C'est sur la piste "Kandahar" que se sont disputées en février la plus grande partie des épreuves comptant pour les mondiaux 2011 de ski alpin à Garmisch-Partenkirchen.
 

Si pour plusieurs coureurs au départ, le lien avec le berceau des talibans à des milliers de km de là peut sembler mystérieux, les champions des années 50 et 60 connaissent bien l'histoire. Car de leur temps, avant la création de la Coupe du monde en 1967, les "Kandahar" étaient synonymes des grandes courses de l'hiver.
 

A l'origine de l'héritage, se trouve Frederick Roberts, officier de l'armée britannique qui se fit un nom dans les guerres menées par l'empire aux Indes. En tant que commandant, il remporta une grande bataille en 1880 en Afghanistan, à Kandahar, ce qui lui valut quelques années plus tard le titre de "comte Roberts de Kandahar".

Après ses heures de gloire sur les champs de bataille, le général hérita d'un poste de dirigeant du club des sports alpins de Sa Majesté. Il fut ainsi invité à remettre le trophée lors d'une course organisée en 1911 à Crans Montana en Suisse par le pionnier des compétitions de ski, son compatriote Arnold Lunn.

 

Chamonix reprend également le nom « Kandahar »


Arnold Lunn a ensuite repris le nom pour fonder le Kandahar ski-club, et initier entre les deux guerres les courses de l'Arlberg-Kandahar, d'abord à Saint-Anton (Autriche) et à Mürren (Suisse). Après la seconde guerre, Chamonix (France), Sestrières (Italie) et Garmisch rejoignirent le cercle.

 

Ensuite l’histoire est en marche avec les plus grands champions de l’histoire du ski qui s’illustrent chaque année durant ses épreuves.

"Il y avait la course de ski la plus importante dans ma propre ville. Ces grands skieurs étaient mes héros, c'est cela qui m'a donné envie de faire du ski", raconte Karl Schranz, l'un des grands champions autrichiens, originaire de Saint-Anton. "Après les jeux Olympiques et les Championnats du monde, c'étaient les courses les plus importantes."

Comme lui, le Français Guy Périllat est l'un des vainqueurs du "K de diamant", l'insigne remis à ceux qui étaient montés plusieurs fois sur le podium. "En général, le Kandahar, c'était un peu la revanche les années olympiques ou de championnats du monde", se souvient le double médaillé des Jeux d'hiver.

 

Un prestige aujourd’hui insignifiant

A l'époque, rappelle-t-il, il y avait un vainqueur de la descente, un vainqueur du slalom, mais la plus prestigieuse victoire était le combiné, qui totalisait les performances dans les deux épreuves. "Le Kandahar s'est perdu avec l'arrivée de la Coupe du monde, alors que d'autres très vieilles courses, Kitzbühel et Wengen, ont gardé leur prestige", souligne Guy Périllat.
 

L'appellation continue cependant d'inonder la planète du ski alpin. Des Alpes aux Rocheuses, plusieurs stations de sports d'hiver affichent leur piste Kandahar et gardent ainsi un lien intéressant avec l’histoire. (écrit avec AFP)

 

Photo : Agence Zoom