Hier (mardi), on a essayé deux sortes de skis et deux sortes de chaussures avec mon +service-man+. Je crois que nous avons fait le bon choix",a expliqué le vainqueur.

Vice-champion olympique de la discipline en 1998 à Nagano, derrière l'Autrichien Hermann Maier, Cuche avait été éliminé quatre ans plus tard aux Jeux de Salt Lake City alors qu'il était nettement en tête après le deuxième chronométrage intermédiaire.

Victime d'un grave accident (ligaments à un genou) il y a quatre ans, le Neuchâtelois avait engagé un long combat pour revenir dans le peloton de tête. Aux Mondiaux-2007 à Äre (Suède), il s'était classé 4e du super-G, un centième derrière son compatriote Bruno Kernen, médaillé de bronze.

Dossard 26, sur une piste déjà marquée, l'Italien Peter Fill, 26 ans, a conquis son premier podium à des Mondiaux ou des JO. Double champion du monde en titre de descente et slalom géant, Svindal a soufflé le bronze, pour cinq centièmes, à un autre Italien, Christof Innerhofer.

L'épreuve a mis en échec le vieux lion autrichien Hermann Maier, relégué à la 18e place à 2 sec 89 du vainqueur, et l'Américain Bode Miller (12e à 2 sec 43).

Gauthier de Tessières, 3e du slalom géant de Coupe du monde en décembre dernier à Val d'Isère, s'est classé 11e avec le dossard 39, à 2 sec 32.

Le vainqueur en bref :

  Taille: 1,74 m

  Poids: 89 kg

  Né le 16 août 1974 au Paquier/Bugnenets (Suisse)

  Nationalité: suisse

  Discipline: ski alpin/descente, super-G et géant

  Palmarès:

  Jeux Olympiques:

  Descente: 8e (1998)

  Super-G: 2e (1998), 10e (2002)

  Géant: 10e (2002)

  Championnats du monde:

  Descente: 6e (2007)

  Super-G: 1er (2009), 4e (2007), 5e (2001), 8e (1999)

  Géant: 3e (2007)

  Coupe du monde:

  Classement général: 3e (2002, 2007, 2008), 5e (2003), 10e (2001)

  Descente: 1er (2007, 2008)

  Super-G: 2e (2002, 2007, 2008), 3e (2003)

  8 victoires (au 01/02/2009), dont 4 descentes, 3 super-G et 1 géant

 

DECLARATIONS :

Peter Fill (ITA, 2e): "Quand j'ai entendu que Cuche était en tête, avec une seconde d'avance sur Svindal et Innerhofer, je me suis dit que ce serait difficile pour la victoire mais qu'il y avait de la marge pour le podium. On a dû patienter à cause d'une chute (l'Allemand Andreas Strodl) et j'ai espéré que le soleil reste en place. Le fait qu'un Italien (Christof Innerhofer), était alors 3e, ça m'a motivé. J'ai trouvé tout de suite le bon rythme et j'ai même pris quelques risques. Cela a été une course très régulière. Je suis content pour mon technicien. Moi, c'était ma première médaille. Lui en a gagné beaucoup" (avec le Norvégien Kjetil Aamodt, le skieur le plus médaillé aux Mondiaux avec 12 médailles, ndlr).

  Aksel Lund Svindal (NOR, 3e): "Didier Cuche a mérité sa victoire. C'était mon grand favori, le parcours était taillé pour lui. Je savais que je pouvais aussi concourir pour le podium. J'ai accompli une bonne première partie de course, mais la fin, sur la glace, a été horrible. Les sapeurs-pompiers qui ont arrosé cette partie ont fait vraiment du bon boulot (sourire). Médaille de bronze, c'est un bon début pour ces Championnats. J'espère 3 médailles. Sur cette piste, aux Jeux de 1992, deux Norvégiens (Aamodt, 1er, et Thorsen, 3e) avaient terminé sur le podium du super-G. Mais ce dont je me souviens le plus, c'est de la victoire en slalom de Finn Jagge".

  Marco Büchel (LIE/7e): "Didier Cuche, c'est un vrai champion. Il a la médaille d'or, je suis très content pour lui. C'est très, très différent de la piste des jeux Olympiques de 1992, elle est très glacée, et je n'ai pas pris vraiment plaisir aujourd'hui comme je l'avais fait il y a 17 ans. Pour la descente de samedi, j'ai un petit peu peur car après 1 min 20, j'étais très, très fatigué. Les dernières 30 secondes sont très éprouvantes pour le corps. Je n'ai jamais vu une piste comme cela."

  Bode Miller (USA/12e): "Je n'ai pas pris trop de risques. C'était difficile car en perpétuelles variations, avec de la neige dure en haut puis de la neige plus accrocheuses les deux portes suivantes, et ensuite de la glace. Une course est supposée être une course, et non un tel combat technique, qui selon moi perd de l'intérêt comme un match de tennis entre deux joueurs de fond de cours. C'est dur de voir qu'en Championnats du monde, ça peut être un facteur aussi décisif. Ca devrait plus offrir la possibilité à chaque skieur de skier au maximum de ses capacités et voir qui gagne. Cuche a skié de manière très conservatrice."

Benjamin Raich (AUT/5e): "C'était un vrai combat. La piste est très difficile, raide et bosselée. Il faut rester propre tout le long, être fluide. J'ai souvent réussi mais j'ai aussi fait des erreurs qui m'ont coûté une médaille. Il faut prendre des risques. Cinquième, ce n'est pas super mais ça va. Il me reste des chances. Et je suis en forme. Cuche (le vainqueur) était fort. Il ne fait aucune erreur."

  Michael Walchhofer (AUT/13e): "Il fallait vraiment bien skier. Ce n'est pas si mal. Mais quand on est aux Championnats du monde, le but c'est la médaille. C'est un super-G qui ressemble à un géant."

Gauthier de Tessières (FRA/11e): "J'adore cette piste. Ca fait maintenant un an qu'on vient faire des entraînements sur la Bellevarde. Moi, je n'avais pas pu faire du super-G sur cette piste, mais je me sens très bien sur le mur du bas, et surtout on se sent très bien dans cette station, nous avons été très bien accueillis, nous avons pu préparer les courses du bon côté. Il y a une énergie super positive. Je sens, que, nous les Français, nous sommes sur la bonne voie. Je pense qu'il fallait des talents de technicien pour bien faire mais surtout il fallait un gros coeur, car cette piste n'est pas comme les autres, elle est un peu mystérieuse, on ne sait jamais trop comment la prendre. Moi, aujourd'hui, j'ai pris beaucoup de plaisir à skier malgré le fait que la neige soit très dure. C'est vraiment une belle journée. C'est sûr qu'avec un petit dossard on pouvait viser le podium. Mais il fallait être réaliste. Viser un Top 15 avec un dossard 39, c'est déjà très, très bon, il faut savoir prendre ce qu'il y a à prendre".

  Adrien Théaux (FRA/21e): "Je m'attendais à faire bien mieux en terme de résultat, je suis très déçu. En haut, je n'ai pas skié comme je sais le faire. Pour les Championnats du monde en France, on s'attend à mieux, il faudra rebondir pour la descente de samedi".

  Pierre-Emmanuel Dalcin (FRA/22e): "J'ai réussi à skier les trois-quarts de la piste mais sur le début du mur, il y avait un gros trou que je n'avais pas vu, ce qui m'a fait descendre ma ligne de 3 m. Derrière, je me suis arrêté, je n'avais plus le rythme sur la fin. C'est bien dommage, car au bout de 55 sec, j'étais à 1 sec du premier. Je n'étais pas dedans pour la médaille, mais un résultat comme Gauthier aurait été très encourageant pour la descente de samedi".